Vendredi 24 octobre 2025

Editorial

La démocratie s’écrit à l’encre indélébile

24/10/2025 0
La démocratie s’écrit à l’encre indélébile

Sur toutes les urnes de plus en plus translucides, voire opaques,

aux scellés desserrés, douteux.

Sur tous les bulletins de vote vierges, prétendument immaculés.

Sur tous les isoloirs-confessionnaux de plus en plus indiscrets.

Sur toutes les cartes d’électeurs délivrées, et celles, égarées,

je vais ajouter ton nom à l’encre indélébile.

Sur toutes les plaintes recevables ou irrecevables,

mais envoyées à qui de droit, rejetées et criées au monde entier.

Sur tous les bureaux et centres de vote —

le vrai acte citoyen non usurpé, inclusif —

libre, transparent, et non ce vote à la va-vite.

Sur tous les serments des agents électoraux,

des mandataires des partis politiques, des scrutateurs,

sur les gilets des observateurs pressés ou chassés,

je vais rappeler, écrire en gras ton nom.

Sur toutes les lois fondamentales,

les règlements d’ordre intérieur revus

et autres codes encodés à décoder.

Sur tous les espaces publics rétrécis,

envahis de peur, de chiendent et d’orties.

Sur toutes les places de l’indépendance désacralisées,

à redorer, à reconquérir,

je vais placarder ton nom.

Sur tous les panneaux de signalisation,

croulants ou encore debout.

Sur tous les panneaux publicitaires trompeurs.

Sur toutes les avenues, toutes les rues et ruelles devenues muettes,

témoins de sanglots et de complaintes —

ou qui sait, de joie, de confidences, de fous rires.

Sur tous les édifices et toutes les maisons,

hantées ou pas, donnant sur ces artères principales,

je vais inscrire ton nom.

Sur toutes les statues de nos héros au regard hagard, figé.

Sur chacun de leurs piédestaux écrasés

par le poids d’une histoire sombre, douloureuse.

Sur toutes les tombes de nos martyrs.

Sur tous les monuments, vestiges d’un passé de combat et de souffrance.

Sur tous les portails de chaque palais du peuple ou des rois.

Sur chaque entrée des permanences des partis pris en otage.

Sur toutes les esplanades des palais des congrès —

de conciliabules, de marchandages,

de marchés de gré à gré ou de dupes —

je vais graver ton nom.

Sur chaque caillou servant de pierre tombale

à nos héros tombés sur tous les champs d’honneur déshonorés,

pour des causes trahies.

Sur toutes les sépultures anonymes,

sur toutes les croix noires.

Sur tous les murs des églises vendeuses d’espoirs déçus.

Sur toutes les mosquées aux minarets plaintifs,

psalmodiant des prières peinant à s’élever vers les cieux,

je vais graver ton nom.

Sur tous les murs des écoles et des universités,

fabriques de chômage et d’intellectuels déçus, désarçonnés.

Sur tous les manuels scolaires raturés, à revoir, à repenser.

Sur toutes les bibliothèques, sur tous les rayonnages,

je vais marquer ton nom.

Sur tous les pansements des plaies encore ouvertes.

Sur tous les plâtres des multiples fractures.

Sur toutes les cicatrices laissées par des années de lutte.

Sur chaque page de victoire arrachée de haute lutte,

sur chaque papier moisi des accords écrits en lettres de sang.

Sur tous les brouillons des discours

parlant de lendemains meilleurs, de futurs radieux

ignorant la galère du présent,

je vais ajouter ton nom.

Je vais crier ton nom, Démocratie,

avant que les navires négriers de la démocrature

et autres oiseaux de proie ne déferlent,

emportant tout sur leur passage.

Sur tous nos drapeaux flottant au gré des vents du changement,

sur les partitions de nos hymnes vantant les hauts faits,

esquissant nos aspirations,

j’en appelle à inscrire ce mot : Démocratie

— la vraie, l’authentique,

celle qui prône l’État de droit, la bonne gouvernance,

la tolérance, le respect des droits humains,

des minorités, de l’opposition.

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