Fumer en public, se soulager dans les lieux publics, jeter des bouteilles en plastique par terre, … sont désormais punis par la loi. Cela se trouve dans une ordonnance ministérielle signée le 9 octobre 2025 par les ministères ayant respectivement la sante publique, les finances et la sécurité publique dans leurs attributions.
L’ordonnance ministérielle porte modification à celle du 5 août 2025 qui portait également sur la fixation des amendes à l’endroit de ceux qui auraient enfreint les mesures d’hygiène publique.
Selon l’article 2 de l’ordonnance, toute personne surprise en train d’uriner ou de déféquer en dehors des installations prévues à cet effet, de jeter des papiers, des emballages en plastique ou d’autres déchets, ou encore de cracher dans les lieux publics et les transports en commun, s’expose à une amende de 5 000 francs burundais. La même sanction s’applique à ceux qui laissent s’écouler des eaux usées ou de cuisine dans les caniveaux et lieux publics.
L’article 3 avertit quiconque enfuit les excréments, jette les cadavres d’animaux ou les déchets de toute nature dans les caniveaux ou dans une propriété privée encore moins sur les rives des cours d’eau et dans les étangs. Ils seront chargés d’une amende de 50 000 francs burundais.
D’après l’article 4, les exploitants de lieux recevant du public tels que les débits de boissons, les restaurants, les boîtes de nuit, les centres de culte, les marchés ou les formations sanitaires doivent disposer de lieux d’aisance décents, sous peine d’une amende de 100 000 francs burundais.
L’article 5 stipule que tout détenteur ou occupant d’une propriété foncière donnant sur la voie publique est tenu d’assurer la propreté et l’entretien des abords immédiats. Le non-respect de cette obligation entraîne une amende de 50 000 francs en milieu urbain et de 2 000 francs en milieu rural.
Par ailleurs, l’article 6 impose aux établissements industriels, artisanaux ou commerciaux de maintenir leurs locaux et leurs alentours en bon état de salubrité. Il est strictement interdit de déverser des déchets ou eaux usées directement dans la nature, notamment dans les rivières, les lacs, les mares ou les étangs. Les contrevenants s’exposent à une amende de 500 000 francs burundais.
Enfin, l’article 7 sanctionne toute personne fumant dans les espaces publics ou exposant autrui à la fumée du tabac d’une amende de 100 000 francs burundais.
Des préalables
Innocent Banigwaninzigo, président de l’Association ensemble pour la protection de l’environnement (Asepe), salue cette mesure mais craint qu’elle ne soit inefficace. « Cette loi est nécessaire. Mais, elle devrait être précédée par certaines préalables notamment la construction des latrines publiques, la multiplication des poubelles et la construction d’un espace pour les fumeurs ».
Il ajoute qu’il faut sensibiliser les citoyens sur cette mesure pour qu’elle ait un effet immédiat. Pour lui, elle risque de se heurter à plusieurs défis à l’image de celle sur l’arrêt de l’utilisation des emballages plastiques. « Si rien ne change, cette loi risque de se noyer comme celle sur les emballages en plastique. Peu de temps après, les commerçants ont recommencé car le suivi a été inefficace ». M. Banigwaninzigo suggère qu’il y ait des mesures d’accompagnement car, si cette loi est rigoureusement appliquée cela aura un impact positif sur l’environnement.







Faites la radio trottoir et vous comprendrez que les gens qualifient cette loi de soit ridicule, soit cynique. Ridicule car selon le schéma usuel, nos dirigeants se sont réveillés le matin, et sans prendre soin de vérifier s’il y a les facilités suffisantes à disposition des usagers (lieu d’aisance, poubelles…), nos autorités ont malgré tout pondu noir sur blanc une loi qui ne sera pas appliquée ou qui sera peu appliquée. La seule chose qui va marcher, et là aussi il faudra augmenter le nombre d’agents de contrôle, ce sont les sanctions. Si tout se passe bien (sans corruption, je veux dire), les caisses de l’Etat vont se remplir, sans pour autant que l’hygiène et la salubrité soient garantis dans le pays.
Cynique ensuite, car la loi a été votée; mais les préalables n’y sont pas. C’est un piège pour tout le monde, y compris ceux qui l’ont votée. Le signal que l’autorité nous donne c’est : nous, nous votons des lois; et vous le peuple: débrouillez-vous pour les appliquer. C’est le proverbe anecdotique de la vache qui a mis bas en été et qui a dit: mon boulot est terminé, après c’est le berger qui doit se débrouiller (ahiwanje ndahejeje, hasigaye aho umwungere).
Cette loi inapplicable par manque de préalables. C’est le genre de loi qui tombent toutes seules en désuétude, sans que personne ne la retire mais que personne n’applique, sauf au début, juste pour impressionner.
Je me rappelle justement d’un texte qui interdit de boire de l’alcool avant 16h00…