Lundi 17 juin 2024

Editorial

La Crédibilité de la Ceni en Jeu

24/05/2024 5

Le train des élections de 2025 (communales et législatives) et de 2027 (présidentielles) est déjà en marche. La Commission Électorale Nationale Indépendante (Ceni) se dit à l’œuvre. Depuis février, elle a déjà mené plusieurs activités. Le nouveau Code Électoral a été adopté par les deux chambres du Parlement. Il ne reste que sa promulgation.

Cependant, pour certains acteurs politiques et de la société civile, le train risque malheureusement de dérailler. Selon eux, ce dernier est mal parti, mal engagé. Dès l’approbation de la Ceni en décembre 2023, des voix se sont élevées pour dénoncer le caractère exclusif de la Commission. Selon certaines opinions, les personnes nommées à cette tâche très délicate ne représentent pas toutes les sensibilités politiques et sociales du pays.

Par Léandre Sikuyavuga
Directeur du groupe de presse Iwacu

« L’approbation des candidats à la Ceni témoigne d’une désignation unilatérale et monocolore qui perpétue la politique d’exclusion du Cndd-Fdd. Une démarche qui marginalise la diversité politique au Burundi », dénonce le parti Sahwanya-Frodebu. D’autres ont critiqué « la non-reconnaissance des acteurs politiques comme partenaires dans le processus électoral. »

Le Code Électoral, récemment adopté par le Parlement en vue de « l’harmoniser avec la loi portant détermination et délimitation des provinces, des communes, des zones, des collines et/ou des quartiers de la République du Burundi, ainsi que pour tenir compte des recommandations issues de l’évaluation du processus électoral de 2020 », est sous les feux des critiques.

Certains acteurs politiques et de la société civile fustigent un Code Électoral préparé en solo.
« C’est une grande désolation pour les partis politiques. Nous avons fait des propositions pour améliorer le processus électoral et créer un Code Électoral qui intègre tout le monde et qui inspire un changement. Malheureusement, le nouveau Code est de loin pire que les anciens codes électoraux », a réagi le président du parti Ranac.

Dans une interview exclusive avec Iwacu, le professeur Julien Nimubona n’y va pas par quatre chemins : « Le Code Électoral qui encadre tout le processus électoral a été conduit de bout en bout jusqu’à l’Assemblée nationale par un petit comité désigné par le parti au pouvoir, en collaboration avec le ministre de l’Intérieur. »

Les élections constituent les principaux piliers de la démocratie et sont devenues le moyen de légitimation des institutions de gouvernance généralement acceptées. Elles doivent, dans ce cas, inspirer confiance par une gestion transparente et équitable de la compétition électorale tout au long du processus.

Pour cela, les réformes électorales les plus démocratiques sont faites après un dialogue avec les différents partis politiques et les organisations de la société civile. Bref, elles nécessitent une consultation la plus large possible avec les acteurs socio-politiques du pays. Les dés sont déjà jetés. Que faire ?

La balle est dans le camp de tous les intervenants : partis politiques, société civile, confessions religieuses, médias, intellectuels, etc. Que chacun joue de son instrument, pourvu qu’il joue la même musique menant à des élections libres, transparentes, inclusives et surtout apaisées. La Ceni, censée être la vigie de la démocratie, est appelée à être un bon arbitre du jeu électoral, à garder la flamme de la démocratie allumée. Elle joue sa crédibilité.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. Kabagambe Richard

    M. Ntahorwamiye était le porte-parole de la Ceni sous la présidence de M. Ndayicariye. On sait ce qui s’est passé. Qu’a-t-il fait? C’est le statuquo …

  2. Jean Pierre Hakizimana

    je commence à croire que peut être que la démocratie du type vote universelle n’est pas appropriée pour les pays dites  » Low human capital & low human development Index ».

    Avant que vous me sautiez dessus avec toutes les injures, posez vous ces quelques questions:

    1-Supposons que les elections ne sont pas truquees au Burundi, comment peut on expliquer la re-élection de ces pilleurs de la CNDD-FDD?
    2-Comment expliquez vous que l’on a un congrès qui fait absolument rien pour arrêter la faillite du pays?
    3-Et le Sénat, il fait quoi exactement?
    4-Plus important, si le pays est en faillite, si les gens souffrent, comment expliquez vous que jamais on voit les Burundais dans la rue en train de manifester pour demander mieux!

    Depuis que le Burundi a pris cet aventure de la démocratie importée (forcée par l’Europe), le pays est parti vers l’arrière. Toutes les indices sont au plus bas!

    Il faut avoir le courage de se dire la vérité: La démocratie du type vote a suffrage universelle fonctionne dans des sociétés qui ont une grande classe moyenne avec des biens économiques et suffisamment de maturité pour se battre pour leur intérêts.

  3. hakizimana jean capistran

    Il me manque les mots pour insister sur la notion de transparence qui doit caracteriser un processus electoral qui se dit democratique mais je pense que si un certain SUCCES MASRA tombait sur cet article, il en ferait un commentaire interessant

    • Yan

      « un processus electoral qui se dit democratique »

      Un processus démocratique dans notre contrée est une denrée rarissime. Qui peut m’en trouver sur un rayon de moins de 4000km à partir du Burundi?

      • Jean

        @Yan
        Si seulement au Burundi,malgré l’absence flagrante de la démocratie et de l’état de droit ;le Burundi pouvait au moins afficher le meme développement économique caractérisant ses voisins.

        Les burundais perdent sur tous les plans, ils n’ont ni la démocratie , ni un état de droit et pour couronner le tout,ils se morfondent dans une pauvreté indigne.

        La situation dans laquelle le Burundi se trouve actuellement est déprimante.

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