Appuyées par CRS et Caritas, les communautés de la zone Buterere mettent en place des solutions locales pour anticiper et réduire l’impact des inondations.
Une journée de mobilisation communautaire organisée ce samedi 23 août 2025 par les autorités locales, en collaboration avec Catholic Relief Services (CRS) et Caritas Burundi, a marqué une nouvelle étape dans le projet de « Réduction des Risques de Catastrophes dans la zone urbaine de Buterere ». L’évènement a permis de remettre du matériel aux comités communautaires de réduction des risques de catastrophes des neufs quartiers de la zone Buterere (ancien découpage administratif) et de lancer des travaux de curage de la rivière Kinyankonge. Objectif : réduire les risques d’inondations et renforcer la résilience des habitants face aux aléas climatiques, en impliquant pleinement les autorités et la population.
La remise de matériel s’inscrit dans les plans d’action des comités, élaborés avec l’appui du projet et de la PFN-PRGC. Les autorités provinciales, dont le gouverneur de la province de Bujumbura et l’administrateur de la commune Ntahangwa, ont pris part aux activités aux côtés d’une population venue nombreuse pour atténuer les effets des inondations récurrentes.
Dans son allocution, Mme Diallo Dieynaba, directrice des programmes de CRS, a salué l’engagement des communautés locales face aux effets du changement climatique. Elle a qualifié la journée de mobilisation communautaire de « très productive », rappelant qu’elle s’inscrit dans plus d’un an et demi de travail mené avec les comités de gestion des risques de catastrophes pour élaborer et mettre en œuvre des plans d’action de réduction des risques.
« Ce jour marque une preuve de l’engagement des différentes parties prenantes dans un processus de dynamisme communautaire face aux dangers liés au climat », a-t-elle déclaré, tout en soulignant que la force collective reste essentielle pour prévenir les risques de catastrophes.
Mme Diallo a encouragé les habitants à poursuivre leurs efforts : « N’attendez pas beaucoup de l’extérieur. Sachez qu’ensemble vous êtes une force. Mettez-vous ensemble pour trouver des solutions face à ce problème qui nous hante tous. »
Le projet appuie particulièrement les ménages les plus vulnérables par des actions anticipatoires et des mesures de préparation, permettant de mieux protéger vies et moyens de subsistance. Elle rappelle que ce programme contribue à renforcer les capacités locales et à dynamiser la réduction communautaire des risques de catastrophes naturelles. « Ce projet est une opportunité de développement pour le Burundi en général, la commune Ntahangwa et la zone Buterere en particulier », a conclu Mme Diallo, tout en remerciant l’ensemble des acteurs et des communautés impliqués.
La Responsabilité collective

Le gouverneur de la province de Bujumbura, le général-major Aloys Ndayikengurukiye, a salué la forte participation de la population. Il a rappelé que ces initiatives sont essentielles à l’approche de la saison des pluies, période à haut risque pour les rivières non encore aménagées.
« Si la saison des pluies commence alors que ces rivières ne sont pas aménagées, ce serait catastrophique ». Il a exhorté CRS à poursuivre son appui à la commune Ntahangwa soulignant que la responsabilité est collective : « C’est notre responsabilité à tous ! Nous devons fournir davantage d’efforts pour protéger l’environnement et lutter contre l’insalubrité. »
Le gouverneur a également rappelé la campagne présidentielle « Zéro déchet », tout en soulignant que chacun doit contribuer à cet objectif, que ce soit dans les ménages ou sur les lieux de travail. « C’est la priorité de la province », a-t-il insisté.
Il a conclu son discours en appelant la population présente à maintenir la dynamique communautaire : « Les travaux ne s’arrêtent pas ici, ils doivent continuer. »
L’administrateur de la commune Ntahangwa, Alexis Havyarimana, a exprimé sa gratitude envers le Catholic Relief Services (CRS) et Caritas Burundi pour leur appui et rappelé que la rivière Kinyankonge, recevant les eaux des montagnes, est une cause majeure des inondations récurrentes dans la zone. « C’est pour cela qu’il y a tant de conséquences », a-t-il expliqué tout en soulignant l’importance des aménagements en cours.
M. Alexis Havyarimana a également lancé un appel aux bénéficiaires des appuis reçus : « Je demande aux habitants de ne pas vendre ce qu’ils ont obtenu, mais de les conserver soigneusement et les utiliser pour l’intérêt commun. Bientôt, la saison des pluies commencera et ces biens seront d’une grande utilité.

Roger Ndikumana, Directeur général de la Protection civile et de la Gestion des catastrophes et en sa qualité de président de la plateforme nationale de prévention des risques et gestion des catastrophes, a salué l’initiative pilote menée par le CRS et Caritas à Buterere, une zone régulièrement touchée par les inondations.
« La collaboration avec CRS et Caritas illustre la pertinence d’un partenariat entre acteurs humanitaires et institutions nationales. Elle nous a permis de tester, dans un contexte réel, un mécanisme de financement rapide et flexible capable de réduire le temps de réaction face aux catastrophes », a-t-il déclaré.
Il a souligné que les équipes locales de réduction des risques, issues de neuf quartiers de la zone, ont été redynamisées, formées et mobilisées. « Ces équipes sont prêtes à intervenir rapidement pour anticiper les risques, renforcer la résilience communautaire et limiter les pertes humaines et matérielles ».
M. Ndikumana a insisté sur la complémentarité entre expertise technique, connaissances du terrain et ressources financières dédiées, soulignant l’importance d’une approche intégrée. « L’organisation conjointe des travaux communautaires, aux côtés de la population, a renforcé la cohésion sociale et ajouté une véritable valeur à la démarche », a-t-il poursuivi.
Parmi les enseignements tirés, il a mis en avant l’efficacité des dispositifs d’alerte et d’information d’urgence décentralisés et l’importance d’une planification fondée sur des données fiables, telles que la cartographie des zones à risque et l’implication active des communautés.
Il a également insisté sur la nécessité d’une coordination claire afin d’éviter la duplication des efforts et de garantir la cohérence avec les plans nationaux.
« Cette expérience doit servir de référence pour renforcer nos capacités nationales », a-t-il affirmé, tout en appelant à intégrer ce type de fonds dans la stratégie nationale de réduction des risques, à consolider le partenariat public-privé et à étendre le modèle à d’autres zones vulnérables, afin d’améliorer l’anticipation, la rapidité de réponse et la résilience des populations.
M. Ndikumana a adressé un message aux partenaires actuels et potentiels : « Nous remercions CRS, Caritas et autres acteurs pour leur engagement et leur capacité à intervenir rapidement. Il est crucial de renforcer et structurer davantage ces partenariats pour une réponse coordonnée et efficace, en partageant données, expertises et ressources. »
Il a ajouté qu’il fallait investir dans l’anticipation et la résilience, en soutenant non seulement les interventions d’urgence, mais aussi la prévention, le renforcement des capacités communautaires et des infrastructures résilientes.
Le Directeur de la protection civile a également invité les bailleurs, les entreprises privées et les ONG à rejoindre cette dynamique, afin de diversifier les financements et de proposer des solutions adaptées aux réalités locales. Pour lui, il est nécessaire d’aligner ces initiatives sur les priorités nationales pour en garantir la durabilité et l’efficacité.
La voix des bénéficiaires

Amori Bukuru, chef du quartier Mubone de la zone Buterere, a salué les équipements reçus– pelles, houes, pompes, mégaphones, brouettes essentielles à la protection de l’environnement. Selon lui, ces outils vont permettre à la population de mieux faire face à la saison des pluies. Il a expliqué que les eaux et les déchets en provenance des quartiers voisins, notamment Carama, s’engouffrent dans Mubone, aggravant les risques d’inondation.
Il a demandé aux partenaires dont CRS de contribuer dans la canalisation « du caniveau de Carama, qu’il considère comme une menace permanente », tout en remerciant l’organisation pour le soutien accordé aux ménages les plus vulnérables dont les maisons avaient été détruites par les eaux des pluies diluviennes.
En termes de portée, la directrice des programmes du CRS, Mme Diallo, a précisé que l’ensemble des populations environnantes peuvent être considérées comme bénéficiaires, directement ou indirectement, car les interventions visent à atténuer les effets des inondations récurrentes qui menacent la localité.
Pour CRS, Caritas et les autorités locales, ces actions marquent une étape supplémentaire dans le renforcement de la résilience de Buterere. Les communautés, désormais dotées d’outils et de plans d’action, sont appelées à maintenir la dynamique afin de réduire les risques d’inondations et construire un avenir plus sûr pour tous.