Une conférence nationale s’est tenue ce mardi 11 novembre 2025 à Bujumbura pour marquer le 25ème anniversaire de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur « les Femmes, la Paix et la Sécurité ». Organisée par le ministère de la Justice, des Droits de la personne humaine et du Genre, avec l’appui de l’Ambassade d’Allemagne et en partenariat avec ONU Femmes, cette rencontre a réuni de nombreuses personnalités politiques, diplomatiques et des représentantes d’organisations féminines.
Dans son discours d’ouverture, Rosalie Nahishakiye, Secrétaire Permanente au ministère de la Justice des Droits de la Personne Humaine et du Genre a rappelé que « la célébration des 25 années de la Résolution 1325 est un moment fort pour s’autoévaluer, planifier et avancer vers une société où les femmes économiquement autonomes participent à la consolidation de la paix, à la prévention des conflits et à la protection contre toutes formes de violences faites aux femmes et aux filles ». Elle a réaffirmé l’engagement du gouvernement à renforcer la mise en œuvre durable de la Résolution 1325 pour consolider les progrès déjà accomplis.
De son côté, Carsten Hölscher, Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne au Burundi, a souligné que « l’agenda Femmes, Paix et Sécurité a pour objectif de créer des sociétés pacifiques et stables en promouvant les droits humains des femmes et l’égalité des sexes ».
Selon lui, l’Allemagne considère la mise en œuvre de cet agenda comme une priorité politique essentielle pour la prévention des crises et le multilatéralisme. Cependant, il a reconnu que ce processus connaît une phase difficile, marquée par la diminution des financements et le désengagement de certains États membres clés de l’ONU.
Malgré ce contexte, le diplomate allemand a exprimé des motifs d’espoir, notamment dans le domaine de la justice et de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, où des progrès significatifs sont observés. Il a réaffirmé l’engagement de son pays à soutenir les organisations dirigées par des femmes dans les zones de conflit à travers le « Fonds pour la paix et l’action humanitaire des femmes ».
Le Burundi parmi les pays modèles

La représentante d’ONU Femmes au Burundi, Clara Mah Anyangwe, a rappelé que « vingt-cinq ans après son adoption, la Résolution 1325 demeure un engagement collectif : celui de veiller à ce que les femmes, partout, soient protégées, écoutées, représentées et soutenues dans la construction des sociétés plus pacifiques, plus justes et plus résilientes ».
Elle a souligné que le Burundi participe activement à cette dynamique mondiale, les femmes ayant contribué aux processus de paix et obtenu un quota constitutionnel de 30 % dans les instances décisionnelles.
Elle a également salué les avancées réalisées, notamment l’élaboration du troisième Plan d’Action National (2022-2027) sur la mise en œuvre de la Résolution 1325, faisant du Burundi l’un des trois premiers pays africains à atteindre ce niveau. « Nous félicitons le Burundi pour ces progrès, témoignage d’une appropriation nationale exemplaire », a-t-elle déclaré, tout en soulignant les avancées dans les quatre piliers de la résolution : prévention, participation, protection et relèvement économique.
Le Burundi a, en effet, mis en place plusieurs instruments juridiques et politiques favorisant la promotion des droits des femmes. Parmi eux, la Constitution qui consacre la participation des femmes à la gestion des affaires publiques, la Politique nationale Genre 2012-2025, la Stratégie nationale de participation effective des femmes (2023-2030), ainsi que le Plan stratégique de lutte contre les violences basées sur le genre (2024-2030). Des structures spécifiques ont également été créées.
Le gouvernement s’est aussi engagé dans le renforcement du pouvoir économique des femmes à travers la création de la Banque d’Investissement et de Développement pour les Femmes (BIDF), facilitant leur accès aux microcrédits, et de la Banque d’Investissement pour les Jeunes (BIJE), qui finance des projets initiés par les jeunes, y compris les jeunes filles.
Dans le secteur de la sécurité, le gouvernement a encouragé la participation des femmes dans les corps de défense et de sécurité. En matière d’éducation, la scolarisation des filles demeure une priorité, avec une attention particulière portée à leur orientation vers les filières techniques et professionnelles.
Rosalie Nahishakiye a reconnu que, malgré les avancées, les femmes burundaises font encore face à de nombreux obstacles, notamment la faible représentativité dans les instances décisionnelles et l’accès limité aux ressources économiques.
Les femmes, piliers de la cohésion sociale et du développement
La conférence a également donné la parole à plusieurs femmes leaders venues des différentes provinces du pays. Elles ont partagé leurs expériences en matière de prévention des conflits, de cohésion sociale et de résilience économique.
Un panel multipartite, réunissant notamment le ministère de la Défense, celui de la Sécurité publique, le Forum régional des femmes, ONU Femmes et l’Association des femmes rapatriées du Burundi a mis en lumière le rôle des femmes dans la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le relèvement économique afin de contribuer au développement durable et inclusive de la société burundaise.
La présidente du Forum régional des femmes de la CIRGL, Dr Sabine Ntakarutimana, a rappelé que malgré des progrès notables au Burundi, la participation féminine reste faible dans plusieurs pays membres de la région, souvent en raison du manque de financement et des contextes sécuritaires instables.
Trois recommandations phares
- Mener les actions de localisation de la R1325 pour sa mise en œuvre efficace selon le contexte socio-économique et politique actuel.
- Adopter et/ou renforcer les lois lacunaires favorisant la promotion et la protection des droits des femmes et des filles.
- Respecter, renforcer et étendre le quota de participation des femmes dans les postes de décision, dans les postes techniques et dans les missions de maintien de la Paix.



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