A Cibitoke les croyances superstitieuses sont enracinées. Sur l’existence de la sorcellerie, des habitants de la colline Mparambo sont divisés. Certains le confirment sur base des faits, des gestes et des mots des sorciers. D’autres parlent de simples accusations par suspicion.
Les suspicions deviennent destructrices quand elles remplacent la rationalité, la justice et le dialogue. Elles peuvent engendrer des violences, nuire à la cohésion sociale et ralentir le développement.
En commune Cibitoke, la population témoigne. Un habitant de la colline Mparambo parle du cas d’un certain Ndabarusha surnommé Ndabarushuburozi (Je vous surpasse en matière de poison et de sorcellerie). Celui-ci devait de l’argent à son employé. Au lieu de lui donner son salaire, il l’a menacé de le faire monter sur une antenne. « Aussitôt dit, aussitôt fait. Le jeune s’est retrouvé à l’antenne tout nu portant seulement un sous-vêtement. Quand on l’a fait descendre, il n’a pipé mot. Il était comme muet. »
La population en ébullition s’est jetée sur la maison de l’auteur de cet acte et l’ont détruite. « Sa famille a échappé de justesse au lynchage. Elle a été sauvée par la police ».
Un autre habitant indique qu’il a vu un sorcier de ses propres yeux. « J’ai attrapé un homme habillé en haillons, une peau d’un animal sur la tête. Il portait également des feuilles de bananes sèches (ibihunda) en train de faire des incantations. Il m’a menacé. » Si tu le dis, tu mourras. » »
Jean Ndayizeye parle de simples suspicions et d’une volonté de nuire. Pour lui, une personne haïe peut être accusée de sorcellerie afin de lui faire du mal.
Une sexagénaire déplore également des accusations de sorcellerie portées contre elle. Elle parle d’un policier qui l’a accusée publiquement de l’avoir emproisonné. « Il a menacé de me tuer avec son arme. Je suis restée silencieuse. Une dame qui était sur place est intervenue pour me défendre. Elle a fait savoir que c’est injuste d’accuser quelqu’un de sorcellerie sans preuves. »
Selon Adrien Hatungimana, chef de la colline Mparambo, les suspicions sur base de croyances superstitieuses sont monnaie courante dans cette localité. Il parle de cinq cas recensés et des familles accusées de sorcellerie qui ont failli être lynchées par la population. « Si un individu ou une famille sont accusés de sorcellerie, nous intervenons pour le mettre dans un lieu sûr pour sa sécurité. »
S’en défaire
M. Hatungimana trouve que certains actes montrent que l’accusation de sorcellerie est juste mais, l’administration ne peut pas le cautionner. « Pour éviter que cette situation ne dégénère en violences, nous tenons des réunions de sensibilisation sur la cohabitation pacifique. Nous insistons également sur la nécessité de se défaire de toute pratique superstitieuse. »
Selon le sociologue Richard Nkunzimana, depuis belle lurette, certains Burundais croient en l’existence des forces occultes et en la détention des esprits maléfiques par certains. « La sorcellerie existe mais, il est difficile de le prouver. Ni la loi ni la science ne définissent ses caractéristiques. »
Il estime que les suspicions fondées sur des croyances superstitieuses peuvent avoir des conséquences graves. « Des personnes accusées de sorcellerie sont agressées et souvent lynchées sans preuve. Dans l’ancienne commune Nyabiraba, de l’ex-province de Bujumbura ou six personnes ont été ignominieusement tuées. En plus, l’exclusion sociale devient la norme et le tissu social est détérioré. »
Pour éviter l’irréparable, le sociologue invite les gens à la retenue. Il fait savoir que si une chose suspecte se produit dans une société, l’administration doit être informée. Il invite les autorités à sensibiliser la population sur l’existence des forces non maîtrisables mais qui ne doivent pas être une source de divisions.
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