Au moment où certains analystes s’interrogent sur l’avenir de la démocratie au Burundi avec des institutions à 100% dominées par le CNDD-FDD et au moment où certaines organisations comme la CECAB, la Conférence des Évêques Catholiques du Burundi en appelle à « repenser et à réajuster la manière de concevoir la démocratie au Burundi », certains observateurs, qualifiés d’optimistes par leurs détracteurs, soutiennent l’idée que tout n’est pas perdu.
D’après ces derniers, malgré les quelques impairs et irrégularités notoires, les collinaires tenues le 25 août donnent une leçon de culture démocratique.
Contrairement aux autres scrutins remportés par le parti au pouvoir malgré des contestations des partis d’opposition et des indépendants vite étouffées par des mises en garde et des intimidations à peine voilées, finalement réduites au silence par la Cour constitutionnelle pour ’’absences de preuves’’, les collinaires ont failli séduire bon nombre d’électeurs approchés pour leur semblant de liberté, de transparence.
Une démocratie à une échelle réduite à la colline, au quartier avec des gens connus, se connaissant, des enjeux visibles et d’autres pas très apparents mais prévisibles, devinables.
« Au moins ceux qui se sont portés candidats sont du quartier ou de la colline, nous connaissons leurs familles, leurs activités, leurs initiatives, leur capacité à mobiliser les gens pour le redressement de leurs entités et surtout l’influence qu’ils ont sur la population et la confiance dont ils jouissent », confie un électeur approché.
« Les gens sont contre tout jeu démocratique faussé d’avance »
L’acharnement de certains candidats, leur engagement, les moyens légaux ou gagnés à la sueur de leur front et d’autres peu loyaux mis dans leur campagne avec des affiches rivalisant avec ceux des grands partis politiques, une mobilisation tout azimut, des palanquins portés à bras d’homme, des promesses tenues, … tout cela interroge sur la récupération de cette mise. Il y a d’ailleurs des mises en garde contre certains candidats qui ont mis des moyens dépassant leurs avoirs connus.
Malgré l’ombre et le poids du parti au pouvoir pour favoriser les candidats de son choix afin de garder une certaine mainmise sur eux et surtout sur leurs circonscriptions, les candidats priés de se faire élire à titre individuel, se sont plus ou moins prêtés au jeu démocratique.
« Même si nous savons que le parti au pouvoir tient à souligner que tout est sous contrôle, que tout est bien réglé, les gens savent opérer leur choix, ils connaissent les candidats qui peuvent apporter un changement, ou plus de bien-être ou qui ont déjà fait ses preuves », renchérit un autre citoyen interrogé.
C’est pourquoi, ici et là, poursuit un observateur, il y a des contestations de certains candidats pourtant élus et des manifestations citoyennes pour exprimer le mécontentement, marquer le désaccord, cela veut dire que le candidat gagnant a été soit mal élu avec des tricheries comme celles dénoncées d’ailleurs par le président de la Commission électorale nationale indépendante.
« Cela montre que les gens ne sont pas prêts à accepter, un jeu démocratique faussé d’avance, un processus non transparent, qui manque de liberté, d’inclusivité. Les tares ou les irrégularités dénoncées qui ont marqué les scrutins précédents, ont été presque rééditées », déplore cet analyste.
« Les conseillers collinaires, socle de la gouvernance de proximité »
Après avoir accompli son devoir civique en prenant part à ces élections dans sa circonscription de Musama, dans la zone Kabanga, dans la commune de Gitega, le chef de l’Etat a insisté sur l’importance des conseillers collinaires : « Ils sont plus proches des citoyens et ce sont eux qui connaissent mieux les réalités quotidiennes, les défis et les préoccupations de la population. Ce sont ces derniers qui organisent la vie locale et accompagnent les habitants dans la recherche des solutions à leurs problèmes ».
Pour le président de la République, Evariste Ndayishimiye, les conseillers collinaires constituent le socle de la gouvernance de proximité et du développement communautaire.
Après avoir voté à Sampeke, sa colline natale, le secrétaire général du parti CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo, a appelé les conseillers collinaires ou de quartiers élus à être de véritables acteurs du développement et à initier des projets de relèvement communautaire.
Mais au vu des moyens mis dans la mobilisation des électeurs par certains candidats aux collinaires, de quoi faire pâlir certains partis politiques, le sénateur Révérien Ndikuriyo les a mis en garde contre toute tentation de chercher à récupérer à tout prix l’argent dépensé pendant la campagne à travers des actes de corruption ou de détournements.
Pour prévenir de telles pratiques, a-t-il prévenu, il y aura sous peu une mise sur pied d’un mécanisme de suivi rigoureux pour le contrôle des nouveaux élus afin de s’assurer qu’ils s’acquittent de leur devoir.
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