Certains habitants de la colline Shari de la commune Bubanza dénoncent des messages ambigus ou contradictoires qui créent une confusion par rapport à la réalité. Ils invitent les récepteurs à ne pas réagir de manière impulsive ou violente.
Les messages qui sèment la confusion peuvent engendrer des violences en alimentant l’incertitude, la peur et la méfiance au sein d’une population déjà fragile. La confusion alimente les rumeurs qui se propagent rapidement suite à l’absence d’informations claires et précises.
Pour Jean Ndayisaba, habitant de la colline Shari, en 2015, la population a été plongée dans une confusion totale ne sachant pas quoi faire suite à la tentative d’un coup d’État. « Certains disaient que le président Nkurunziza avait été destitué et que le nouveau président était Niyombare. Certains l’y ont cru et d’autres disaient que c’était impossible. Nous avons été déboussolés puisque nous ne savions pas ce qui se passait réellement. »
Un autre habitant indique que des gens ont été plongés dans l’incertitude, certains ayant même fui le pays par peur. Cela a même rappelé l’assassinat du président démocratiquement élu. « Melchior Ndadaye a été tué et la guerre a suivi. Nous pensions que Pierre Nkurunziza allait subir le même sort. »
De son côté, Emelyne Nduwimana part d’une information beaucoup plus récente qui a conduit la population dans la confusion après les élections collinaires du mois d’août 2025. Elle fait savoir que des informations ont circulé selon lesquelles un candidat élu a été retiré de la liste. Ce qui a frustré la population. « Heureusement que c’était un mensonge. Sinon, nous étions sur le point de déprimer. »
Un autre habitant de la sous-colline Nyagonga indique que les informations qui sèment la confusion provoquent la panique au sein de la société. Il considère que ceux qui diffusent de tels messages veulent diviser les gens et semer la haine et la méfiance.
Des messages dangereux
Il s’agit du même constat chez M.K, qui précise qu’il se crée deux groupes antagonistes : les uns adhèrent aux messagex au moment où d’autres n’y croient pas. « Ces groupes peuvent se dresser l’un contre l’autre. Tout cela peut engendrer des violences de masse. »
D’après Joachim Nduwumukama, secrétaire exécutif de la commune Bubanza, les messages qui sèment la confusion sont surtout liés aux rumeurs sur l’insécurité. Certains parlent d’ennemis qui veulent entrer dans la commune Bubanza pour atteindre la forêt de la Kibira. « L’objectif est de faire fuir la population. »
Il indique que lorsque de tels messages se manifestent, l’administration organise des réunions de pacification et d’information dans les différentes localités pour rassurer la population. « Nous disons aux habitants de rester sereins et de maintenir la paix et l’harmonie entre eux. »
Selon le socio-anthropologue Blaise Izerimana, les messages qui sèment la confusion sont diffusés soit volontairement soit involontairement. Ils créent des ambiguïtés. Ils engendrent une incertitude sur la réalité. Il explique que lorsque les gens ne savent pas quoi croire, ils peuvent réagir de manière impulsive ou violente, par peur ou par précaution.
Pour lui, les messages qui sèment la confusion sont monnaie courante dans les sociétés marquées par des crises. Des informations peuvent être manipulées, et les gens peuvent être enclins à croire à des rumeurs ou à des théories du complot.
Blaise Izerimana fait savoir que les messages qui sèment la confusion affaiblissent la cohésion sociale et ouvrent la porte à la manipulation, à la peur collective et à la violence. D’où l’importance d’une communication claire, vérifiée et responsable, particulièrement en période de crise.
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