Vendredi 12 septembre 2025

Politique

Chronique sur les messages de haine/Commune Muhanga : Transmettre les préjugés à la jeune génération perpétue la méfiance

28/07/2025 Commentaires fermés sur Chronique sur les messages de haine/Commune Muhanga : Transmettre les préjugés à la jeune génération perpétue la méfiance
Chronique sur les messages de haine/Commune Muhanga : Transmettre les préjugés à la jeune génération perpétue la méfiance
Des habitants de la colline Gashibuka appellent les parents à la prudence dans ce qu’ils disent aux enfants sur le passé

La manipulation et l’instrumentalisation des enfants sur base des clivages sont néfastes pour la société. Certains habitants de la commune Muhanga, province de Butanyerera, prônent une éducation à la paix.

Dans un pays comme le Burundi régulièrement endeuillé par des violences et des conflits ethniques, la transmission des préjugés et stéréotypes par des familles aux enfants est dangereuse. Elle joue un rôle central dans la poursuite des violences de masse. Elle entretient un climat de méfiance, de peur et de haine entre groupes sociaux ou ethniques.

Aline Ndayisenga, une habitante de la colline Gashibuka dans la commune Muhanga indique que, partant du passé douloureux, certains parents enseignent la division ethnique à leurs enfants. « Ils ont été fortement touchés qu’ils veulent même associer leurs progénitures. Les jeunes ne doivent pas tomber dans ce piège. »

La colline Gashibuka a connu des atrocités dans le passé. Elle compte deux sites de déplacés. Les habitants considèrent qu’une sorte de méfiance ne peut pas manquer. Certains parents tutsis peuvent montrer que les membres de la communauté hutu sont des malfaiteurs. Les hutu peuvent faire de même. Ils se basent sur leur histoire douloureuse et cela crée un sentiment de méfiance et de suspicion. », explique un habitant de cette colline.

Un autre habitant fait remarquer par contre que des enfants des hutu et des tutsi jouent ensemble et que personne ne doit les séparer par des manipulations et instrumentalisations ethniques. « Il n’est pas question de les séparer. Ils sont l’espoir et le meilleur ‘avenir du pays. Ils ont besoin d’être sensibilisés sur l’amour, le respect mutuel et la cohésion sociale. »

Pour les habitants de Muhanga, les conséquences des divisions sont graves. Les enfants grandissent en croyant que rejeter, mépriser ou craindre un groupe de gens est légitime. « Cela banalise les discours de haine et les comportements discriminatoires. »

Tout cela risque de reproduire des conflits. Ils indiquent que ces idées nourrissent une culture de division intergénérationnelle. « Même après des périodes de guerre, la méfiance et la peur persistent. Elles peuvent facilement raviver les tensions. »

Épargner les enfants

Selon Méthode Habonimana, chef de la colline Gashibuka, un enfant élevé avec l’esprit de rejet de l’autre aura du mal à collaborer, étudier ou travailler avec ceux qu’il considère comme des ennemis. Cela provoque la fracture sociale.

Il conseille les familles d’élever leurs enfants dans l’amour du prochain car, les jeunes générations ne doivent pas être victimes du passé.

Pour la sociologue Patrice Saboguheba, les enfants ne doivent pas hériter de la haine, des préjugés et de la violence. Il considère que la transmission des préjugés à la jeune génération freine les processus de dialogue, de pardon et de justice transitionnelle. Les préjugés empêchent également de reconnaître la souffrance de l’autre et bloquent la construction d’une mémoire partagée.

Il considère que la transmission des préjugés sans précaution est l’un des mécanismes invisibles qui perpétuent les conflits. La paix durable exige leur déconstruction à travers l’éducation, les médias, les familles et les institutions publiques.

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