Campagne de distribution des moustiquaires entachée d’irrégularités

Les moustiquaires distribuées étaient issues d’un important don de plus de 7,9 millions d’unités, financé à hauteur de 28 450 772 dollars américains par le Fonds Mondial de lutte contre le Sida, le Paludisme et la Tuberculose. Cette campagne de distribution, bien qu’importante pour renforcer la lutte contre le paludisme au Burundi, n’a pas bénéficié à l’ensemble de la population.
« Les jours de l’enregistrement, des agents sont passés chez nous pour enregistrer le nombre de personnes vivant dans le ménage. Ils nous ont ensuite remis un coupon à présenter le jour de la distribution. Le jour venu, j’ai envoyé le groom avec le coupon, mais il est revenu les mains vides. La distribution avait commencé très tard », témoigne un habitant de la zone Gihosha.

Un autre habitant de la zone Kanyosha raconte que malgré plus de deux jours passés à se rendre au point de distribution dès le matin, ils n’ont jamais pu recevoir de moustiquaires.
« La distribution ne commençait que vers 16h, et même là, on nous parlait de problèmes de connexion. Après plusieurs jours à s’y rendre sans succès, beaucoup ont fini par se décourager et ont abandonné ».

H.C, habitant de la même zone fait savoir que, même parmi ceux qui ont reçu des moustiquaires, la quantité remise était inférieure à celle prévue. Il raconte avoir reçu une seule moustiquaire alors que son coupon en indiquait deux.

Il cite également un voisin dont le ménage devait bénéficier de cinq moustiquaires, mais qui n’en a obtenu qu’une seule. D’autres habitants affirment que certains ménages ont été sautés ou oubliés lors de l’enregistrement, ce qui a privé plusieurs familles de moustiquaires.
« Chez moi, les agents chargés de l’enregistrement ne sont jamais passés. Je pensais qu’ils viendraient pendant mon absence, mais après avoir demandé aux autres membres de la maison, ils m’ont confirmé qu’en réalité, personne n’est venu », s’indigne une habitante de Nyabagere.

D.S explique qu’habituellement, les agents demandaient aux voisins d’enregistrer les ménages absents et laissaient un signe sur la porte pour indiquer que ces ménages avaient été enregistrés. Mais cette fois, cela n’a pas été fait. Il précise aussi qu’il ne serait pas allé au point de distribution sans le coupon requis.

Problèmes techniques évoqués par les agents lors de la distribution

Bien que cette campagne de distribution ait été entièrement digitalisée pour en améliorer l’efficacité, plusieurs habitants rapportent que les agents chargés de la distribution se justifiaient fréquemment invoquant des problèmes techniques. Ils parlaient notamment de connexions défaillantes ou de QR codes se trouvant sur les moustiquaires devenues illisibles, ou du matériel insuffisant partagé entre plusieurs agents.

Ces habitants affirment avoir demandé en vain une prolongation du temps de distribution. « Il aurait été logique de prolonger les jours de distribution, surtout avec les problèmes techniques évoqués. Durant cette période, obtenir une moustiquaire relevait presque de l’impossible », déplore un habitant de la zone Gatumba.

Ils ajoutent qu’une brève suspension d’une journée a eu lieu, mais que la reprise de la distribution n’a duré qu’une seule journée. « On croyait que la redistribution allait se poursuivre de manière prolongée, mais elle n’a duré qu’une seule journée ».

Les habitants estiment que si les difficultés rencontrées étaient réellement dues aux problèmes techniques évoqués, le ministère de la Santé devrait envisager une nouvelle phase de distribution.

Ils se disent convaincus que toutes les moustiquaires qui leur étaient destinées n’ont pas été entièrement écoulées espérant qu’une nouvelle distribution permettra de combler les manquements constatés.

Contacté à plusieurs reprises, le porte-parole du ministère de la Santé publique, Dr. Polycarpe NDAYIKEZA n’a pas voulu réagir sur ces manquements et ces plaintes exprimées par la population.