Certains habitants de la colline Rongero, commune Rutana de la province de Burunga considèrent que personne ne devrait être humiliée sur base de sa vie privée. Ils appellent au respect des autres.
Dans différents contextes, des leaders ou des individus peuvent s’adonner à l’humilier les autres en se basant sur leur vie privée. Un message d’humiliation publique fondé sur la vie privée est une communication (écrite, verbale ou publiée) qui vise à rabaisser, ridiculiser ou exposer publiquement une personne en se basant sur des aspects intimes ou personnels de sa vie.
À l’ère des réseaux sociaux, ce genre de comportement prend une ampleur sans précédent. Un simple message, photo ou vidéo publiés sur Facebook, WhatsApp, X (Twitter) ou TikTok peut être partagé massivement en quelques minutes. Cela expose la victime à la honte, aux moqueries et à un jugement public brutal. Ce qui peut attiser la violence.
Certains habitants de la colline Rongero, commune Rutana de la province Burunga indiquent que de tels messages sont monnaie courante. « J’habitais dans la maison que mon grand-père m’avait laissée. Des gens disent que si on ne me laissait pas la maison, j’étais incapable de me construire la mienne. Ça fait mal », s’indigne un jeune homme d’une trentaine d’années.
Un autre habitant parle d’attaques fréquentes contre ceux qui ne sont pas encore mariés. Ils sont pointés du doigt, dit-il, comme quoi leur retard sur le mariage était dû à la sorcellerie ou la pauvreté. «Ils sont qualifiées d’incapable de s’occuper de la famille».
De son côté Evelyne Ndayizeye fait savoir que l’ingérence dans la vie privée et l’humiliation sont très fréquentes. C’est parfois, précise-t-elle, de la diffamation.
Pour sa part, M.P considère qu’humilier publiquement un individu sur base de la vie privée relève d’un manque de respect et un dénigrement. Il ajoute que d’autres le font par jalousie car, ils ne digèrent pas de voir des gens avancer et réussir bien leur vie.
Éviter la haine
Pierre Ndayizeye fait savoir que cette attitude est une expression de la haine et la jalousie. « Si des gens voient que tu réussis ta vie, ils cherchent des prétextes pour te rabaisser. »
Ces habitants indiquent que des conséquences peuvent être néfastes. Ils considèrent que les gens n’ont pas le même tempérament. Si un groupe de gens est humilié à base de la vie privée, cela engendre la méfiance et la haine. Il peut y avoir de la vengeance et des violences peuvent s’installer.
«Si une personne est attaquée, il est membre d’un groupe donné et les membres peuvent venir à son secours. Ils peuvent se coaliser pour se venger. L’auteur de l’humiliation a également des soutiens. Ils se rentrent dedans et on peut déplorer des morts et des blessés», trouve une habitante de la colline Rongero.
Richard Hakizimana, chef de la colline Rongero, indique que l’ingérence dans la vie privée des gens a déjà provoqué des cas de conflits et des bagarres sur cette colline. Il déplore des blessés qui ont été enregistrés à cause de l’humiliation que les victimes n’ont pas pu digérer.
Selon Alain Désiré Bukeyeneza, journaliste et expert en droits de l’Homme et en résolution pacifique des conflits, la vie privée doit être respectée. « La Constitution de la République du Burundi de 2018 et les instruments juridiques internationaux, notamment le pacte international relatif aux droits civils et politiques, la vie privée est garantie. L’article 28 de la Constitution précise bel et bien que toute personne humaine a droit au respect de la vie privée et de sa famille, de son domicile et de ses communications personnelles. »
Il fait savoir lui aussi que l’humiliation publique sur base de la vie privée a des conséquences fâcheuses dans la société. « Quand on porte atteinte à la vie privée d’un individu et qu’on l’humilie, les membres de son groupe se sentent visés. Ces stéréotypes et préjugés peuvent provoquer des violences. »
Alain désiré Bukeyeneza rappelle qu’au Burundi, la violation de la vie privée et l’humiliation publique sont réprimées par le Code pénal. Invite les gens à la responsabilité.
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