Samedi 14 décembre 2024

Société

Nyabagere : Une veuve perd un procès sans jamais avoir comparu

Nyabagere : Une veuve perd un procès sans jamais avoir comparu
La veuve Euphrasie Bucumi avec tous ses biens matériels éparpillés dans la rue.

Dans le quartier Nyabagere, situé dans la zone urbaine de Gihosha, la maison d’une veuve nommée Euphrasie Bucumi a été détruite par les juges du Tribunal de résidence avec l’autorisation de son président. Pourtant, cette veuve affirme n’avoir jamais comparu devant les juges et a été informée de la perte de son procès de manière abrupte.

Il est midi dans la troisième cellule du quartier Nyabagere de la zone urbaine de Gihosha, en commune Ntahangwa. Chez Euphrasie Bucumi, mère et grand-mère, le choc est palpable. Sous le soleil, des ustensiles de cuisine, des vêtements, des chaises, des matelas et des moustiquaires sont éparpillés à même la rue.

« Les juges du tribunal de résidence de Gihosha sont venus ici sans même me prévenir et ils ont démoli ma maison en disant que c’était sur ordre du Tribunal de grande instance. Je n’étais pas chez moi. Ils étaient accompagnés par le chef du quartier nommé Didace Nibizi. Ils ont jeté mes affaires dehors, puis ont enlevé la toiture de ma maison et sont partis avec les tôles », témoigne madame Bucumi, visiblement sous le choc.

La veuve précise également que deux policiers ont frappé et menotté son dernier fils, et qu’une somme d’argent a été perdue lorsque ses affaires ont été sorties de la maison. « Mon fils a voulu savoir où je me trouvais. Les deux policiers qui accompagnaient la juge l’ont frappé et menotté jusqu’à ce qu’ils terminent la destruction de ma maison et repartent avec mes tôles. Il y avait une somme de 520 000 BIF sous le matelas, envoyée par ma fille qui est à l’étranger pour construire une maison, mais cette somme a été perdue, » ajoute-t-elle.

Madame Bucumi ne cache pas son incompréhension. « Je ne comprends pas comment une personne qui n’a jamais comparu devant la justice peut perdre un procès. C’est ce qui m’est arrivé. J’ai été convoquée, arrivée là-bas, le président du Tribunal de grande instance m’a dit que j’avais perdu le procès ! Récemment, on m’a envoyé des documents à signer, mais j’ai refusé de signer des papiers dont je ne connaissais pas le contenu, » proteste-t-elle.

Selon la veuve, les titres fonciers de sa parcelle ont été falsifiés par le nouveau curé de la paroisse Kamenge il y a deux ans. La parcelle concernée avait été achetée en 2003 par Véronique Barakamfitiye, la mère d’Euphrasie, qui est décédée en 2006 après avoir construit sa maison avec l’aide d’un prêtre missionnaire nommé Thomas. « Ma mère avait 250 000 BIF à l’époque, mais les vendeurs de la parcelle, qui en voulaient 300 000, ont eu pitié de nous, orphelins sans abri, et nous ont vendu la parcelle à ce prix. Ceux qui ont vendu cette parcelle sont toujours vivants et affirment que la parcelle nous appartient bel et bien, » explique Euphrasie.

Désespérée, Bucumi lance un appel au gouvernement et « à ceux qui ont un cœur » pour lui venir en aide : « Il y a eu une injustice envers moi, que l’État m’aide. Je demande même au président de la République de résoudre mon problème. Pour le moment, je dors avec mes orphelins dans la rue alors que j’avais ma propre maison ; que le gouvernement vienne à notre secours. »

Les voisins de madame Bucumi témoignent également de l’injustice subie par la veuve. Marie N. explique : « Je ne sais pas si la justice du Burundi fonctionne ainsi, mais même si une personne est fautive, vous ne pouvez pas entrer chez elle et détruire ses biens sans préavis. Il fallait au moins attendre son retour avant de commencer la destruction. Que justice soit faite pour cette veuve. »

Interrogé sur l’affaire, le président du Tribunal de résidence a répondu qu’il n’avait pas grand-chose à dire à ce propos puisqu’ils avaient exécuté les ordres émanant du Tribunal de grande instance.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. voltaire kaziri

    Mais que vient faire le curé dans cette histoire?
    Pourquoi l editeur de l’article n explique pas clairement le role du curé de la paroisse Kamenge?
    Essayez, (cela est adressé au journal iwacu) de clarifier le role du missionnaire Thomas et le role du curé de la paroisse.
    Esr ce une propriété qui appartenait a la paroisse?

  2. Gacece

    Il y a eu beaucoup de propriétés (maisons et parcelles) qui ont changé de main au cours des années 2002 à 2005 justement parce qu’il y avait des propriétaires illégitimes qui craignaient des poursuites. Même si c’est possible, je doute qu’on puisse vendre à rabais sa maison ou sa propriété par générosité, par solidarité ou par pitié. Les gens qui ont vendu cette propriété à la mère de cette dame pourraient s’être débarrassé parce qu’ils avaient des faux titres de propriété. Il faut vérifier si la dame ne se trompe pas de cible.

    Mais comme je l’ai toujours dit, on ne résout pas un problème en créant un autre : Madame est victime d’une injustice et du vol de son argent. Si la justice était juste, même en cas d’expulsion, on aurait dû lui accorder un délai raisonnable pour se trouver un autre logement. Sauf si elle était introuvable et si elle a été avertie de la date et l’heure de l’exécution du jugement, personne n’aurait dû toucher à ses biens en son absence.

  3. Anonyme

    La jungle et ses lois inhumaines.
    Encore une fois une cruauté commise par la volonté du Représentant de Église Catholique qui nous appelle à y adhérer. La vraie religion s’occupe des veuves et des orphelins. Là, c’est tout le contraire.

    • Didicov

      @anonyme, dans ce conflit j’ai pas lu une seule ligne qui parle d’une partie qui s’appelle Eglise Catholique. Pour le reste, vous avez raté l’occasion de vous taire. C’est la justice qui interprète les lois, pas l’Eglise catholique. Comme n’importe qui, un prêtre peut avoir un différend avec le voisinage, le fait qu’il s’est adressé à la justice ne fait pas de lui une personne mauvaise, condamnable, plutôt, ceux qui ont interprété la loi son responsable des suites du procès.

      • Jean Pierre NDIKUMANA GIAB

        29 Ne laissez aucune mauvaise parole franchir vos lèvres ; ayez au contraire des paroles empreintes de bonté, qui aident les autres à grandir dans la foi selon les besoins. Ainsi elles feront du bien à ceux qui vous entendent.

        30 N’attristez[a] pas le Saint-Esprit de Dieu car, par cet Esprit, Dieu vous a marqués de son sceau comme sa propriété pour le jour de la délivrance finale.

        31 Amertume, irritation, colère, éclats de voix, insultes : faites disparaître tout cela du milieu de vous, ainsi que toute forme de méchanceté.Ephesiens 4:29-31

      • Anonyme

        J’ai juste noté que dans ce dossier, il y a un prêtre bienfaiteur, et un prêtre qui a falsifié les documents. Si un prêtre représente son Église uniquement à l’Eglise, et qu’il représente les ténèbres juste à la sortie de l’Eglise, je te comprends parfaitement.

    • A

      Un prêtre bienfaiteur Oui! Mais un prêtre qui a falcifié non! La falcification des documents est l’un des outils de la recherche de vaincre le procès de la veuve! On ne sait pas si c’est la réalité ou non. Autre chose à savoir: le patrimoine de l’Eglise catholique n’est pas un trésor d’un prêtre mais de l’Eglise même. Et les titres de l’Eglise sont conservés par l’Eglise mais pas le prêtre. Il y a la succession qui assure la gestion du patrimoine de l’Eglise. D’où alors il faut éviter ces genres de commentaires qui soutiennent un partie avec l’usage de sentiments mais pas de justice. Laisser la justice faire son travail.

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