Mercredi 09 octobre 2024

Politique

Cndd-Fdd : les maquisards prennent les rênes du parti

Le congrès extraordinaire de ce samedi 20 août à Gitega a confié le conseil des sages, la plus haute instance du parti présidentiel, aux combattants de premières heures de l’ancien mouvement Cndd-Fdd.

Le général Evariste Ndayishimiye s’adresse aux congressistes.
Le général Evariste Ndayishimiye s’adresse aux congressistes.

Quatre anciens combattants sur les cinq membres qui composent le nouveau conseil des sages. Le général Evariste Ndayishimiye est désormais l’homme fort du « parti de l’Aigle » après le président Nkurunziza. Il a été élu par approbation secrétaire général (SG).

En effet, selon les nouveaux statuts du parti adoptés lors de la première phase du congrès à Ngozi du 18 au 19 juin, la présidence du parti a été supprimée  au profit du secrétariat général qui rend compte au conseil de sages . Le SG est d’office secrétaire du conseil des sages qui est présidé par Pierre Nkurunziza.

Hormis ces deux plus hautes personnalités du parti, l’ancien premier vice-président du parti Joseph Ntakarutimana siège aussi au conseil de sages en sa qualité de secrétaire général adjoint. Il est le seul qui n’a pas fait le maquis dans ce conseil.

Autres membres : Daniel-Gélase Ndabirabe (alias Ndasubiramwo, selon le président Nkurunziza), porte-parole sortant du parti et Zénon Ndaruvukanye. Ces deux anciens maquisards ont été approuvés comme secrétaires exécutifs : le premier est en charge de la vie du parti (suivi et évaluation), le second est le trésorier général.

Selon les nouveaux statuts, le conseil des sages est comme un conseil d’administration qui supervise les activités de huit départements dirigés par des secrétaires exécutifs.

Six autres secrétaires exécutifs de l’équipe dirigeante

Le nouveau conseil des sages. (de gauche à droite) : Gélase-Daniel Ndabirabe, le général Evariste Ndayishimiye, Joseph Ntakarutimana, Zénon Ndaruvukanye.
Le nouveau conseil des sages. (de gauche à droite) : Gélase-Daniel Ndabirabe, le général Evariste Ndayishimiye, Joseph Ntakarutimana, Zénon Ndaruvukanye.

A part Gélase-Daniel Ndabirabe et Zénon Ndaruvukanye qui siègent aussi dans le conseil des sages, les autres secrétaires exécutifs sont : Anastase Manirambona, chargé de l’idéologie, mobilisation et diaspora. Godeliève Nininahazwe devient secrétaire exécutif chargée des questions politiques, administratives et juridiques. Emmanuel Sinzohagera est à la tête du département chargé des questions de développement. Athanase Hatungimana se voit confier le département chargé des questions socio-culturelles tandis que Sylvestre Ndayizeye et Nancy-Ninette Mutoni dirigent les départements chargés respectivement de la coordination des ligues affiliées au parti et de la communication.

Quelques messages-phares

Le président sortant et actuel président de l’Assemblée nationale, Pascal Nyabenda, a reconnu que le parti traverse une zone de turbulence en matière de diplomatie, de politique et d’économie. Il conseille à la nouvelle équipe dirigeante de se souvenir à chaque instant que « le Cndd-Fdd est un parti du peuple. » Pour cela, les dirigeants doivent se mettre à l’écoute de tous, « surtout des va-nu-pieds ». Il l’exhorte à travailler dans la discrétion. La nouvelle équipe devra envisager une passation en douce de témoin avec l’équipe qui lui succédera.

Enfin, dans une métaphore filée, M. Nyabenda a exhorté la nouvelle équipe à diriger le « bus Cndd-Fdd dans les quartiers Nyakabiga, Ngagara, Cibitoke, Musaga et Jabe pour y embarquer les habitants. » L’on se souviendra que ces quartiers sont dits « contestataires du troisième mandat. »

Quant au général Evariste Ndayishimiye, il a insisté sur le « travail  pour lutter contre la pauvreté. » Pour cela, il faut travailler en synergie. Et d’annoncer qu’il sera érigé un building de dix-huit niveaux ; la tâche revenant à chacune des dix-huit provinces du pays d’ériger un niveau. Dans une allégorie, il qualifie les détracteurs du Cndd-Fdd comme le « hibou  qui use de frêles oreilles pour terroriser les non avisés qui les prennent pour des cornes. »

Une vue des congressistes.
Une vue des congressistes.

Le président Nkurunziza précisera que l’immeuble sera construit à Gitega pour deux raisons : d’abord, c’est là où l’idée est née et approuvée par les congressistes. Ensuite c’est la province natale du général Ndayishimiye. Le président Nkurinziza martèlera que « ce mandat est un mandat de Dieu ». Aussi s’est-il lancé dans de longues louanges envers Dieu. Il discernera un certificat d’honneur à tous les membres du conseil des sages sortant. Une coulisse : l’ombudsman Muhamed Rukara ne sera pas fortement acclamé lors de la remise des certificats. Le président Nkurunziza discernera des certificats d’honneur à six militants pour « leurs faits exceptionnels ». Parmi ces derniers figurent l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel vice-président de l’Assemblée nationale, Edouard Nduwimana.

Signalons que parmi les invités d’honneur figuraient entre autres les représentants de l’Afrique du Sud, du Nigéria, de la RD Congo, de l’Ouganda, de la Tanzanie, de la Chine et de l’Egypte. Aucune représentation d’un pays occidental n’a été signalée. Les partis et les associations de la société civile de la mouvance présidentielle avaient répondu présents.

A noter aussi que la sécurité était renforcée. A l’exception de l’équipe de communication de la présidence de la République, personne d’autre n’entrait dans les enceintes de la gare routière de Zege où s’est déroulé le congrès avec son téléphone portable ou sa montre. Une fois à l’intérieur, même le diplomates, personne n’était autorisé de sortir. Enfin, par quatre fois au moins, l’équipe médicale a été sollicitée pour des interventions d’urgence.

Signalons que ce congrès a coïncidé avec le jour du premier anniversaire de la date de prestation de serment de Pierre Nkurunziza pour son troisième mandat.

A noter également que le général Ndayishimiye avait exprimé par écrit son intention de quitter définitivement l’armée le 11 février 2016 ; démission acceptée par le président Nkurunziza le 18 juillet.

Forum des lecteurs d'Iwacu

9 réactions
  1. Ndayikeje Dieudonné

    Monsieur ou madame Mutama,si maquisards signifie ceux qui ont mené une lutte armée dans le maquis, tu auras du mal a etre coherent avec ton assertion .en effet,de l’Érythrée à l’Afrique du Sud en passant par l’Éthiopie, l’Ouganda,le,Rwanda ,les 2 Congos,le Tchad,la Cote d’Ivoire,le Zimbabwe, etc. ce genre de lutte s’y est déroulée a installé des régimes à la tête de ces pays .et vous en erigez certains en modèles à tort ou à raison…à moins que « maquisards » n’ait quelque autre signification pour toi….!et puis quoi de plus normal qu’un parti soit dirigé par ceux qui ont lutté pour son édification et son renforcement ? Avais-tu d’autres candidats à part ceux proposés?Adhère au parti et suggère-les ou alors propose-les là ou tu milites

  2. Stan Siyomana

    Les quartiers dits « contestataires du troisieme mandat » reclament le respect des Accords inter-burundais de Paix de 2000, la bonne gouvernance et le developpement durable et inclusif.
    Le parti CNDD-FDD devra passer par un profond metamorphose pour que ces « contestataires » puissent monter dans le « bus CNDD-FDD ». Esperons qu’il n’y aura pas chantage et recour a la force.

  3. Stan Siyomana

    Si l’on cherche dans les autres pays de l’EAC, les buildings a 18 niveaux ne sont pas nombreux:
    Grand Pension Plaza a Kigali (210,76 pieds de hauteur), Crystal Towers a Dar es salaam (64,58 metres), Skynest Apartments a Nairobi,…
    A l’heure ou meme les gouvernements construisent des infrastructures a travers le partenariat public et prive, je ne vois pas comment certains Bagumyabanga du CNDD-FDD qui ont peniblement pu construire leur maison du parti/ingoro y’umugambwe sur leur colline vont pouvoir financer ce grandiose building de 18 etages (QUI VA SERVIR A JE NE SAIS QUOI).

  4. Nduwingoma Pithagore

    Monsieur ou madame Mutama,si maquisards signifie ceux qui ont mené une lutte armée dans le maquis, tu auras du mal a etre coherent avec ton assertion .en effet,de l’Érythrée à l’Afrique du Sud en passant par l’Éthiopie, l’Ouganda,le,Rwanda ,les 2 Congos,le Tchad,la Cote d’Ivoire,le Zimbabwe, etc. ce genre de lutte s’y est déroulée a installé des régimes à la tête de ces pays .et vous en erigez certains en modèles à tort ou à raison…à moins que « maquisards » n’ait quelque autre signification pour toi….!et puis quoi de plus normal qu’un parti soit dirigé par ceux qui ont lutté pour son édification et son renforcement ? Avais-tu d’autres candidats à part ceux proposés?Adhère au parti et suggère-les ou alors propose-les là ou tu milites

  5. « Le président Nkurunziza discernera des certificats d’honneur. » C’est probablement DECERNERA au lieu de discernera. Je m’excuse!

  6. Lead

    Avis juridique sur deux nominations:
    1. Le Conseil des sages est un organe statutaire de ce parti. Son president (Pierre Nkurunziza) occupe dans une fonction légale (qu’elle soit payée ou non) selon la loi régissant les partis politiques. Or l’article 101 de la Constitution burundaise lui interdit de cumuler ce poste avec celui de President de la République. La Cour constitutionnelle sera certainement sollicitée pour un avis favorable “légalisant” cette double anti-constitutionalité (pour ceux qui pigeront).
    2. L’Art 80 de la meme constitution interdit a Nancy Ninette Mutoni, actuellement porte-parole du 1er VP Sindimwo d’etre porte-parole de “leur” parti. C’est une immixtion de l’executif dans le fonctionnement des partis politiques. De plus, si son poste de porte-parole de parti est rémunéré, elle serait en situation de double emploi à plein temps, une violation des statuts de la fonction publique. Enfin, si son poste de porte-parole de parti est non rémunéré, le Cndd-fdd sera un jour accusé de détournement de fonds publics pour avoir nommé à une fonction privée un agent payé par l’Etat.

  7. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Ces dirigeants du CNDD-FDD peuvent se féliciter et montrer un degré élevé d’autosatisfaction mais le peuple burundais lui, sous la houlette de ce parti, tire le diable par la queue. C’est sous le règne sans partage du CNDD-FDD que le Burundi est devenu le pays le plus pauvre du monde (classement FMI et Banque mondiale de 2015), un des pays les plus affamés et les plus corrompus au monde. C’est sous le règne de ce parti Etat, dont les dirigeants sont incompétents, corrompus, violents et sans aucune vision pour le peuple burundais dont ils ne se sentent même pas redevables, que les crimes contre l’humanité se sont multipliés et intensifiés surtout depuis avril 2015. Ces crimes ont jeté sur les routes de l’exil près de 300.000 réfugiés dans des camps en Tanzanie, au Rwanda, en Ouganda, au Malawi, en RDC, en Zambie et ailleurs. C’est sous le CNDD-FDD de Mr NKURUNZIZA que le viol, comme arme politique est apparu pour la première fois au Burundi pour terroriser les opposants au 3ème mandat de Président Fondateur. C’est sous ce parti que les enlèvements, les extorsions de fonds, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires sont devenues une pratique routinière, quotidienne, organisée par les services de l’Etat. C’est sous ce parti que le Burundi a rompu de façon complète avec un Etat de droit avec des polices, des Imbonerakure qui disposent de droit de vie ou de mort sur tout citoyen burundais soupçonné a tort ou à raison d’être apposé au 3e mandat sanglant de Mr NKURUNZIZA. J’ose espérer que les commanditaires des nombreux crimes contre l’humanité observés au Burundi sous le leadership du Gouvernement CNDD-FDD n’auront pas le dernier mot.

  8. Mutama Yohane

    Quand un pays naguere civilise tombe dans les mains des maquisards alors chacun peut s imaginer la suite. C est la loi de la jungle qui s installe et a dieu la democratie tant chantee du bout des levres.

    • Bwarikindi

      Mutama et Rugamba, tout ce que vous écrivez, c’est dans vos têtes que ça se passe.
      Vous vivez dans un monde irréel. C pas par vos opinions insensées que le Burundi va arrêter d’avancer. Si j’étais vous, j’irais voir un Psy avant que le cerveau pète.

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