Chaque 12 août, le monde célèbre la Journée mondiale de la jeunesse. Au Burundi, cette année, la journée arrive au moment où les statistiques confirment que les jeunes sont largement majoritaires au sein de la population mais qu’ils restent sous-représentés dans les organes de prise de décisions.
Selon les résultats du Recensement général de la population, de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage au Burundi (RGPHAE, 2024), la population âgée de moins de 35 ans compte 2 041 065 personnes pour la tranche de 0 à 4 ans, 1 816 286 pour celle de 5 à 9 ans, 1 648 455 pour les 10 à 14 ans, 1 336 094 pour les 15 à 19 ans, 1 003 805 pour les 20 à 24 ans, 778 950 pour les 25 à 29 ans et 759 217 pour les 30 à 34 ans. Au total, cela représente 9 383 872 habitants sur une population générale estimée à 12 220 934, soit environ 76,8 %. Ces données montrent clairement que la société burundaise est largement dominée par la jeunesse.
Pourtant, lorsqu’on analyse la place des jeunes dans les instances de prise de décisions, la tendance s’inverse. Aucun cadre légal n’impose l’inclusion des jeunes dans ces organes. En 2025, le pays a déjà organisé trois scrutins : les élections des conseils communaux, les législatives et les sénatoriales. Or, pour ces dernières, les jeunes sont exclus d’office, car il faut avoir au moins 35 ans pour être candidat.
À l’Assemblée nationale actuelle par exemple, seuls quelques jeunes parviennent à siéger. Parmi eux figurent Félicité Iraharira, née en 1991 et âgée de 34 ans, Chantal Niyonzima, également née en 1991 et âgée de 34 ans ainsi que Doriane Munezero, née la même année et du même âge. Toutes les trois ont été élues dans la province de Bujumbura. On retrouve aussi Sandrine Kitonze, née en 1991 et âgée de 34 ans ainsi que Jeannette Ndayishimiye, née en 1990 et âgée de 35 ans.
Toutes les deux sont issues de la province de Butanyerera. Enfin, Vallence Kaneza né en 1992 et âgé de 33 ans élu dans la province de Gitega. Il est le plus jeune député de la législature. Les provinces de Burunga et Buhumuza affichent un score nul. Au total, seuls 6 députés sur 111, soit 5.4% ont moins de 35 ans.
Du favoritisme
Le Centre pour le renforcement de l’éducation et du développement de la jeunesse (Credej) souligne que « les jeunes sont quasi absents des espaces de décision et ceux qui y accèdent le doivent souvent au favoritisme ou à l’appartenance partisane, plutôt qu’à leurs compétences ou leurs mérites ».
Le Credej exhorte le gouvernement à « prendre soin de sa jeunesse : l’inclure dans les instances de prise de décisions, créer des programmes de soutien adaptés, agir avec impartialité, favoriser et offrir des emplois décents fondés sur les compétences et non sur l’appartenance politique ».
Il appelle également la jeunesse burundaise à « l’engagement, à la responsabilité et à la solidarité. C’est par notre détermination collective que nous combattons la pauvreté, que nous résisterons à ceux qui tentent de nous écraser et que nous écrirons les pages d’une nouvelle histoire, que nous restaurerons notre dignité et redonnerons au Burundi sa place dans le concert des nations respectées ».
Accorder à la jeunesse sa vraie place
Pour Ferdinand Nkurunziza, porte-parole du parti politique CDP (Conseil des patriotes), « la représentation des jeunes dans les instances de prise de décisions reste insuffisante alors que la jeunesse est la force d’un pays ». Il ajoute qu’il est « temps d’accorder à la jeunesse sa place dans la construction nationale, en l’incluant pour prendre des décisions politiques, économiques et sociales afin d’investir dans un avenir meilleur ».
En dehors de la sphère politique, les jeunes font face à d’autres défis majeurs. Selon Trading Economics, le taux de chômage global au Burundi en 2024 est estimé à 0,9 %. Mais pour les jeunes, il atteint 65 %. Plus de 400 000 jeunes diplômés sont sans emploi et 93 % d’entre eux mettent plus de cinq ans à trouver un travail.
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