L’incompatibilité des rhésus pendant la transfusion sanguine ou pendant la grossesse et lors de l’accouchement est un risque à prévenir. Les victimes sont nombreuses. D’où la connaissance de son groupe sanguin est recommandée. Dr. Janvier Ndayegamiye, représentant légal de l’Association des donneurs universels de sang (ADUS) donne des éclaircissements.
C’est quoi le rhésus ?
Le rhésus est un système de groupe sanguin, un antigène (antigène D) qui permet de définir les groupes sanguins A, B, AB et O. Il permet de déterminer deux groupes sanguins différents, le rhésus positif et le rhésus négatif.
Pourquoi la distinction des groupes sanguins ?
Le groupe sanguin A a un anticorps anti-B et vice versa. Le A se défend contre le B et le B contre le A. Celui qui a le groupe sanguin AB a les antigènes A et B et ne développe pas d’anticorps. Celui du groupe sanguin O présente zéro antigène et par conséquent développe des anticorps anti-A, anti-B et anti-AB. Ce sont des anticorps naturels.
Et qu’en est-il du système rhésus ?
Il s’agit d’un caractère qui est sur la surface des globules rouges de ces différents groupes sanguins. Ceux qui en disposent sont dits du rhésus positif et ceux qui n’en disposent pas, ils sont moins nombreux, sont dits du rhésus négatif. Avec la combinaison des deux groupes, on trouve huit groupes sanguins, à savoir le A+ et -, le B+ et -, le AB+ et- et ensuite le O+ et -. La particularité du système rhésus, c’est qu’il n’y a pas d’anticorps anti-rhésus qui surviennent naturellement.
Pour une transfusion sanguine, la personne qui est rhésus négatif, c’est-à-dire de groupe sanguin O-, A-, AB- ou B-, doit impérativement recevoir du rhésus négatif. Dans le cadre d’une grossesse, il y a risque d’incompatibilité si le fœtus porté par une mère rhésus négatif est rhésus positif.
Quelle est la problématique alors ?
Des erreurs lors de la transfusion, ce qui n’est plus d’actualité, peuvent survenir ou, par une décision lors d’un cas extrême, la personne rhésus négatif, si elle est injectée du rhésus positif, devient exposée à développer des anticorps antirhésus qui sont particulièrement dangereux surtout pour les femmes.
Une femme rhésus négatif exposée à développer des anticorps anti-rhésus lors de la conception postnatale d’un fœtus rhésus positif aura inévitablement une fausse couche ou un mort-né parce que son corps aura senti quelque chose d’étranger qu’il devra combattre.
Elle n’aura jamais la chance de concevoir un enfant rhésus positif parce que les anticorps vont l’attaquer à travers la vie intra-utérine toute sa vie. Un enfant rhésus négatif comme sa mère n’aura aucun problème.
Que faut-il faire pour éviter cela ?
Dans les 72 heures suivant l’exposition du rhésus positif au rhésus négatif, il faut un médicament du nom de Rhesogamma (ou gammaglobuline) afin de détruire les antigènes rhésus positif pour éviter que le rhésus négatif ne synthétise pas les anticorps anti-rhésus. Après les 72 heures, c’est trop tard, les anticorps sont déjà installés.
Ce médicament est administré soit pendant la transfusion, soit pendant les menaces d’accouchement prématuré ou avortement au premier trimestre. Et s’il y a encore des menaces après une semaine, on réinjecte encore pour dire que chaque menace est suivie d’une injection, ou soit pendant l’accouchement.
Des couples incompatibles ?
Tous les couples sont compatibles. Il suffit de prévenir cette immunisation. La grande problématique, c’est l’ignorance ou la négligence sur son groupe sanguin. Les femmes ont souvent de la chance si leur conception est suivie par un gynécologue qui les informe.
Comprendre est souvent difficile. D’où la nécessité d’un suivi régulier. Le plus important dans tout cela est de connaître le rhésus de son partenaire, surtout avant de s’engager.
Qu’en est-il des conceptions extraconjugales ?
Ça c’est un grand problème difficile à résoudre. Je donne l’exemple des grossesses non désirées qui, souvent, se concluent par des avortements clandestins. Une fille rhésus négatif de 16 ans peut avorter clandestinement et se marier à 25 ans à un homme rhésus positif. Personne n’est au courant de ce qui s’est passé il y a 9 ans.
Mais l’organisme, lui, a déjà synthétisé des anticorps anti-rhésus. La première grossesse peut se résoudre par un avortement, la deuxième et la troisième aussi. Après analyse, on informe le couple que c’est une conséquence de l’immunisation rhésus. Et, on priera le bon Dieu pour une conception d’un fœtus rhésus négatif.
Quel est le rôle d’ADUS ?
L’Association des donneurs universels de sang, ADUS, a une particularité parce qu’elle n’a pas de promoteur. Elle s’est auto-créée. Les membres évoluent dans deux domaines, le domaine de don de sang et le domaine d’allo-immunisation rhésus.
Le premier appel a été un patient du groupe sanguin O rhésus négatif qui a peiné à trouver un donneur. Les personnes ayant le groupe sanguin O rhésus négatif sont très vulnérables parce qu’ils sont très peu nombreux dans le monde. Ici au pays, ce sont des donneurs universels qui nécessitent un don de sang de seulement leur groupe O rhésus négatif.
Il a fallu un appel de don en masse pour pouvoir trouver le groupe correspondant à celui du patient. C’est un peu plus tard que nous avons été informés que sur tout le territoire national, parmi les donneurs, nous ne dépassons pas plus de dix. C’est à ce moment que nous nous sommes sentis frères.
Le rendez-vous a été pris au Centre national de transfusion sanguine, pour le salut de nos frères en manque de sang. La création de cette association s’est faite ainsi.
Maintenant, nous ne sommes que 400 personnes réparties sur l’ensemble du pays. Nous n’œuvrons pas pour notre minorité seulement parce que nous sommes des donneurs universels. Nous sensibilisons surtout tout Burundais à donner du sang. Notre slogan est « Non au décès par manque de sang ».
Et quels sont les avantages ?
D’abord, un globule a une espérance de vie qui est entre 90 et 120 jours. Le garder pour qu’il meure en toi alors qu’il peut sauver une vie ne sert à rien.
Beaucoup de personnes meurent des hépatites. Quand on est donneur, les hépatites sont détectées très tôt et sont vite traitées comme toute autre maladie virale.
Un autre avantage est qu’un don de sang renforce l’immunité et rajeunit les cellules. Un donneur, si une fois il lui arrive d’avoir besoin d’une transfusion, il sera d’abord facile de connaître son groupe sanguin. Ensuite, toute transfusion (la sienne et celle de sa descendance) sera couverte par le ministère de la Santé publique.
Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu
Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.
Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.