Mardi 23 septembre 2025

Santé

Choléra à Bujumbura : « Comment être propre sans eau ? »

23/09/2025 0
Choléra à Bujumbura : « Comment être propre sans eau ? »
Un égout bouché par des immondices dans la zone Buyenzi, en bas du marché de Ruvumera

Face à la résurgence du choléra dans plusieurs quartiers de Bujumbura, les autorités appellent au respect strict des mesures d’hygiène. Mais comment se laver les mains quand l’eau n’arrive qu’une fois par semaine ? Les habitants dénoncent l’impossibilité de suivre les recommandations sanitaires.

La province de Bujumbura fait face à la réapparition du choléra dans plusieurs de ses localités. À l’hôpital Prince Régent Charles, plusieurs patients sont actuellement pris en charge, notamment en provenance de la zone Buyenzi. Face à la situation, l’administrateur de la commune Mukaza a profité des récents travaux communautaires pour appeler la population à redoubler d’efforts en matière d’hygiène. Mais les habitants de certains quartiers dénoncent le manque d’eau potable et l’insalubrité croissante, qu’ils considèrent comme les principaux obstacles à cette lutte sanitaire.

Cependant, des habitants de Buyenzi affirment que, malgré leur volonté, il leur est difficile de répondre à cet appel. En cause : l’absence d’eau potable et l’insalubrité persistante dans plusieurs coins du quartier.

Des conditions sanitaires dégradées

Dans l’une des rues principales de Buyenzi, en bas du marché de Ruvumera, là où les bus en partance pour Gatumba, à la frontière burundo-congolaise, stationnent, un égout bouché dégage une forte odeur, avec des eaux usées stagnantes qui longent les habitations.
« Cela fait un bon moment que cet égout est bouché. Vous pouvez voir les eaux usées mélangées aux matières fécales qui s’écoulent dans la rue, dégageant une odeur nauséabonde. Avec les cas de choléra qui commencent à apparaître, nous craignons que la situation ne s’aggrave davantage et ne provoque la propagation d’autres maladies », témoigne un chauffeur de bus.

Il ajoute qu’il y a même des restaurants tout près de cet égout, ce qui rend la situation encore plus préoccupante pour les gens qui mangent dans ces établissements.

Le manque d’eau, un défi majeur

Un autre habitant de cette zone affirme avoir entendu que le choléra refait surface et que l’administrateur de Mukaza a lancé un appel à la population pour renforcer l’hygiène. Mais selon lui, il est difficile de mettre ces recommandations en pratique, étant donné l’état des égouts bouchés et la pénurie d’eau qui devient un véritable problème.

« On a déjà entendu l’appel lancé par l’administrateur de Mukaza concernant cette épidémie, mais comment cela pourrait-il être possible sans eau ? Dans notre quartier, on reçoit l’eau une ou deux fois par semaine seulement, et on est obligés d’aller en chercher dans les lacs. Sans eau, on ne peut pas se protéger contre les maladies liées à l’insalubrité. Notre santé est en danger, surtout qu’on sait déjà que le choléra a réapparu. »

D’autres quartiers également touchés

Au-delà de la zone Buyenzi, des cas de choléra ont aussi été signalés dans d’autres quartiers de la province de Bujumbura. Plusieurs restaurants de ces localités présentent un manque d’hygiène. Tant les gérants que les habitants dénoncent le manque d’eau, qu’ils considèrent comme la cause principale de l’insalubrité observée dans ces établissements, et craignent la propagation de la maladie.
« Nous ne sommes pas à l’aise avec le manque d’hygiène qu’on observe dans ces restaurants, mais on n’a pas vraiment le choix. Avec nos faibles moyens, ce sont les seuls endroits accessibles. On a quand même peur d’y attraper des maladies », confie un habitant.

Une gérante d’un restaurant situé dans la zone Kamenge voit elle aussi la pénurie d’eau comme la principale cause de l’insalubrité observée dans plusieurs établissements de restauration.
« Ces derniers temps, nous faisons face à une pénurie d’eau récurrente dans notre quartier, ce qui rend l’hygiène de plus en plus difficile à maintenir », explique-t-elle.

Elle ajoute que même si aucun cas de choléra n’a encore été signalé dans leur zone, ils ont entendu parler de cas dans d’autres zones comme Bukirasazi, Kinama et la commune Cibitoke.

Des demandes urgentes d’intervention

Des patients atteints du choléra

Face à cette pandémie, les habitants demandent aux autorités locales et aux services concernés d’intervenir en urgence pour réhabiliter les égouts bouchés, assainir les milieux de vie et surtout assurer un accès régulier à l’eau potable pour renforcer les mesures d’hygiène dans les quartiers vulnérables. Selon eux, sans une action rapide, la propagation du choléra pourrait devenir incontrôlable.
« Nous demandons que cet égout soit réparé avant le début de la saison des pluies. Avec la pluie, ces eaux sales risquent de s’infiltrer dans nos maisons. Sans oublier les mauvaises odeurs qu’elles dégagent, les maladies ne feront que se multiplier », demande une habitante de Buyenzi montrant un égout.

Un autre habitant de cette zone demande à la REGIDESO d’assurer un approvisionnement régulier en eau potable, estimant qu’aucune mesure d’hygiène ne peut être efficace sans accès à cette ressource essentielle.
« Nous sommes prêts à participer aux travaux communautaires pour maintenir l’hygiène dans notre quartier, mais nous demandons à la REGIDESO de nous donner de l’eau, surtout dans cette période où le choléra est en train de réapparaître. Sinon, tous les efforts en matière d’assainissement restent vains. »

Dans d’autres quartiers de la province de Bujumbura, des habitants plaident également pour un meilleur accès à l’eau potable. Ils estiment que sans cette ressource essentielle, il est difficile de respecter les règles d’hygiène.
« Nous demandons à la REGIDESO de nous fournir de l’eau en quantité suffisante. À Kinama, c’est devenu très difficile de vivre sans eau potable », déclare un habitant de cette zone.
Il ajoute que le problème ne se limite pas à l’eau, qu’il y a aussi des déchets non évacués qui s’accumulent un peu partout. « Si rien n’est fait, on risque de faire face à une autre crise sanitaire ».

Alerte du ministère de la Santé

Le ministère de la Santé, via son porte-parole, alerte à travers un message audio sur l’augmentation des cas de choléra observés ces derniers jours dans plusieurs localités de la province de Bujumbura et ses environs.

Dans ce spot, on explique les différents signes distinctifs de ce fléau, dont les vomissements et la diarrhée aiguë. Il alerte que le choléra est une maladie hautement contagieuse et potentiellement mortelle si le patient n’est pas pris en charge rapidement.

Le ministère lance un appel pressant à la population pour le respect strict des mesures d’hygiène, entre autres : se laver régulièrement les mains avec de l’eau propre et du savon, et plus particulièrement avant de manger, d’allaiter ou après avoir aidé un malade ; utiliser de l’eau potable pour la cuisson et le rinçage des aliments ; administrer des boissons réhydratantes, à l’exception des boissons alcoolisées, à une personne présentant des symptômes avant de l’emmener rapidement à l’hôpital.

Le ministère de la Santé encourage également les citoyens à signaler rapidement aux services de santé et à l’administration les cas suspects, afin de limiter la propagation de la maladie dans les communautés.

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