Certains habitants de la colline Gihogazi en commune Gihogazi de la province de Karusi perçoivent très mal les propos cyniques ou ironiques de la part des leaders et des concitoyens face à des situations difficiles comme la pauvreté. Ce comportement peut nuire à la cohésion sociale.
Des habitants de Gihogazi s’insurgent contre un langage plein d’ironie et ou teinté de cynisme tenu par des leaders politiques et certaines personnes riches par rapport à des conditions de vie difficiles vécues par les citoyens ordinaires. Ils indiquent qu’il existe des personnes qui disent que la population burundaise est rassasiée alors qu’il y a des groupes de gens qui crèvent de faim.
D.K, habitant de la colline Gihogazi considère que ce genre de langage est utilisé pour se moquer des autres. « On parle de surproduction alors que les prix des produits alimentaires se sont envolés. Nous avons un problème de carburant avec des pénuries répétitives. Ce qui complique la vie. Certaines autorités déclarent que le carburant est disponible et qu’il coule comme de l’eau. C’est vraiment se moquer des gens ».
Sylvie Ndayisenga, une habitante de la même colline, fait savoir que l’ironie est devenue un langage à la mode chez certains. « Ils se moquent des pauvres. On peut aller travailler pour un patron et il commence à dire que tu vas mieux que lui. Cette ironie et ce cynisme traduisent le mépris et l’orgueil ».
Même lecture chez un autre citoyen qui souligne que le cynisme peut engendrer la méfiance, les divisions et la haine dans la communauté. « Au bout du compte, cela peut provoquer des violences ». Et d’appeler ses concitoyens et les leaders à éviter tout langage susceptible de provoquer la violence.
Plutôt compatir
Selon Otto Mbazumutima, conseiller chargé des questions sociopolitiques et juridiques de la commune Gihogazi, les leaders et d’autres personnes qui utilisent un langage ironique et cynique veulent dissimuler leurs responsabilités et protéger leurs intérêts. « Le langage d’ironie est utilisé pour se moquer des gens. Les auteurs font tout pour empêcher la population de se plaindre. Mais, quand on n’a plus de pouvoir, on ne peut pas échapper à la population ».
Il estime qu’un langage ironique et cynique dans un contexte où les gens souffrent attise la méfiance, la haine et les violences. Il considère que dans la communauté, ceux qui sont touchés peuvent chercher à se venger.
Selon le sociologue Patrice Saboguheba, en tenant un discours ironisant, cynique et sadique face à une situation catastrophique, les gestionnaires de la chose publique visent à se dérober devant toute responsabilité. Il fait savoir que des déclarations comme « le carburant se verse comme de l’eau » alors que la pénurie est récurrente, sont vues comme un déni de la réalité et un mépris face aux souffrances quotidiennes des citoyens.
Pour cet expert, ces leaders politiques le font sciemment. Politiquement, ils deviennent des démagogues. « La démagogie c’est quand vous savez que la situation est difficile et que vous tentez de montrer que la situation est bonne et que tout le monde doit y croire ».
M. Saboguheba indique que les victimes de la situation dramatique sont davantage blessées. Les autorités tentent de calmer la situation alors que les choses s’empirent. « 80% de ceux qui les entendent parler ainsi refoulent la colère. Alors, à force d’accumuler ces mécontentements et blessures, il suffit d’un petit incident pour que la population se révolte ».
Il invite les leaders à arrêter des discours sadiques, ironiques et cyniques. Il insiste sur l’importance de dire la vérité, de compatir avec la population et de trouver des solutions adéquates. « La population attend des autorités non pas des sarcasmes mais des mesures concrètes ainsi qu’une communication responsable ».
Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu
Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.
Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.