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Conflit RBP+/ ABS : les conséquences se font déjà sentir

10/04/2012 Commentaires fermés sur Conflit RBP+/ ABS : les conséquences se font déjà sentir

Suite au retard du financement du Fonds mondial, la gestion du personnel des associations pose problème. Tant qu’aucun nouveau bénéficiaire principal n’est pas en vue, d’autres retombées négatives sont à prévoir…

36 médiateurs de santé de la Society for Women against AIDS in Africa (SWAA) Burundi viennent d’être suspendus de leurs fonctions, faute de moyens. Ils travaillaient dans trois grands hôpitaux à savoir l’hôpital Prince Régent Charles, celui de Gitega et de Ngozi. D’après Jeanne d’Arc Kabanga, coordinatrice de cette association, c’est le Réseau National pour les personnes vivant avec le VIH/Sida (PBP+) qui se chargeait des rémunérations de ces derniers. Or, leurs contrats sont terminés depuis fin mars 2012 et aucun avenant n’a été accordé: « C’est une mesure administrative et provisoire. Quand les moyens seront disponibles, ils seront rappelés au service. » Toutefois, la coordinatrice regrette d’avoir été contrainte de prendre une telle décision. Le rôle de ces médiateurs est d’accompagner les séropositifs sous traitement des ARVs, de les conseiller et de contrôler s’ils prennent leurs médicaments comme il le faut : « Leur travail était important pour la communauté surtout pour la prise en charge des personnes vivant avec le sida. » Pour elle, tant que la situation ne sera pas débloquée, certaines activités devront impérativement cesser. Pas seulement pour cette association, mais aussi pour d’autres qui œuvrent dans la lutte contre ce fléau grâce aux fonds octroyés par le Fonds mondial. De plus, l’année budgétaire avait pris fin en 2011. Ce qui fait qu’un trimestre venait de s’écouler sans financement et devrait normalement prendre fin le 31 mars 2012. Rien d’anormal, explique-t-elle, car les financements de la deuxième phase devraient arriver le 1er avril.

Une lettre accablante pour le RBP+

La Society for Women against AIDS in Africa (SWAA) vient d’adresser une lettre au ministre de la Santé publique et de Lutte contre le sida pour faire ce qu’elle a appelé « une lumière sur la confusion des appellations des organisations SWAA-AFASI. » Une lettre qui tend à confirmer l’accusation selon laquelle le RPB+ aurait créé une association fictive, AFASI. Monique Biruhuta, représentante légale de la SWAA démontre, chiffres à l’appui, que les rapports de RBP+ transmis au Fond mondial ne correspondent pas à ceux établis par la SWAA. Elle montre qu’au niveau de l’antenne Kayanza et Muramvya, l’activité qui fait l’objet de dépassement d’un montant de 73 mille USD et 69 mille USD, le budget alloué à cette activité était respectivement de 2.838.420 Fbu et 7.096.050 Fbu au lieu de 61.000 USD et 58.000 USD, comme c’est mentionné dans le rapport. « Les montants dont on parle au nom de l’AFASI ne concordent pas avec ceux établis par notre association, pour ne citer que cela », précise-t-elle. Elle explique en outre que la version française écrite sur le statut de l’association est AFFSI et non AFASI. Interrogé à ce sujet, le RPB+ indique ne pas vouloir entrer encore dans les polémiques. Néanmoins, il s’en lave les mains : « Cette traduction a été faite par le bailleur et non pas par le RPB+. »

Et les répercussions…

La coordinatrice de la SWAA craint la chute du niveau des prestations de services, de la qualité de la prise en charge des séropositifs. Elle redoute aussi un changement du taux de la séroprévalence : « Sans suivi, certains malades peuvent avoir la tendance à abandonner ou à remettre plus tard la prise des médicaments. » Non seulement cela, ajoute-t-elle, les nouveaux cas infectés par le virus ont besoin d’être préparés psychologiquement. Notamment savoir vivre avec la maladie, mais aussi être conseillés de la manière de prendre les médicaments pour minimiser les effets secondaires : « C’est là où les médiateurs de santé interviennent. Ces derniers sont les premières victimes de ce retard dû au conflit entre les deux associations. » Il existe une lueur au bout du tunnel. Les fonds de la deuxième phase seront bel et bien débloqués. « Dire quand, ce serait mentir. D’ailleurs, personne ne sait la date, car le Fonds mondial a accepté le changement du bénéficiaire principal », précise une source. Par ailleurs, un décaissement pour les services essentiels comme la PTME, appui nutritionnel pour les séropositifs etc., est fait.

Le bailleur ne souhaite pas le CNLS comme remplaçant du RPB+

Toutefois, un long chemin reste encore à parcourir pour trouver une issue au conflit déclenché par le RPB+ et l’Alliance Burundaise contre le Sida (ABS). Le bailleur n’a pas dissimulé sa réticence face à la proposition du Conseil National de Lutte contre Sida (CNLS) comme remplaçant de RPB+. Dans une lettre adressée à la ministre de la Santé publique et de Lutte contre le sida, ce 30 mars 2012, « Le Fonds mondial reste convaincu du bien-fondé du financement à deux voies. Il exhorte le Comité de coordination des subventions du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (CCM) d’explorer les alternatives existantes au sein de la société civile. » Le bailleur spécifie en outre que la période de transition entre l’ancien et le nouveau bénéficiaire principal est de six à neuf mois. « Une période qui risque d’être longue car le remplaçant est jusqu’à maintenant inconnu. Mais la balle est dans le camp du CCM pour désigner ou choisir un autre remplaçant dans les brefs délais », appréhende une autre source. Les associations œuvrant dans la lutte contre le VIH Sida voient en l’équipe qui va être dépêchée au Burundi à la mi-avril 2012, pour s’enquérir de ce qui se passe, un signe d’espoir afin de sortir de l’impasse.

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