Jeudi 20 novembre 2025

Économie

La facturation électronique, un cauchemar pour les commerçants

20/11/2025 0
La facturation électronique, un cauchemar pour les commerçants
Un outil de facturation électronique

Dans le cadre de la loi budgétaire 2022-2023, l’Office burundais des recettes (OBR) cherche à moderniser le système de collecte des recettes publiques, à travers les machines à facturation électronique. Cette réforme vise à garantir que toutes les recettes soient collectées et reversées au Trésor public. Pourtant, sur le terrain, certains commerçants demeurent réticents pour plusieurs raisons.

« Nous ne refusons pas d’utiliser cette machine, mais il faut que ça soit pour tout le monde. Il y a des gens qui sont presque intouchables, que l’OBR n’ose pas contrôler », confie un commerçant. Sous anonymat, il estime que des séances de sensibilisation supplémentaires sont nécessaires. « Cela permettrait aux commerçants d’en comprendre le bien-fondé. »

Il critique aussi la manière dont les recettes sont utilisées. « Nous payons les impôts et les taxes. Mais, cela n’empêche pas que dans nos quartiers, il n’y ait pas d’eau, de courant électrique. Nous voulons les retombées de ces impôts. »

Il s’insurge également contre l’état des routes. « Regardez nos routes. Elles sont délabrées. Pourtant, tous les véhicules paient des taxes. Où va cet argent ? Est-ce qu’en utilisant ces machines, cet argent ira vraiment dans la caisse de l’État ? Si c’était bien géré, sur le terrain, il y aurait déjà des réalisations palpables. »

P.G., commerçant, attire l’attention sur le coût de l’appareil et les prix variables des produits selon les saisons. « L’appareil est cher. Et, parfois nos articles sont déclarés à un prix bien déterminé. Mais, comme il y a des produits qui se vendent selon les saisons, les prix de vente peuvent augmenter ou baisser. Pourtant, l’OBR calcule les impôts selon les prix déclarés. Ce qui peut occasionner des pertes. »

Garantir la transparence et la sécurité

Pour Stany Ngendakumana, porte-parole de l’OBR, la facturation électronique est un outil indispensable pour garantir la transparence et la sécurité. « Cette réforme modernise le système de collecte pour que toutes les recettes soient reversées au Trésor public. Elle permet de suivre toutes les opérations des contribuables et d’éviter les divergences dans les déclarations. »

Selon lui, les documents papier étant souvent perdus ou détériorés, l’outil électronique sécurise les transactions et limite le risque de corruption.
Concernant le coût de la machine estimé à 1,5 million de francs burundais, M. Ngendakumana relativise. « Les contribuables concernés sont ceux qui réalisent un chiffre d’affaires de plus de 25 millions par an. Ils encaissent environ 70 000 FBu par jour et possèdent souvent des véhicules ou locaux valant plusieurs millions. Comparée à ces investissements, la machine n’est pas chère. »

Il rappelle que le paiement peut se faire par tranches et que le système prend en compte les prix d’achat et de vente dans le calcul des impôts. « Si un commerçant vend à perte, il ne paiera rien. Ceux qui se plaignent ne maîtrisent pas le système. »
Le porte-parole invite à dénoncer les grossistes qui ne délivrent pas de factures électroniques en appelant au 71 450 450 ou au numéro de centre d’appel 500. « Si un commerçant est intercepté sans facture, c’est lui qui est sanctionné. Le grossiste échappe souvent faute de trace. Les dénonciations sont encouragées, avec une prime de 10 % sur les montants récupérés. »

Enfin, il précise que l’OBR se limite à la collecte des recettes. « Les impôts financent les infrastructures, les salaires des fonctionnaires de l’Etat. Avant la création de l’OBR, 300 milliards rentraient au Trésor public ; aujourd’hui, c’est plus de 2 000 milliards. »

Pour lui, la responsabilité citoyenne reste essentielle. « Il faut d’abord s’acquitter de ses obligations fiscales pour que le pays avance. »

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Le carburant coule comme mes larmes…

Oublions le récent savon public passé à un militant de la bonne gouvernance, devenu viral, et revenons à nos moutons : notre quotidien, celui des automobilistes et leurs interminables files d’attente devant les stations-service, organisées selon le dernier chiffre de (…)

Online Users

Total 2 314 users online