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L’abbé Adrien Ntabona présente sa réflexion sur la Justice de transition

05/05/2013 Commentaires fermés sur L’abbé Adrien Ntabona présente sa réflexion sur la Justice de transition

{Dimensions d’une Justice transitionnelle à base de thérapies au Burundi}, tel est le titre de ce livre présenté mardi le 12 décembre 2012 dans sa paroisse Esprit de Sagesse à Mutanga Sud.

<doc6395|right>Entre le projet de loi régissant la CVR, décrié par la société civile, mais déjà transmis à l’Assemblée nationale pour analyse et adoption et la sortie de sa dernière publication, l’abbé Ntabona y voit « une coïncidence heureuse ».
Le directeur du CRID (Centre de Recherche pour l’inculturation et le Développement) appelle les députés à réfléchir deux fois avant d’adopter ces textes sur la CVR : « Il ne faudrait pas amnistier les crimes {inamnistiables}. Il faut faire le distinguo entre le mal et la malfaiteur, s’entendre sur la vraie nature du mal burundais et réserver une place à la société civile dans ces mécanismes de Justice transitionnelle qui doit les accompagner et les compléter ».

Ce n’est pas tout, car l’abbé insiste sur l’exploitation de la justice restauratrice des Bashingantahe, la reconnaissance des torts, l’écoute et la compréhension de l’autre du dedans. Selon lui, le pardon n’est valable que quand il est demandé et suivi d’une réparation: « Le pardon folklorique n’en est pas un. On pardonne pour devenir un partenaire ». Pour l’Abbé Ntabona, une valorisation de la personne humaine et non du groupe ou du ghetto ethnique, s’impose.

Les Burundais sont devenus manichéens

Le Burundi, explique le directeur du CRID, est dans des crises à répétition, depuis ses 50 ans d’indépendance, il n’a connu que des massacres et des contre-massacres, entraînant des blessures profondes aux répercussions désastreuses : « Il y a eu à un certain moment absence de l’Etat et l’innommable a été commis », fait savoir l’auteur. Il a fallu des négociations d’Arusha pour aboutir à des accords avec la facilitation des présidents Nyerere et Mandela qui, rappelle-t-il, a forcé l’admiration du monde entier en refusant de haïr ses persécuteurs : « Sur les pas de ce héros de la victoire de soi sur soi, la classe politique burundaise a décidé de mettre sur pied la CVR en y ajoutant le Tribunal Spécial pour le Burundi », rappelle l’Abbé Ntabona.

D’après lui, comme dans toute société prisonnière d’une longue et forte crise, les Burundais sont devenus manichéens en mettant la vérité totale d’un seul côté et l’erreur irrémédiable de l’autre : « Il s’est produit des ethnocentrismes totalitaires et génocidaires dont nous devons sortir en nous soumettant à des thérapies réelles sans faux fuyants, sans escapades, sans raccourcis pour tourner définitivement la page », insiste-t-il.

« On est tombé très bas, on a besoin de tremplins forts »

Selon lui, les Burundais sont tombées dans une sorte de jungle infectée par des idées qui tuent, parce qu’essentiellement fausses. L’Abbé Adrien Ntabona cite à ce propos Albert camus: « Les idées fausses finissent toujours dans le sang mais c’est souvent celui des autres ».
Selon le Directeur du CRID, le problème, « c’est qu’il ne s’agit pas de simples idées fausses mais des idéologies partagées, plus vécues qu’analysées, qui ont prouvé leur force de nuisance, au point de permettre à la conscience de tolérer le passage aux massacres, voire aux génocides, allègrement assumés comme pour l’accomplissement d’un acte éminemment héroïque ».
D’après l’abbé Adrien Ntabona, face à de telles idéologies mobilisatrices jusqu’au fanatisme, les conseils moraux ne suffisent pas, les blessures sont trop profondes. Il faut refaire le système des valeurs, démantelées par les ethnocentrismes totalitaires responsables de la fragmentation, voire de la destruction des consciences.

Pour cet ancien président du Conseil des Bashingantahe, dépasser les totalitarismes des groupes ou les crises identitaires en tournant le dos au manichéisme est possible : « Il faut s’habituer à s’impliquer soi-même et même à s’accuser, au lieu d’accuser les autres ». Selon lui, la Justice transitionnelle officielle, ne pourra pas aller si loin, « or il faut aller loin, dans la conscience, dans la culture et dans l’éthique ».

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