Le 5 décembre 2025, le Burundi Leadership Training Program (BLTP) a organisé un atelier de sensibilisation sur les violences numériques basées sur le genre. Destiné aux acteurs engagés dans la promotion des droits des femmes, cet atelier s’inscrivait dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, célébrés chaque année du 25 novembre au 10 décembre.
Placée sous le thème international « Unissons‑nous pour mettre fin aux violences numériques faites aux femmes et aux filles », la campagne 2025 a vu l’implication active du BLTP, déterminé à apporter sa contribution dans cette lutte.
L’atelier a réuni plusieurs personnes, notamment le représentant du ministère de la Justice, des Droits de la personne humaine et du Genre ainsi que le directeur général des ONG au ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique ; des femmes issues des partis politiques, de la société civile engagée pour les droits des femmes ainsi que les présidentes des groupements multipartites encadrés par le BLTP dans cinq provinces du pays.
Parfait Hatungimana, assistant du ministre de la Justice, des Droits de la personne humaine et du Genre a reconnu la réalité des violences faites aux femmes au Burundi. Il a appelé à une mobilisation collective pour les combattre. Il a salué l’initiative du BLTP et réaffirmé l’engagement du ministère à soutenir les actions de promotion des droits humains.
Connaître les violences numériques pour mieux les éradiquer
Pour une meilleure compréhension des violences numériques et des moyens de les combattre, le BLTP a fait appel à un expert, Dr Abbé Diomède Niyibizi.
Dans son intervention, il a révélé que 65 % des femmes et filles possédant un téléphone sont victimes de violences numériques. À travers des témoignages concrets et variés, il a illustré les multiples types et formes que peuvent prendre ces violences.
Dr Niyibizi a souligné que l’analphabétisme digital et affectif figurent parmi les principales causes de la montée de ces violences au Burundi. Il a donc encouragé les participants à mieux maîtriser l’usage de la technologie, en particulier les téléphones portables, pour se protéger efficacement.
Pour renforcer cette sensibilisation, il a présenté les différents types d’agressions numériques, leurs formes ainsi que leurs conséquences, parfois graves sur la santé mentale et la sécurité des victimes.
Il a rappelé que la cybercriminalité est réprimée par la loi burundaise n°1/09 de 2021. Il a mis en lumière l’article 26, qui punit le harcèlement par voie électronique, et l’article 28, qui sanctionne la diffusion de données à caractère personnel sans consentement.
Enfin, il a présenté aux participantes des attitudes et stratégies de communication pour se protéger et réagir face aux violences numériques.
Il a profité de l’occasion pour inviter les femmes et les filles à briser le silence, à témoigner des violences subies et à dénoncer toute forme de menace.
Après l’exposé, un temps d’échange a permis aux participants de poser leurs questions, et d’apporter des contributions enrichissantes à la discussion.
Des participants mieux outillés face aux violences numériques
Les participants ont salué la pertinence de l’exposé, affirmant qu’il leur a permis de découvrir des formes de violences numériques jusque-là méconnues. Pour eux, cette sensibilisation a été enrichissante et nécessaire pour mieux se protéger et accompagner d’autres femmes et filles.
Fidélité Mfurayimana, représentante de l’association Nturengaho, a indiqué que l’atelier lui a permis de comprendre certaines situations rencontrées sur le terrain, comme des cas de violences numériques qu’elle ignorait auparavant notamment des cas d’adolescentes victimes de violences sur les réseaux sociaux liées au partage d’images inappropriées par ignorance ou négligence.
Elle a souligné les risques des réseaux sociaux sur la réputation des filles et s’est réjouie de connaître le cadre légal existant et a promis de sensibiliser les jeunes qu’elle encadre pour les aider à se protéger et à défendre leurs droits.
Dans le même élan, Jean de Dieu Bamporubusa, représentant de la coopérative Dukure mw’iterambere, a aussi salué la tenue de l’atelier. Il a reconnu avoir beaucoup appris sur les violences numériques et s’est engagé à partager les connaissances acquises avec les membres de sa coopérative. Il a par ailleurs lancé un appel aux hommes, les invitant à renoncer à toute forme de violence et à devenir des acteurs du changement.
Vers une sensibilisation élargie et durable
Clémence Bununagi, représentante légale de BLTP a affirmé que les violences numériques sont bel et bien une réalité au Burundi.
« Durant l’atelier, nous avons entendu des témoignages concrets de Burundaises ayant été victimes de cybercriminalité. Même la loi promulguée en 2021 pour sanctionner ces formes de violences, prouve que le phénomène est bel et bien présent dans le pays. Cette loi répond à un besoin réel de protection. »

Selon elle, en abordant la question des violences numériques, l’organisation a souhaité s’aligner sur les priorités du gouvernement burundais et des acteurs mondiaux engagés dans cette lutte. Elle a souligné que ces violences freinent le leadership féminin, d’où l’urgence d’y répondre par des actions concrètes.
Elle a souligné que les précédents échanges avec des femmes et des hommes ont déjà révélé que les violences faites aux femmes, en particulier celles commises via les réseaux sociaux, freinent leur leadership. Ce qui justifie la pertinence de cet atelier.
Madame Bununagi affirme que c’est la première fois qu’ils abordent ce sujet et promet de continuer à le traiter à l’avenir, car il est clair que les gens ont besoin de mieux comprendre pour adopter un comportement approprié face aux réseaux sociaux.
Elle espère qu’après cette sensibilisation, les femmes et toutes les personnes informées changeront leur comportement face aux réseaux sociaux et qu’elles deviendront des relais essentiels pour diffuser ce message à un public beaucoup plus large que celui qui a assisté directement à l’atelier.









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