Mardi 03 décembre 2024

Société

Kamenge/Insalubrité des restaurants : quand manger rime avec tomber malade

Kamenge/Insalubrité des restaurants : quand manger rime avec tomber malade
Un petit restaurant au nord de la capitale économique Bujumbura

Quelques restaurants visités à Kamenge en commune urbaine de Ntahangwa n’ont rien d’attrayant : c’est l’insalubrité qui accueille les clients. Craignant pour leur santé, ils grondent souvent les serveurs. Le service d’hygiène et assainissement dans cette zone appelle les tenanciers à plus de propreté.

Nous sommes dans la zone Kamenge de la commune urbaine de Ntahangwa. Il est 12 h. Les premiers clients se ruent dans des restaurants de fortune, souvent couvertes de bâches où l’on peut manger à moins cher. À côté de petites tables en bois, noircies par l’huile, des chaises bancales « assorties ».

A quelques pas, trônent de grosses marmites noires ou des casseroles en aluminium, elles ont perdu leur éclat, la fumée a fait son travail. Elles sont pleines de nourriture et le menu à proposer est toujours le même, c’est souvent du haricot, du manioc, des colocases, de la patate douce, de la banane, des pommes de terre, la pâte de maïs ou de manioc et quelques avocats dans un bassin en plastique. Des épluchures de toutes sortes jonchent le sol.

Ces marmites ne sont pas bien couvertes et laissent échapper un peu de vapeur. Des mouches voltigent au-dessus. Des assiettes sont encore dans des bassins remplis d’une eau jaune, colorée par l’huile de palme. C’est quand il y a commande, que le plongeur fait passer chaque assiette dans un autre bassin pleine d’eau plus ou moins propre.

A quelques mettre de la cuisine grouillant de monde, il y a toujours une petite chambrette servant de toilette, des mauvaises odeurs se dégagent, emplissant la cuisine et ce qui gêne les clients proches cette salle. Aux nez sensibles s’abstenir !
Une dispute entre un client et un serveur commence. « Est-ce que tu vois l’eau avec laquelle tu viens de laver cette assiette que tu poses devant moi ? Je ne peux pas utiliser cette assiette. Nous allons tous souffrir des maladies liées au manque d’hygiène », se lamente ce client.

Ensuite, un des serveurs qui a voulu rester anonyme explique que cette insalubrité est due à une pénurie répétitive d’eau. « Nous avons un problème de manque d’eau potable. Nous sommes obligés d’aller chercher l’eau dans d’autres quartiers, mais après tous ces efforts fournis, nos patrons ne nous augmentent pas d’un rond. Alors nous nous arrangeons et utilisons la même eau puisée le matin pour laver les assiettes ».

Un des conducteurs de taxi-moto rencontré devant ce restaurant affirme que son collègue a attrapé une maladie liée au manque d’hygiène et il affirme qu’il mange souvent dans ce restaurant.

« Le mois dernier, mon ami est tombé malade pendant la nuit. Il avait de la diarrhée et des vomissements. Nous nous sommes dépêchés pour l’emmener à l’hôpital vers 3 h du matin parce qu’il était tellement faible.

Arrivé là-bas, poursuit-il, le médecin nous a annoncé qu’il avait une dysenterie. « Dans ces restaurants, il arrive qu’on nous donne des aliments qui ne sont pas cuits à point ».
Et Karim, un autre conducteur de taxi-moto de la zone Kamenge de renchérir : « Nous n’avons pas d’autres choix, car on n’a pas de moyens pour nous offrir un bon repas sain. On profite de la nourriture moins chère pour survivre ».

Des normes d’hygiène, sans eau potable, une équation

Interrogé à ce propos, le responsable du service d’hygiène et assainissement dans la zone Kamenge appelle les tenanciers des restaurants à bien suivre les normes d’hygiène.

« C’est vrai, l’hygiène n’est pas bonne dans quelques restaurants de cette zone. Mais cela résulte du fait que ceux qui veulent créer leur restaurant ne suivent pas les normes d’hygiène ».

Par exemple, raconte-t-il, tout restaurant devait avoir un robinet, s’il y avait une pénurie d’eau, il devait y avoir des récipients fermés contenant de l’eau.

« Un restaurant devait avoir une toilette propre, un endroit bien aménagé pour y mettre des assiettes. J’appelle les tenanciers de ces restaurants à respecter les normes qui sont enseignées tous les jours pour diminuer ces maladies liées au manque d’hygiène.
Et de les énumérer : « avoir l’eau propre, un lieu d’aisance propre et bien aménagé, se laver les mains avant de préparer la nourriture, faire la vaisselle avec de l’eau propre », insiste Emmanuel Habonimana.

Ce responsable du service d’hygiène et assainissement dans la zone Kamenge appelle également les autorités à l’aide pour la réussite de leur mission. « Il faut que les autorités agissent également. Il faut qu’elles punissent ceux qui refusent de suivre les normes d’hygiène, et c’est de cette manière qu’il y aura des restaurants propres ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Abdou Zidane

    Nos amis burundais je vous invite à visiter les restaurants(voisin du nord) le personnel sont formés aux bonnes pratiques d’hygiène,la propreté est un processus qui demande du temps et de la persévérance. Villes propres du Rwanda (clean city)

    • K

      Le quartier appelé « Où peut-on faire caca » de l’époque ( pas très éloignée) n’y existe plus, alors? Félicitations à nos voisins. Eux-mêmes viennent de loin.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Pitié

Avant que ne s’élèvent à l’unisson les voix des associations des parents et des organisations de promotion des droits des jeunes filles, des femmes, des minorités et des droits de la personne humaine en général, mobilisées suite au renvoi, pour (…)

Online Users

Total 1 812 users online