Lundi 29 avril 2024

Économie

Nouvelle hausse du prix du café : les caféiculteurs restent insatisfaits

05/04/2024 Commentaires fermés sur Nouvelle hausse du prix du café : les caféiculteurs restent insatisfaits
Nouvelle hausse du prix du café : les caféiculteurs restent insatisfaits
« Franchement, mes caféiers ne me donnent pas grand-chose »

Lors du Conseil des ministres du 20 mars 2024, le gouvernement a fixé le prix d’un kg de café cerise à 1.380BIF pour la campagne 2024. Une hausse de 180BIF par rapport à la campagne précédente. « Insuffisante », se lamentent les caféiculteurs.

« C’est vraiment très décourageant pour les caféiculteurs. On n’est pas du tout satisfait. Parce que le café est une culture industrielle, très exigeante en termes d’entretien », réagit Adelaïde Ntegamaherezo, représentante provinciale de la Confédération Nationale des Associations des Caféiculteurs du Burundi (CNAC Murima w’Isangi) à Kayanza.

Elle signale d’ailleurs, que contrairement aux cultures vivrières, les caféiculteurs ne récoltent pas chaque année. « On peut passer deux, trois ans sans moissonner. Mais, l’entretien doit être fait ».

Elle dit ne pas comprendre comment le prix d’une culture industrielle, vendue en devises, soit en dessous du prix du maïs, du haricot. Et de rappeler que le prix d’un kilogramme de maïs est à 1.700BIF.

« Vraiment, les caféiculteurs sont frustrés. Sans doute que beaucoup de gens vont déraciner les caféiers pour y cultiver du maïs ou du haricot, etc. En tout cas, nous allons avoir ce problème », prévient-t-elle.

Selon Mme Ntegamaherezo, pour intéresser les caféiculteurs, le gouvernement devrait au moins aller jusqu’à 2.000BIF/kg de café cerise.

Contacté, un caféiculteur de Gatara dans la province de Kayanza ne cache pas sa frustration : « C’est vraiment une honte. Actuellement, un prix d’1kg de haricot peut aller jusqu’à 4.000BIF. Et voilà, l’argent qu’on donne aux producteurs d’un produit qui est vendu en devises. C’est vraiment décevant. On ne nous donne que des miettes ».

Même lamentation chez Venant Muhoro, un caféiculteur de Bubanza : « Vu les moyens utilisés pour avoir un kg de café cerise, la somme de 1.380 BIF n’est pas vraiment satisfaisante. Que l’Etat fasse un effort pour aller au moins jusqu’à 2.000BIF ».

Cet ex-président de la Fédération Muco w’Ikawa trouve qu’il est inconcevable que le prix d’une culture industrielle, qui apporte des devises au pays soit inférieur à celui des cultures vivrières comme le maïs, le haricot, etc.

Il propose à l’Etat de subventionner la filière café. Avant le réengagement de l’Etat dans la filière café, la fédération Muco w’Ikawa comprenait les caféiculteurs des Mirwa.

Un léger mieux mais…

Pour sa part, Mélance Hakizimana, un grand caféiculteur de la colline Musama, zone Kabanga, commune Giheta province Gitega, c’est une avancée.
« En tout cas, chaque fois qu’il y a une augmentation, petite soit-elle, il faut s’en réjouir. C’est un léger mieux », réagit ce responsable de la coopérative caféicole Mboneramiryango.

Néanmoins, vus les efforts fournis pour entretenir les caféiers, la cherté des produits phytosanitaires, des fertilisants, etc…, l’Etat devrait aller au moins jusqu’à 1.800BIF.

« Détrompez-vous. Les caféiculteurs ne sont pas aussi dupes. Ils savent comment comptabiliser, faire des calculs. Sûrement, qu’ils vont réagir d’une façon ou d’une autre », prévient-il.

Chez la représentation centrale de la Cnac Murima w’Isangi, la satisfaction n’est pas aussi totale. « Il y a trois ans, nous avions demandé que le prix d’un kg de café cerise soit fixé au moins à 2.000BIF. Mais, disons merci pour cette légère augmentation », confie Jean-Pierre Ntabomenyereye, son président.

Pour lui, l’essentiel réside dans l’augmentation de la production. En effet, explique-t-il, la hausse des prix et l’augmentation de la production vont de pair. « Seulement, cela fait pour la troisième fois qu’on revoit à la hausse le prix d’un kg de café cerise. Néanmoins, la production a continué de chuter. Pourquoi ? »

Pour lui, pour sauver cette filière, le gouvernement, qui vient d’avoir une promesse d’appui pour relever ce secteur, devait réintroduire l’encadrement de proximité, mettre des moyens dans ce secteur et travailler avec les coopératives des caféiculteurs.

Pour rappel, pour la campagne 2022, le prix d’un kg de café cerise a été fixé à 850BIF tandis qu’en 2023, il a été revu à la hausse jusqu’à 1.200BIF.

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