Mardi 19 mars 2024

Les billets d'Antoine Kaburahe

BILLET | Heureux, les Burundais ronflent en dormant

13/08/2022 8

J’ai beaucoup aimé le discours du Président du Sénat célébrant le sommeil et les ronflements des Burundais. Je reste convaincu que le sommeil et les ronflements d’une population sont des sujets hautement politiques pour intéresser le 3ème personnage de l’Etat.

D’après le Président du Sénat, dans notre « Burundi en paix », dès 20 heures, quand on passe près des domiciles de nos compatriotes, tout le pays vit un concert de ronflements :
« -Ouiinn…Brrr…
-Ouiinn…Brr ».
Il semble même que les dormeurs, heureux dans leur sommeil, changent de « vitesse ».
Le très vénérable Président du Sénat burundais a essayé de nous faire vivre la vitesse du ronfleur poussé à son maximum. Pour vous faire une idée, pensez à un gros camion chargé remontant sur Bugarama :
« - Zuin… Zuin… Zuin… »
Grand ronfleur devant l’Eternel, je confirme qu’il n’exagère rien ! Soit dit en passant, le Président de notre Sénat à un grand talent d’imitateur.

Visionnaire, alors que tout le monde est concentré sur la pénurie de carburant, le Président du Sénat burundais ramène la réflexion nationale à une question existentielle : le sommeil et le ronflement.

Il a raison. Dans la vie, il n’y a pas que le carburant ! Juste nuancer quand il affirme que grâce à la paix « les gens dorment bien, vivent longtemps et ne meurent plus. » Beaucoup de gens meurent malheureusement pendant leur sommeil…

Sinon, sur tout le reste, le Président du Sénat burundais a raison. Pour l’homme, dormir est aussi vital que respirer ou manger. Et puis… Qui dort dîne.

Ce soir, si vous ronflez en dormant, sachez que vous êtes un Burundais heureux.

*Diplômé de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris et Lille ,Antoine Kaburahe est entré en journalisme dans les années 1992. Ecrivain et éditeur, il a fondé en 2008 au Burundi le Groupe de Presse Iwacu . Il vit en exil depuis novembre 2015 et poursuit une carrière internationale.

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Yan

    @Margarita
    Voici le point de vue d’un autre européen qui a visité le Burundi il y a quelques mois:

    « Je suis venu au Burundi. Le Burundi est le pays le plus pauvre du monde et il a toujours été le plus pauvre presque chaque année au cours des 62 dernières années, selon la Banque mondiale, le FMI et de nombreuses autres institutions officielles. »

    https://www.youtube.com/watch?v=IWZcJn1Fpaw

  2. Bellum

    Tout va très bien madame la marquise ! Tout va très bien tout va très bien ! (Remplacez Mme la marquise par Monsieur le Sénateur)
    Pas de pouvoir élu. Pas de justice juste et impartiale. Pas de droit à la vie et à l’intégrité physique. Tout va très bien madame la marquise ! Tout va très bien tout va très bien !
    Pas de travail. Pas d’école d’où 150 enfants par classe assis par terre. Tout va très bien madame la marquise ! Tout va très bien tout va très bien.
    Pas de carburant. Pas de bus. Pas de ciment. Pas de sucre. Pas de bière. Pas de viande. Tout va très bien madame la marquise ! Tout va très bien tout va très bien !
    Pas de respect pour les masses misérables face à l’étalage des fabuleuses richesses des en-haut-d-en-haut. Tout va très bien madame la marquise ! Tout va très bien tout va très bien !

  3. Rukara

    Comment peut on s’imaginer une seconde que les gens sont heureux au Burundi actuel?
    Ce dirigeant parle sûrement de ce petit cercle autour de lui qu’il côtoie quotidiennement et qui ronfle toute la nuit Il ne parle sûrement pas de la majorité silencieuse qui n’ose plus ouvrir leur bouche de peur de disparaître sans laisser de traces.
    Toutes les fois que les gens disparaissent, ils s’ensuivent des enquêtes sans lendemain.
    Le résultat est un traumatisme collectif, tout le monde sait qu’il ne faut pas critiquer un gouvernement qui se s’auto félicite: un gouvernement mveyi (protecteur) et nkozi (travailleur).
    Aujourd’hui, cet état burundais est parvenu à publiquement exprimer que c’est un état qui ne peut pas se tromper, commettre des fautes, etc…
    ”ntawuribwa ninzoka ngo agende kwitwara kwisato”, je cite la le chef de l’état burundais qui donne le ton. Ou va le Burundi avec cette attitude des dirigeants. Comme pour dire même si nos performances sont catastrophiques, taisez vous vous n’avez rien a dire.
    Chers dirigeants, laisser les gens vous juger a vos actes comme l’a si bien dit le héros national burundais le prince Louis Rwagasore au lieu de les faire disparaître sans suite, ils vous expliqueraient exactement qu’ils ne ronflent pas même si vous voulez les faire ronfler par force.
    Apparemment c’est une pratique courante au Burundi j’en ai une amère expérience personnellement lors de mon tout recent voyage dans ce pays, de vous faire croire l’inverse de.la réalité. C’est un autre sujet les leçons de ce voyage.

  4. Margarita

    Les interventions de nos augustes dirigeants:
    1) Le président de la république sur le barrage Mpanda;
    2) Le ministre des finances sur notre richesse;
    3) Le président du sénat qui parle de notre sommeil lorsque l’économie sombre;
    embarrassent toujours. Ces interventions passeront à la postérité de toute façon.
    Un ami européen qui a vécu au Burundi m’a demandé s’ils ont étudié dans les même écoles que: Mayugi, Eugene Nindorera, Nibigira, Barakana, etc..
    I was just speechless.

    • Yan

      @Margarita
      Votre ami européen ne me connait certainement pas; et pourtant Eugène Nindorera, Mayugi, etc, on a fait quelques 400 coups ensemble!
      Par ailleurs je ne sais pas où tu veux en venir, mais si ces gens que tu cites avaient été suffisamment malins, ils auraient pu vous éviter l’arrivée des ces dirigeants augustes que tu adores (et dénigre) tant, en gérant le pays de façon à lui éviter des guerres tribales et des crises économiques qui les ont suivi.

      • Margarita

        Ils avaient quand même une communication d’une autre nature qui se rapproche des standards internationaux.

        • Yan

          @Margarita
          En vous lisant entre les lignes, il semble que nous aurions pas mal de points de vue proches. Mais je te dirais que si nos dirigeants avaient des soucis de communications tout en faisant ce qu’il faut pour le pays (bien-être des citoyens et paix sociale), je ne m’en plaindrais pas. Car la bonne communication peut être nécessaire, tout en sachant qu’il arrive que cette communication ne soit qu’une vente de vent (akarimi comme on dit chez nous).

  5. Ronfleur du Burundi

    En tous cas il a beaucoup d’humour 🙂

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