Mardi 09 septembre 2025

Politique

Chronique sur les messages de haine/Cibitoke : Le désespoir du peuple, un vecteur de violences

09/09/2025 0
Chronique sur les messages de haine/Cibitoke : Le désespoir du peuple, un vecteur de violences
Pour les habitants de Rukana, le gouvernement doit promouvoir le bien-être de la population afin qu’elle ne sombre pas dans le désespoir

Certains habitants de la zone Rukana, commune Cibitoke, province de Bujumbura, trouvent que le désespoir collectif est un signal d’alerte. Il annonce une société en souffrance, exposée à des risques de crises sociale ou politique majeures. Ils appellent les autorités à fournir des efforts pour satisfaire les besoins de la population.

L’administration à la base précise que la zone compte 5 collines composées de 28 sous-collines. Elle enregistre plus de 6 mille ménages avec plus de 20 mille habitants. Parmi les 28 sous-collines, seules 4 sont alimentées en eau potable. Cette situation couplée à la flambée des prix des produits de première nécessité fait que la population se désespère.

Cécile Gakobwa, une habitante de cette zone, fait savoir que la question du manque d’eau dépasse l’entendement. C’est comme s’ils ont été oubliés par le gouvernement. « Beaucoup de gens ont commencé à émigrer vers des centres urbains où il y a de l’eau. Nous craignons des maladies comme le choléra et bien d’autres.»

Elvis Ndayizeye déplore que la situation se dégrade. Beaucoup de gens se considèrent même comme abandonnés. « Il n’y a pas de carburant et le déplacement est problématique. Il y a une flambée des prix des produits alimentaires. Malheureusement, les sources de revenus s’amenuisent. Des gens sont dans le désespoir à cause de cette vie chère et de la pauvreté. »

Pour un autre, les politiques ont fait des promesses à la population mais ils ne joignent pas la parole aux actes. La situation continue de se dégrader avec le manque de tout le nécessaire. « Nous ne comprenons pas comment cela se passe alors que le gouvernement est là. La population cesse de croire en l’État, la justice, les élections ou tout autre cadre institutionnel. Cela favorise le repli identitaire, la radicalisation ou l’adhésion à des mouvements extrémistes. »

Pour Jean Ndayizeye, si l’État ne répond plus aux besoins (justice, emploi, sécurité, dignité), les gens désespérés cessent de croire aux moyens pacifiques de changement. « Nous sommes dans une région de fortes turbulences avec des guerres à l’Est de la RDC. Des gens désespérés intègrent les groupes rebelles. Ils peuvent alors basculer vers des actions violentes pour se faire entendre. »

Manipulation de la population

M.F, une quinquagénaire, explique qu’un peuple désespéré est victime d’une manipulation par des leaders radicaux. Des politiciens ou extrémistes peuvent exploiter le désespoir pour attiser la haine, désigner des boucs émissaires (ethnie, religion, classe sociale, …) et inciter à la violence.

Selon ces habitants, le désespoir crée un sentiment d’abandon ou de non-valeur. Il donne une impression que la vie n’a plus de sens ni de valeur. Cela pousse certains à commettre ou soutenir l’irréparable, pensant n’avoir plus rien à perdre. Ils invitent l’État à satisfaire les besoins de la population en rendant disponible ce qui est nécessaire pour son bien-être.

D’après le psychologue Alexis Nibigira, les gens manifestent un sentiment de désespoir dans des situations de souffrance intense lorsqu’ils se sentent dépassés, impuissants face à des situations difficiles. « Il y a plusieurs causes notamment les traumatismes liés aux violences, la perte des biens et des personnes proches, le manque d’emploi, le manque de services sociaux de base, les conditions de vie difficiles et la pauvreté extrême. »

Il considère que le désespoir collectif est un déclencheur puissant de violences de masse. Il naît du sentiment d’injustice prolongée, de l’absence d’espoir et de voies pacifiques d’expression. Le désespoir d’un peuple ou d’un groupe social, dit-il, peut devenir un terreau fertile pour les violences de masse, surtout lorsqu’il s’accompagne de frustrations prolongées, d’exclusion ou d’humiliation.

Pour y remédier, il invite à restaurer la confiance, l’espoir, la justice sociale ; à garantir l’équité, l’inclusion, la justice, l’écoute active des citoyens ainsi que des perspectives d’avenir réelles pour tous. Il appelle également les gens à la résilience, à se dépasser et à être forts dans des situations difficiles.

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