Samedi 27 avril 2024

Les billets d'Antoine Kaburahe

Jean Bigirimana, la justice en marche…

21/07/2023 4
Jean Bigirimana, la justice en marche…
Recueillement des journalistes d'Iwacu devant le le portrait en mémoire de Jean Bigirimana. Photo prise dans les enceintes d'Iwacu le 22 juillet 2018

Reporters Sans Frontières m’a demandé de dire quelques mots, sept ans après la « disparition » de notre collègue Jean Bigirimana. Pendant plusieurs jours, j’ai été bloqué. Je ne savais pas quoi dire. Puis, une nuit, comme une délivrance, j’ai découvert finalement qu’il y a une autre justice, très discrète, en marche.

J’ai écrit d’une traite ces quelques mots surgis du tréfonds de mon être.
Oui, sept ans plus tard, je peux oser ces mots que j’ai toujours eu du mal à écrire : ils l’ont tué. Après de terribles tortures, selon quelques informations que nous avons pu avoir au fil du temps.

Ils ont jeté son corps, quelque part, dans le plus grand secret. Comme ils l’ont fait pour beaucoup d’autres. Ils voulaient l’effacer. Une pratique courante des pouvoirs qui tuent.

Aucune croix. Aucune inscription sur une tombe. La victime est littéralement effacée. Nul endroit pour se recueillir. Des dizaines, des centaines de milliers de Burundais ont été ainsi « effacés », comme le journaliste.

Les assassins de Jean Bigirimana voulaient que son nom et son souvenir tombent dans l’oubli.

Ils lui ont pris sa jeune vie. 37 ans. Mais jamais ils n’auront notre silence.
Parler, écrire, commémorer son souvenir, cela, ils ne pourront jamais l’empêcher.

Certes, des commanditaires aux exécuteurs, personne n’a jamais été inquiété. Avec dédain, ils ont classé sans suite notre plainte.

Mais nous avons une consolation : à défaut de la justice des hommes, il existe une autre justice en marche. Patiente. Inarrêtable.

Que sont devenus certains « intouchables », ces grands pontes à l’époque de la « disparition » de Jean ? Ceux-là qui avaient le droit de vie et de mort sur de simples citoyens.
La Loi de la « rétribution » a déjà frappé quelques-uns. Elle continuera, j’espère.

Nous, nous sommes là pour perpétuer le souvenir de Jean Bigirimana.
Son nom traversera le temps. Ses enfants seront fiers de porter le nom d’un journaliste honnête, un père de famille, tué pour rien.

A ses assassins (encore en vie), qui remplissent les églises et ne jurent que par Dieu, à qui nous avons donné « la première place », il est écrit dans le Livre que « Caïn ne trouvera aucun refuge ». Assassins, l’œil de Dieu est sur vous. A jamais. La justice est en marche…

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Jean Pierre Hakizimana

    Merci a toute la famille « Iwacu » de garder cette flame de courage que représente Mr Jean Bigirimana.

    Mes pensées sont toujours avec sa chère famille à qui il doit paisiblement manquer.

  2. Kanda

    Esaïe 59: 7*Leurs pieds courent au mal et s’empressent de verser le sang innocent. Leurs pensées sont orientées vers l’injustice, la destruction et le malheur marquent leur passage. 8* Ils ne connaissent pas le chemin de la paix et le droit est absent de leur parcours. Ils empruntent des sentiers tortueux : celui qui y marche ne connaît pas la paix.

    Ceux qui tuent les innocents finissent mal. Tout se paie ici bas. Le sang des innocent les hanteront à jamais.

  3. Bakame

    Ajoutes aussi Hafsa Mossi.
    Elle se serait opposée à un grand de l’époque et la sanction suprême lui aurait été appliquée.
    On l’a assassiné en plein jour pour donner ine leçon.
    That’s Burundi.
    Et aucune investigation n’a eu lieu.
    Mais il y a toujours une justice immanente. Celle de Dieu

  4. Ririkumutima

    Nos pleurs pour les malheureux burundais assassinés par des .S…es se croyant au dessus des lois coulent comme des rivières.
    Cela est l’une des raisons qui ont fait de notre beau Burundi le pays le plus pauvre et le plus corrompu au monde.
    Il y a même des gens qui ont été assassinés en plein jour (Ntasano, etc…)
    Nous connaissons les commanditaires.
    Nous prions Dieu, Kiranga et Allah pour qu’un châtiment divin s’abatte sur les commanditaires, puisqu’il n’ y a pas de justice au Burundi.

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