Samedi 05 juillet 2025

Économie

Chroniques d’une résilience obstinée

05/07/2025 0
Chroniques d’une résilience obstinée

Tous les vendredis, Iwacu vous propose la chronique de Thérence Niyongere, poète, économiste de rue, chroniqueur de l’informel et conteur d’une économie qui marche autrement.

Chronique 1

Bienvenue dans la Survivons Valley

Imaginez un instant : un jour, dans un ascenseur capricieux d’un vieil immeuble de Bujumbura, un trio improbable se retrouve coincé : Aristote, un banquier du FMI et une maman burundaise, avec un panier de beignets et un bébé sur le dos.

On dirait le début d’une blague. C’est pourtant le condensé d’un système économique à la fois absurde et brillant.

Aristote, fidèle à lui-même malgré les siècles, déclare gravement :
— L’homme est un animal politique. Un agent rationnel visant la maximisation de son utilité dans un marché libre.

Le banquier, concentré, pense déjà aux taux d’intérêt, aux ajustements structurels et à la productivité marginale.

Mais la maman, fatiguée des théories et attentive aux réalités, sort calmement un beignet de son panier et le brandit comme une arme douce :
— Moi, l’homme, c’est mon fils. Et si cet ascenseur ne redescend pas, ce beignet-là, c’est 3 000 BIF. Inflation oblige.

Le banquier, surpris mais séduit, paie sans discuter. La maman lui vend trois beignets, lance une tontine dans le coin de l’ascenseur, convertit deux abonnés WhatsApp en futurs clients, et propose même un pack « animation + pâtisserie » pour un mariage.

L’économie informelle vient de prendre l’ascenseur vers le sommet de la créativité.
Un peu tirée par les cheveux, cette histoire ? Pas vraiment.

Bienvenue au Burundi, où l’économie se construit à la cuillère en bois, la politique se débat dans les bus surchargés, et la philosophie s’improvise sur les marchés, entre une botte d’amarantes et une prière du matin.

Ici, cher lecteur, point de Silicon Valley.

Mais nous avons la Survivons Valley : une zone économique à très haut potentiel de miracle quotidien, alimentée par le haricot, la débrouillardise et un Wi-Fi qui lâche toujours au mauvais moment.
Alors, installez-vous confortablement, détendez l’esprit et plongez dans une chronique hebdomadaire qui parlera de chiffres, oui, mais surtout de gens.
De rires qui font office de monnaie.

De solidarités plus solides que bien des politiques publiques.
Et d’une résilience qui ne demande pas la charité, mais qu’on l’écoute tambour battant.
Le Burundi, ce petit pays niché au cœur de l’Afrique, avance avec une résilience joyeusement obstinée.

Malgré les défis économiques, les Burundais gardent le sourire, la foi, et une capacité d’adaptation qui force le respect.
C’est cette force tranquille, cette ingéniosité du quotidien, que nous allons explorer ensemble.
Inflation galopante, dévaluation monétaire, pénurie de devises, chômage structurel…
Depuis des décennies, le Burundi encaisse choc après choc.

Pourtant, l’économie, vacillante mais vivace, continue d’avancer, portée par l’informel, la débrouille et une solidarité à toute épreuve.
Zoom sur une résilience « à la burundaise » : invisible aux radars macroéconomiques, mais bien réelle sur le terrain.

Entre la dévaluation du franc, les prix du riz qui dansent le tango, l’inflation qui grimpe comme un singe sur le dos des ménages, et des réformes qui arrivent à dos de tortue… le Burundi tient bon.

Debout, parfois bancal, parfois boiteux, mais debout.
Pas par magie. Par résilience.
Grâce à la foi, à l’humour, à l’économie informelle, au haricot… et à un sourire désarmant.
Et moi, Thérence, poète économique à propulsion manuelle, je vous raconte comment un peuple tout entier apprend à jongler avec les orages économiques… sans jamais lâcher sa casserole.

Comment un pays peut-il survivre avec un panier vide et un cœur plein ?

Peut-on vraiment parler d’échec économique dans un pays où l’humour, la foi et l’entraide nourrissent plus sûrement que le salaire ?

Et si la vraie richesse ne se trouvait pas dans les coffres des banques, mais dans l’ingéniosité des pauvres ?

Dans leur art de transformer la galère en stratégie ?

Ce Burundi, souvent regardé à travers les vitres froides des indicateurs internationaux, ne serait-il pas, en réalité, un géant silencieux, marchant sur des béquilles tressées de dignité ?

Qu’est-ce qui fait tenir debout une économie qu’on dit boiteuse, sinon les jambes invisibles de la solidarité et les rêves obstinés d’un peuple qui refuse de tomber ?

Peut-on mesurer la résilience ?

Comptabiliser l’espérance ?

Modéliser un chant communautaire ?

Le Burundi est-il en crise… ou en mutation invisible ?

Quand les indicateurs économiques s’effondrent, que reste-t-il ?

Peut-être l’essentiel : la vie, la chaleur humaine, et cette volonté têtue de ne jamais lâcher sa casserole.

À vendredi prochain !

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

L’ONU, honnie, aimée, … quand cela nous arrange

C’est en marge de la 80ème plénière de la 79ème Session de l’Assemblée générale des Nations Unies que le Représentant permanent du Burundi auprès de l’ONU a réitéré son appel pour la reconnaissance internationale du génocide des Hutu en 1972. (…)

Online Users

Total 1 538 users online