Mercredi 22 janvier 2025

Politique

Burundi/Élections 2025 : La Coalition Burundi Bwa Bose vole en éclats

11/01/2025 7
Burundi/Élections 2025 : La Coalition Burundi Bwa Bose vole en éclats
Agathon Rwasa : « Ne mettez plus sur vos listes, les noms des Inyankamugayo en vue d’éviter des polémiques inutiles »

Alors que la Cour constitutionnelle du Burundi venait d’accorder un délai de trois jours aux partis et coalitions politiques pour « réaménager » leurs listes de candidats aux législatives de 2025 rejetées par la Ceni, la coalition Burundi Bwa Bose explose en plein vol.

Elle va devoir voler de ses propres ailes. La coalition Burundi Bwa Bose, formée par les partis Frodebu, FDES-Sangira, CNDD et Codebu décide de participer aux prochaines élections mais cette fois-ci sans Agathon Rwasa et ses fidèles. « Nous avons pris acte de la décision de la Cour constitutionnelle de ne plus mettre sur nos listes les membres du parti CNL », confie Patrick Nkurunziza, président de ladite coalition.

Il souligne que le choix de la coalition de participer seule aux élections est irréversible quel que soit le nombre de voix qu’elle pourra engranger. « Quand bien même certains ne veulent pas que l’on participe aux prochaines élections législatives, on a décidé de continuer seuls même si on aura deux, trois ou cinq pourcents ». Subsidiairement à la décision de la Cour, révèle le président du Frodebu, la coalition est d’ailleurs accusée de collaborer avec le parti au pouvoir.

Dans les colonnes d’Iwacu, un politologue avait fait observer que l’une des forces de la coalition Burundi Bwa Bose dépendrait du comportement des leaders de cette coalition. Il avait montré également que l’une des faiblesses de cette coalition est que « les partis politiques qui se sont coalisés, à savoir le Frodebu, le Codebu, le CNDD et le FDES-Sangira, ne sont pas des partis politiques qui, aujourd’hui, ont des ancrages sociaux au sein de la société ».

Une coalition déjà minée par des luttes intestines ?

Patrick Nkurunziza : « Nous vous assurons que vous ne trouverez plus un seul Inyankamugayo ou uproniste sur nos listes »

Des sources dignes de foi proches de la coalition Burundi Bwa Bose confient que depuis les premières manifestations de la volonté de mettre en place un vaste rassemblement, certaines personnalités membres des partis de ladite coalition se sont farouchement opposé à cette idée.

« Certains contestaient déjà le fait que Rwasa allait se rallier la coalition en vue de participer ensemble aux législatives de 2025 », indiquent nos sources.

Le 28 décembre dernier, Agathon Rwasa avait déclaré que lui et ses fidèles allaient se présenter aux prochaines élections au nom de la coalition Burundi Bwa Bose.

Pourtant, la décision de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de rejeter certaines candidatures aux législatives, dont celles de la coalition, a permis de couper court à l’alliance entre Rwasa et la coalition Burundi Bwa Bose.

Selon toujours nos sources proches de la coalition, la cause de son éclatement réside notamment dans les profondes divergences entre les deux camps sur les stratégies à mener après la décision de la Ceni de recaler ses listes de candidats députés. « Considérant le caractère confidentiel ayant caractérisé les recours au sein de la coalition et le silence de ses représentants sur les questions d’intérêt commun nourris par leur comportement douteux, nous souhaitons vous informer que nous respectons les instructions qui vous ont été données. Sur ce, ne mettez plus sur vos listes, les noms des Inyankamugayo en vue d’éviter des polémiques inutiles », notifie le camp Rwasa aux dirigeants de la coalition Burundi Bwa Bose.
Et ces derniers de rétorquer : « Nous vous assurons que vous ne trouverez plus un seul Inyankamugayo ou uproniste sur nos listes ».

Kefa Nibizi, secrétaire général et porte-parole de la coalition Burundi Bwa Bose avait annoncé, dans les colonnes d’Iwacu, que la coalition est ouverte et non fermée.

Le verdict de la Cour constitutionnelle en remet une couche

Siégeant en matière du contentieux électoral, la Cour constitutionnelle du Burundi a rendu ses arrêts, lors d’une audience publique du mardi le 7 janvier 2025, sur les recours introduits contre la décision de la Ceni.

Au total, seize arrêts sont rendus par la Cour constitutionnelle. Toutes les saisines faites par les partis et coalitions politiques auprès de la Cour constitutionnelle ont été déclarées « régulières et recevables ». Et un délai de trois jours a été accordé aux partis et coalitions politiques dont leurs listes avaient été rejetées, pour les réaménager.

Pour le cas de la Coalition Burundi Bwa Bose, la Cour ordonne à la Coalition de retirer de ses listes ce qu’elle qualifie de membres du parti CNL. « Dit pour droit que le parti CNL n’est pas membre de la Coalition Burundi Bwa Bose et que les membres de ce parti ne doivent pas figurer sur les listes des candidats députés de ladite coalition ; dit pour droit que la demande de la Coalition Burundi Bwa Bose est partiellement fondée et l’autorise à réaménager, conformément aux prescriptions de la loi, ses listes des candidats députés dans les cinq provinces endéans 3 jours calendaires à compter de la signification du présent arrêt », lit-on dans l’arrêt RCCB 433, signé par Valentin Bagorikunda, président de la Cour constitutionnelle.

Il est aussi cosigné par Emmanuel Ntahomvukiye, vice-président ainsi que les autres membres de la Cour dont Liboire Nkurunziza, Jean-Anastase Hicuburundi, Salvator Ntibazonkiza, Georges Bigirimana et la greffière Irêne Nizigama. Certains observateurs de la scène politique burundaise estiment que cette décision constitue « un verre à moitié plein à la coalition ».

Pour rappel, lors d’un point de presse tenu le vendredi 3 janvier 2025 par Prosper Ntahorwamiye, président de la Ceni, il a souligné qu’il ne reste à Agathon Rwasa qu’une seule option, se retirer officiellement du CNL.


Réactions

Gaspard Kobako : « Que le plus fort gagne et que le plus apte résiste »

Le président du parti AND-Intadohoka, se réjouit que la Cour constitutionnelle ait « dit pour droit que la demande du parti AND-Intadohoka est partiellement fondée et accède à sa demande de pouvoir déposer, conformément aux prescriptions légales, ses listes des candidats députés dans les provinces de Bujumbura et de Burunga endéans trois jours calendaires à compter de la signification de l’arrêt ».

Bien qu’acculé comme dans les précédents moments de constituer les dossiers, poursuit M. Kobako, le parti AND-Intadohoka entend répondre favorablement aux exigences de cet arrêt. « Il s’est mis à pied d’œuvre. C’est une épreuve qui va le rendre encore plus fort et présent sur le terrain. Il va réussir le pari en corrigeant les équilibres ethniques et de genre dont il est accusé, mais également en corrigeant les écueils et failles constatés sur le terrain dans la recherche des candidats, pendant qu’il poursuit son implantation et son enracinement ».

Le parti AND-Intadohoka encourage les autres compétiteurs impliqués dans la course électorale pour les élections à réussir également ce pari, la coalition Burundi Bwa Bose y compris, en tenant compte des remarques leur faites par la Cour constitutionnelle. « Que le plus fort gagne et que le plus apte résiste après avoir satisfait aux exigences ».

Tatien Sibomana: « Après la décision de la Ceni, les consultations sont terminées »


Selon cet upronuste, la Cour constitutionnelle n’a fait que confirmer ce que la Ceni avait déjà pris comme décision. À la lecture de cet arrêt, note Tatien Sibomana, les membres du CNL concernés ne sont que les députés qui étaient sur les listes. C’est-à-dire ceux qui siègent actuellement à l’Assemblée nationale. « Or, celui qui se réclame du CNL de Rwasa mais qui n’est pas député n’est pas concerné par l’arrêt ».

D’ailleurs, explique toujours M.Sibomana, la Cour était saisie pour statuer sur les recours. Or, au niveau des recours, c’était pour dire non et montrer que la décision de la Ceni n’est pas conforme à la loi ou n’est pas correcte pour des raisons invoquées dans les saisines. La Cour n’avait donc pas cette largesse de dire nous prorogeons les délais. « Est-ce que ces partis qui ont introduit leurs recours auprès de la Cour l’ont-ils fait de façon isolée sans concertation avec les services du système ?», s’interroge Tatien Sibomana.

Il indique que son aile et le camp Rwasa avaient effectivement administré leurs listes au sein de la Coalition Burundi Bwa Bose. « Mais nous avons toujours demandé la tenue des réunions pour analyser ensemble les décisions de la Ceni et ses démembrements, mais il n’y a jamais eu de réunion avec ces partis prenants de la coalition. Encore moins lorsqu’il s’agissait de formuler des recours à introduire auprès de la Cour constitutionnelle. Vous vous rendez compte que le minimum aurait été de nous associer pour formuler ensemble des arguments de recours », se dit désoler Tatien Sibomana.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. Gize

    AGATHON hanze y’ikibuga !!!
    Niwe yari IGIKANGANYONI abatware bapfukisha amaso abagumyabanga.
    AGATHON hanze, IGITORO hagati mu kibuga.
    Ico umuyaga ukorera amabuo y’inkoko, igitoro kiraje kigaragaze amabuno y’INTAKOREKA mu batware ata gikanganyoni.

  2. Gacece

    « Ne mettez plus sur vos listes, les noms des Inyankamugayo en vue d’éviter des polémiques inutiles »
    – Agathon Rwasa

    Ne vient-il pas de confirmer, inconsciemment ou pas, qu’il est toujours un Inyankamugayo?

    • Kira

      J’avais déjà parlé de coalition  »cour des miracles » dans un de mes commentaires précédents. Je n’ai pas cette joie mauvaise de penser que j’avais raison un peu avant tout le monde. Quant à l’hypothèse(que confirme monsieur Tatien Sibomana) d’une alliance contre nature, même au nom d’un (im)probable realpolitik, entre le Frodebu et ses avatars d’un côté, l’Uprona  »canal historique » et/ou ses dissidents de l’autre, j’avais évoqué une  »alliance entre l’aveugle et le paralytique ». Comme je l’avais prédit(à la suite de Jean de la Fontaine), ils ne sont pas allés très loin. Maintenant, il y a lieu de se questionner sur la persistance du Frodebu et de ses succédannées à  »avaler des couleuvres ». Vraiment inquiétant.

    • Gacece

      @Kira

      Rwasa a joué et continue de jouer à un jeu dangereux. Et je ne joue pas sur le mot « Inyankamugayo ». Il a sciemment posé sa candidature dans la coalition Burundi Bwa Bose tout en sachant qu’elle allait être rejetée.

      La preuve est que la Cour constitutionnelle lui a donné un sursis de 3 jours pour démissionner comme député du CNL et rester sur la liste de la coalition. Il a préféré laisser tomber. Je doute qu’il y ait même songé.

      Autre élément qui supporte ma conviction que Rwasa a d’autres plans : pourquoi choisir de sacrifier un mandat complet de 5 ans comme député (2025 à 2030) en se faisant élire dans la coalition? Il aurait pu choisir de sacrifier les quelques 6 mois qui lui restent comme député du CNL (jusqu’aux élections de juin 2025) en démissionnant.

      Je ne comprends même pas comment les gens continuent de le considérer comme un modèle (de je-ne-sais-quoi). Rwasa n’est pas encore sorti du maquis et il n’en sortira jamais. Il ne peut donc envisager une solution qui ne passe pas par la rébellion.

      Les gens et les organisations qui connaissent ses faiblesses essaient de les exploiter à leur avantage. Il est à la croisée des chemins : il a les choix d’être un « Niyombare Bis »… ou un Rwasa 2.0.

      Je vais être plus direct :

      « M. Rwasa, vous ne pouvez plus être candidat aux élections de députés de 2025.
      Si vous n’envisagez pas de faire la campagne avec et dans le CNL, démissionnez comme député. Et allez battre campagne avec le parti ou la coalition de votre choix.
      Vos militants ont besoin de direction. Vous avez le devoir de ne les engager et de ne les conduire que dans la bonne direction.
      Le choix est le vôtre, mais les conséquences seront nôtres, nous tous Burundais.

      • Kira

        @Gacece
        Ce que vous dites a le mérite d’être clair

    • Commentateur

      A lire monsieur (madame) Gacece, on pourrait lui donner raison sauf qu’il veut que Rwasa prenne la décision sur base de ce qui arrange Gacece mais qui n’arrange pas les Inyankamugayo qui se sont vus dépouiller de leur Parti sans raison valable.
      Exiger Rwasa de démissionner officiellement de son parti politique n’était qu’un piège:
      – Rwasa a un procès en cours par rapport à la decision [du parti au pouvoir] de l’ejecter injustement de la présidence du parti CNL [qui existe depuis 2019]. Demissionner reviendrait à abandonner ce procès et privilegier ses intérêts propres à lui plutôt que les intérêts des Inyankamugayo et de leur parti.
      – A mon sens, Rwasa et ses collaborateurs ont pris une meilleure decision. Les partis qui ont créé la coalition auraient dû associer les associer afin de penser à une autre stratégie qui aurait inclu la non participation de Rwasa et ses collaborateurs mais avec un andossement et soutien de Rwasa pendant la campagne. L’objectif etant unique: Remporter les elections et ejecter le CNDD FDD du pouvoir.

    • Gacece

      @Commentateur
      Rwasa aurait plus de pouvoir en restant député. Il ne le sera plus au lendemain des élections de juin 2025, même s’il gagne son procès après.

      De plus, je suis presque sûr que ses fidèles le suivraient partout où il irait, dans une coalition ou dans un parti (nouveau ou pas [et] candidat ou pas).

      Le nom d’un parti n’est qu’un nom! Ses idéaux pourraient le suivre dans un nouveau parti. Le FNL n’est-il pas devenu le CNL?

      Stratégiquement, c’est une mauvaise décision!

      Et s’il veut aider l’opposition (ce dont je doute), il n’est pas trop tard pour discuter avec eux. C’est ce que je suggère d’ailleurs. Il n’ont qu’à attendre jusqu’au dernier jour précédant le début de la campagne pour annoncer ses couleurs. Comme cela il aura gardé le plus longtemps possible ses privilèges de député.

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