Vendredi 26 avril 2024

Politique

Le souvenir du maquis est toujours vivant

26/11/2018 Commentaires fermés sur Le souvenir du maquis est toujours vivant
Le souvenir du maquis est toujours vivant
La semaine du combattant célébrée à Buheka.

Le parti Cndd-Fdd a clos sa séquence mémorielle du combattant à Buheka, en province Makamba. Une cérémonie riche en discours et en insolites.

« C’est un peu comme retourner sur les lieux du crime, sauf qu’ici nous avons été plus victimes que bourreaux ». Ici, c’est la colline Buheka à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la commune Nyanza-Lac, de la province Makamba.

« Un lieu symbolique, » vont répéter les dignitaires du parti Cndd-Fdd, à commencer par le secrétaire général du parti.

Il y a plus de quinze ans, cette plaine est un des bastions du groupe rebelle. La population est acquise à la cause et cache dans leurs maisons ces hommes armés. Sauf que Bujumbura va le savoir aussi et envoyer un renfort de militaires. La bataille sera sanglante. Plusieurs morts du côté rebelle. « Si on s’était découragé à l’époque, devant la perte de nos valeureux guerriers, on ne serait pas là en ce moment, » indique le présent Evariste Ndayishimiye.

15 ans après le cessez-le-feu du 16 novembre 2003, le mouvement rebelle d’alors est le parti au pouvoir. Depuis 2005, les rebelles sont devenus président de la République, ministres, députés, généraux, hommes d’affaires, etc. Aujourd’hui, ils tiennent les rênes du pays. « Mais il ne faut pas qu’on oublie qu’on vient de loin, » rappelle le guide suprême du Cndd-Fdd, le président Pierre Nkurunziza.

Les membres du parti Cndd-Fdd sont venus de tous les coins du pays pour célébrer la fin de la semaine dédiée au combattant. Buheka s’est parée de sa plus belle robe. Les routes ont été refaites, les nids de poule recouverts, les grandes tentes, décorées aux couleurs nationales aménagées. Une petite pluie a arrosé le sol. Les policiers et les militaires postés à chaque coin des rues depuis Nyanza-Lac font le guet. Ce serait tragique de revivre ce qu’ils ont vécu à Buheka…

Les discours

Le secrétaire général du parti ‘Le général Evariste Ndayishimiye, alias Neva’, devenu patron du parti Cndd-Fdd s’est lancé dans un véritable discours aux allures de campagne. Il a peint ce que sera le cheval de bataille de la campagne des élections de 2020 : place au développement du pays. Fini de fermer les yeux sur la corruption, les détournements de fonds et les malversations. L’ennemi du pays n’est plus la Belgique, l’Occident, ni même la haine ethnique. Evariste Ndayishimiye a ciblé le seul et l’unique : « La pauvreté ». Les Bagumyabanga (ceux qui gardent le secret), membres du parti, ne doivent plus garder le secret de ceux qui volent le pays. « Il faut les dénoncer pour que le pays avance. » Le Burundi doit améliorer les secteurs de la Santé, l’éducation, l’environnement, les finances. « Et les Bagumyabanga doivent prendre les devants pour développer le pays. » Le président de la République, guide suprême du parti « Permettez-moi d’insister sur le contraire de valeureux guerriers, les traîtres». La mise en garde du président Nkurunziza est claire. Le traître est celui qui ne respecte pas les décisions du roi et du président de la République. Celui qui trahit le président trahit également le pays et le peuple. « Ceux qui l’ont fait subissent l’exil au loin de leur pays. » Son discours se veut aussi nationaliste. Rappeler l’histoire du pays et de ses valeureux guerriers. Bien avant le combattant Cndd-Fdd. A l’image de des rois comme Ntare Rushatsi, Ntare Rugamba et Mwezi Gisabo. Les héros de l’indépendance et de la démocratie, le prince Louis Rwagasore et Melchior Ndadaye. « Tous se sont sacrifiés avant vous dans des conditions souvent plus difficiles que les nôtres aujourd’hui. »

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Buhuta, Behind the scene

La présence des enfants Les enfants d’à peine une dizaine d’années étaient présents. Avec leurs frères et sœurs plus âgés, ils ont égayé les festivités à pas de danse et de chants bien préparés. Des enfants ont scandé des slogans va-t’en guerre. ‘’Tuzobasongako’’, ‘’Hongora injavyi’’ (‘’Nous allons les pourchasser’’, ‘’Nous allons leur arracher les dents’’). Un langage loin de faire l’unanimité. Certains pensent que des enfants doivent être éduqués avec plus de tolérance et de non-violence. De la nourriture de maquis qui créent des envieux Les cérémonies se sont clôturées par un partage de repas. Un buffet avec de la nourriture de maquis. Maïs, patate douce, colocase, igname, viandes… les invités se sont servis à volonté. « En mangeant cette nourriture, ayez l’humilité de vous rappeler la vie difficile du maquis pour ne pas avoir la grosse tête, » a rappelé Pierre Nkurunziza avant le déjeuner. La population des environs venue assister à la cérémonie regardait avec envie les membres du Cndd-Fdd. Impossible de se mêler à eux : les militaires et les policiers veillaient. « Là, ils disent que c’est une nourriture des temps difficiles et certains d’entre nous ne parviennent pas à en trouver, » s’est exclamée une femme. Un membre de la société civile ainsi qu’un prélat chantent l’hymne du parti Lorsque l’air de l’hymne du parti Cndd-Fdd se fait entendre à Buheka, c’est solennellement que certains invités chantent en chœur avec les membres du parti. Il s’agit notamment du président de l'Observatoire national des élections, Onelop et en même temps membre de la Cnidh ainsi qu’un prélat. Des Imbonerakure amassés dans des camions Fuso « Il faut être prudent, un accident est vite arrivé, » s’inquiète une Mukenyerarugamba sur les lieux. Des camions transportent des centaines de jeunes affiliés au parti Cndd-Fdd venus participer aux festivités. « Gare aux claustrophobes qui risquent un malaise dans ces conditions ».

Editorial de la semaine

Le Burundi confronté à une question de survie

Quatre enfants sont morts dans l’ effondrement d’une maison dans la zone Ntamba, commune Musigati, un enfant de trois ans est mort, plus de 300 maisons détruites  après un éboulement sur la colline Gabaniro, commune Muhuta, plus de cinq cents (…)

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