Vendredi 26 avril 2024

Culture

Au Coin du feu avec Pamela Kazekare

21/11/2020 Commentaires fermés sur Au Coin du feu avec Pamela Kazekare
Au Coin du feu avec Pamela Kazekare

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Pamela Kazekare.

Votre qualité principale ?

J’ai beaucoup d’imagination, et mon cerveau n’a pas de limites. En général, mes amis ou mes collègues me disent que j’apporte toujours un nouvel angle intéressant quand nous discutons.

Votre défaut principal ?

Je suis ingouvernable. Je ne respecte l’autorité que quand je la trouve juste et compétente.

La qualité que vous préférez chez les autres ?

L’ouverture d’esprit et la tolérance des autres

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?

Des gens qui font perdre du temps. Des gens qui ne contribuent en rien dans l’épanouissement de l’autre, la vantardise aussi.

La femme que vous admirez le plus ?

Chaque femme qui se bat au quotidien pour elle-même, pour le bien de ses enfants et celui d’autrui.

L’homme que vous admirez le plus ?

J’admire chaque homme conscient de son privilège d’homme et qui défend le droit bafoué de la femme.

Votre plus beau souvenir ?

Le jour de la libération de Bob Rugurika. Je m’en rappelle comme si c’était hier : j’étais enceinte, et je me vois encore danser comme une folle au milieu de la foule improvisée. Je suis allée jusqu’à Kamenge avec mon amie « Shantare », et nous avons suivi le cortège en klaxonnant. Il y avait une telle joie et tellement d’espoir dans les regards de mes compatriotes. On aurait dit que le Burundi venait de gagner la Coupe du monde sans qu’on ait assisté au match. J’ai des frissons et de la chair de poule chaque fois que j’y repense.

Votre plus triste souvenir ?

Le 13 mai 2015. Quand la foule en liesse a applaudi le coup d’État qui venait d’être annoncé. Je me suis agenouillée et j’ai tellement pleuré, car tous les jours d’avant cet événement et surtout juste avant cette minute, nous nous faisions malmener et tirer dessus pour demander le respect de la Constitution du Burundi et des Accords d’Arusha : des textes qui condamnent le Coup d’État. J’ai pleuré de frustration parce que tout le monde autour de moi semblait sauter de joie et dansait. Je peine encore à pardonner ceux qui ont perpétré cet acte. Personnellement, je considère qu’ils ont trahi notre souhait.

Quel serait votre plus grand malheur ?

Que mon père décède sans avoir joué avec mes enfants, ses petits-enfants. L’exil nous a séparés. Ma fille de presque deux ans, il ne l’a vue qu’en vidéo. Tous les enfants appellent mon père “Rruuuuu” et se font gâter par lui, sauf ses seules petites filles. Parfois, à cause de cela, je trouve la vie injuste.

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?

Sans nul doute la signature de l’Accords d’Arusha. Mais quelle arnaque ! Je ne comprends pas comment par exemple on a conclu un accord sur des quotas ethniques sans une définition claire des ethnies. Depuis, je m’interroge sur qui peut me contredire si je postule quelque part en tant que Hutu aujourd’hui et que le lendemain je postule ailleurs comme Tutsi. Je trouve ridicule de se baser sur une « ethnie paternaliste », si ethnie il y a au Burundi. J’espère vivre longtemps pour voir ce sujet réellement remis sur la table d’un véritable accord entre Burundais pour une paix durable.

La plus belle date de l’histoire burundaise ?

Sans doute le 1er juin 1993, la victoire du président Ndadaye aux élections présidentielles. Je ne comprends pas pourquoi cette journée n’est pas fériée. La population s’est prononcée en défaveur de ceux qui la tenaient « en otage ». Certes, j’étais encore petite, mais avec le recul, aujourd’hui, je me dis que c’était une belle victoire pacifique de personnes longtemps malmenées et opprimées.

La plus terrible

Le 21 octobre 1993, le jour où on a assassiné le président Melchior Ndadaye et ses proches collaborateurs, et je ne cesserai de maudire quiconque a été de près ou de loin impliqué dans ce dossier.

Le métier que vous auriez aimé faire ?

C’est celui que je fais actuellement. En fait, depuis quelque temps, j’ai fait un virage professionnel. Je suis coach de bien-être. J’inspire et encadre les personnes qui veulent prendre en main leur physique et leur mental à travers l’exercice quotidien depuis leur maison. Chaque centime que je gagne symbolise une vie transformée et cela me réjouit énormément.

Quelle est votre cible ?

Je me concentre particulièrement sur les Burundais vivant au Canada, aux Etats-Unis, en France et en Angleterre. De façon générale, nous Burundais faisons face depuis notre naissance à des traumatismes psychologiques, certains dus aux nombreux conflits qu’a connus notre pays, d’autres à notre culture qui souvent impose soit le silence ou alors la violence à la place de la résolution pacifique de conflits. Si on rajoute à ce traumatisme les difficultés de l’immigration dans des pays majoritairement blancs et le racisme qu’on y rencontre, on se retrouve avec des réactions psychiques inquiétants et cela nous exposes à des maladies liées au stress.

Votre passe-temps préféré ?

À chaque fois que j’en ai l’occasion, je me concentre sur mon développement personnel et j’aime chanter avec mes filles et leur lire des histoires.

Votre lieu préféré au Burundi ?

Les plages au bord du Lac Tanganyika, surtout du côté de Rumonge où l’on peut se baigner dans une eau transparente en observant des petits poissons colorés. Je suis allée plusieurs fois camper là-bas pour me réveiller au son des vagues et profiter de l’étendue du lac et des montagnes congolaises.

Le pays où vous aimeriez vivre ?

Sans hésitation au Burundi, dans ce pays que je rêve de voir prospérer.

Le voyage que vous aimeriez faire ?

J’aimerais retourner en Belgique pour manger et boire de la bonne bière avec mes amis et ma famille et ensuite aller au Burundi avec ma petite famille qui ne connait pas ces deux pays.

Votre rêve de bonheur ?

Le bonheur, pour moi, c’est la liberté, l’amour, l’argent et la compassion réunis.

Votre plat préféré ?

Une mitraillette sauce Brazil (c’est parce que la Belgique me manque). Ou encore le « Zingalo » que j’ai découvert durant mon exil au Rwanda ou une brochette de foie de « Chez Gérard » à Bujumbura. Mais au quotidien, je préfère une nourriture saine, sans huile de préférence, avec plus de légumes et de protéines et peu de féculents.

Votre chanson préférée ?

AMAGWAYO de Jérémie Hakeshimana, un guitariste burundais évoluant en Belgique, l’un des précurseurs des premiers studios modernes au Burundi avec Menya Media studio. Amagwayo c’est plus un appel au cessez-le-feu pour que l’on tourne la page des guerres interminables.

Quelle radio écoutez-vous ?

Je n’écoute plus la radio. Je suis plutôt podcasts et Youtube. Souvent, je recherche principalement des sujets de développement personnel, de révolution des Noirs dans le monde et du féminisme.

Avez-vous une devise?

On ne vit qu’une fois, assurons-nous d’en profiter au maximum.

Votre souvenir du 1er juin 1993 (le jour où le président Ndadaye a été élu)

Les « verts-blancs » (Frodebu) avaient gagné. Cela faisait grincer les dents de nombreuses personnes autour de moi, sauf les “boys” et notre voisine qui était la seule « vert-blanc ». J’avais 10 ans, et pour moi c’était malheureusement la fin de la campagne électorale et de tous les concerts gratuits où l’on dansait beaucoup, surtout les « imvyino » avec feue Mme Rochereau. Mon père fabriquait les pins des partis politiques. Pour moi, c’était « le chômage technique ». Et croyez-moi, j’en étais frustrée.

Votre souvenir des évènements de 2015?

Honnêtement, je ne pensais pas du tout m’impliquer dans ces événements au départ. Tout d’abord, je venais d’avoir mon premier bébé, le 15 mars de cette année. En plus, je reprochais aux partis d’opposition de l’époque de ne pas avoir été capables de s’unir pour présenter un candidat unique, et la société civile de ne pas être préparée pour surveiller et garantir des élections transparentes, même si je sais que ce n’est pas forcément son rôle, je le reconnais. Tout cela aurait permis de chasser Pierre Nkurunziza.

Pourquoi vous avez décidé d’y prendre part ?

Quand un gamin innocent du nom de Komezamahoro a été tué par les balles de la police à Cibitoke, cela a réveillé en moi la frustration. Je ne voulais pas assister à ce qui se passait sans rien faire. Je suis allée alors au front, d’abord pour rassembler des fonds pour assister les blessés dans les hôpitaux, soutenir les jeunes dans les cachots et relayer les nouvelles de ceux qui nous informaient… jusqu’au moment où Ketty Nivyabandi nous a contactés pour organiser la Marche des Femmes.

J’ai le souvenir de nos sorties, et une certaine fierté de savoir que non seulement nous étions mieux organisées que les hommes et, en plus, nous sommes directement allées au centre-ville, ce qu’ils n’arrivaient pas à faire.

J’ai le souvenir de nos réunions et de toutes les questions que nous nous posions, mais également de notre sensibilisation. J’ai aussi le souvenir de ces marches, de filles et femmes de toutes origines, et surtout les “townaires”. Vous savez les filles de l’École belge, par exemple, celles que l’on n’imagine pas s’intéresser à la politique du Burundi. J’ai encore le souvenir de moi dansant devant les camions citernes qui nous aspergent d’eau. Je vois encore ces grenades lacrymogènes qu’on nous lançait et que nous retournions avec nos pieds, mais quel courage avions-nous ! J’en tremble rien qu’en m’en rappelant.

Vous regrettez quoi dans ce mouvement ?

Je n’ai que des souvenirs très douloureux à partir du coup d’État. Tout ce qui a suivi m’a rendu simplement malade, jour après jour, de la guérilla urbaine à la façon dont elle a été matée, aux rafles des jeunes et le traumatisme de cadavres dans les caniveaux. Après, tout me dégoûte encore et je reste horrifiée par ces images de cadavres qui nous parvenaient tous les jours, des pleurs, …J’ai quitté le Burundi, deux semaines après le coup d’État, deux semaines cachée quelque part, sans que même mon propre papa ne puisse me rendre visite. J’ai quitté mon appartement en 15 minutes, quand j’ai vu ma photo circuler partout disant que j’étais la femme derrière le coup d’État. Quinze minutes, le temps d’appeler un taxi, de rassembler deux ou trois choses pour mon bébé, et je suis partie.

Votre définition de l’indépendance ?

L’indépendance pour moi est un état d’esprit d’abord, elle est d’abord mentale, et elle devient une réalité quand elle se vit au quotidien. Sommes-nous indépendants quand nous avons honte d’appeler nos enfants des noms en Kirundi. Sommes-nous indépendants quand nous sommes incapables de nous nourrir au jour le jour, de nous soigner, nous éduquer sans aide ? Sommes-nous indépendants quand notre destinée se pense et se dépense en blanc en tant que peuple Noir ? Je ne le pense pas.

Votre définition de la démocratie ?

Pour moi la démocratie n’est pas que le vote, même s’il était transparent, car sinon les USA ou encore la France seraient des démocraties, ce qui n’est pas pour moi pas le cas. La démocratie implique l’accès à une information qui n’est pas propagandiste, ce qui devient de plus en plus difficile à trouver, mais également la suppression de la personnification des candidats. Je suis plutôt pour le vote des objectifs à atteindre et le recrutement de fonctionnaires pour les appliquer.

Votre définition de la justice ?

La justice est un système qui favorise la réparation autant des fauteurs que de leurs crimes, mais également la prévention du crime par de meilleures politiques sociales. Par exemple, si une personne a tué, on ne ressuscitera pas la victime certes, mais le tueur devrait être suivi psychologiquement et être amené à non seulement comprendre et reconnaître ce qui l’a poussé au crime tout en travaillant pour compenser la famille de ses victimes et la société en générale, car par son crime c’est tout le pays qu’il a dépouillé d’une vie. Je n’arrive toujours pas à comprendre la notion de justice en place au Burundi par exemple où on emprisonne parfois à vie une fille parce qu’elle a avorté, je ne vois aucun intérêt de ce genre de justice, mais par ailleurs, les prisons sont remplies de personnes dont le seul crime est d’avoir été en désaccord avec le pouvoir en place et cela, ce n’est pas nouveau.

Vous êtes la première Burundo-belge à présenter le journal télévisé au Royaume de Belgique. A ce moment, quel était votre sentiment ?

La première fois, j’ai repensé à la gamine en moi qui imitait l’accent des présentatrices de nouvelles sur Canal France International. Un rêve se concrétisait. Ensuite, je voulais être la meilleure sur la chaîne de télévision où je travaillais, et je voulais paraître naturelle alors qu’au fond de moi j’avais très peur. Mais j’étais très bien entourée par mon chef de rédaction à Antenne Centre Télévision en Belgique et toute l’équipe et donc cela s’est très bien passé.

Vous avez exercé le journalisme sur trois continents différents Quel est votre regret ?

Je n’ai pas vraiment de regrets comme tels. J’avoue que ce métier m’a fait découvrir tellement de choses que jamais je n’aurais pu connaître. J’ai donné le meilleur de moi, mais je pense avoir atteint mes limites dans ce domaine. C’est un travail enrichissant certes, mais très frustrant par les conditions dans lesquelles on travaille. Par exemple, au Burundi, tu risques l’emprisonnement pour dire ce que tu as vu ou les résultats de ton enquête ; mais en Belgique, il te faudra au moins 15 ans avant de décrocher un contrat permanent ; au Canada, par contre, ce sont les politiques du média pour lequel je travaillais qui m’interdisait toute opinion personnelle même en dehors de mon travail. Surtout au moment où je voulais tellement m’exprimer … Bref, que de bons souvenirs, mais une page derrière moi, à moins d’essayer un autre continent, alors là, cette petite porte qui pourrait s’ouvrir, mais j’en doute fort.

Avec le temps, comment analysez-vous l’évolution du métier de journaliste au Burundi ?

C’est un métier très risqué à cause de la façon dont quiconque qui prend le pouvoir veut museler la presse qui ne chante pas ses louanges. Je trouve très dommage le manque de solidarité au sein du corps des médias. Alors que certains se font vilipender, emprisonner ou exiler, d’autres se taisent comme si ça ne les concernait pas, en oubliant que la roue tourne malheureusement.

Par ailleurs, j’entends mes aînés regretter la fermeture de l’école de journalisme et je pense qu’ils ont tout à fait raison. Aussi, le financement des médias m’inquiète beaucoup.

Je tiens tout de même à reconnaître que les nouvelles technologies et le dynamisme de la jeunesse me permettent de croire que cette tendance peut rapidement changer, je salue d’ailleurs les équipes d’Akeza.net, de Yaga Burundi et de Jimbere pour avoir pris le leadership, mais également de nombreux Youtubeurs burundais qui révolutionnent le paysage médiatique.

Si vous étiez président du conseil national de Communication, quelles seraient vos deux premières mesures ?

Que Dieu m’en préserve, je ne me vois ni aujourd’hui ni demain dans un tel rôle. Mais celle/celui qui occupe cette place devrait veiller à encourager tous les médias à se doter de normes et pratiques journalistiques claires et accessible en tout temps par leurs employés. Cette personne devrait initier des formations pour les journalistes et faire du lobbying pour que des écoles de journalisme s’ouvrent.

Quel est le profil d’un bon journaliste, selon vous ?

Idéalement, le journaliste est curieux, doué de compassion, rapide dans sa livraison et au contact facile avec les gens. Mais il doit également comprendre, mais surtout épouser la ligne éditoriale du medium qui l’engage.

Si vous deveniez ministre de la Communication et des Médias, quelles seraient vos urgentes mesures ?

Moi ? Jamais ! Mais celle/celui qui occupe ce rôle devrait travailler sur l’assainissement des relations entre les médias, la gouvernance et la population en général et veiller à la sécurisation et au respect des journalistes. Il/elle devrait investir dans l’éducation au journalisme et la pluralité de l’Internet et de son intégration dans la vie de tous les jours par le citoyen.

Vous croyez à la philosophie de l’égalité de genre?

Je suis pour l’équité et l’égalité des chances pour tous les genres et pas seulement homme et femmes. La parité arrive alors comme un résultat plaisant, surtout pour les femmes et les minorités sexuelles, mais pour moi ce n’est pas une finalité en soi.

Et le féminisme ?

Grâce aux féministes, en tant que fille/femme, je peux voter, ouvrir un compte bancaire et même y recevoir mon salaire, conduire une voiture, travailler, divorcer, porter un pantalon, m’exprimer en public, avoir un passeport, et parfois même occuper des postes de direction. Je défends le féminisme car le patriarcat est un courant mondial qui met la femme sur un niveau inférieur à l’homme et cela sans aucune logique.
Au Burundi, par exemple, la femme n’hérite d’office de son mari ou de ses parents que par la bonne volonté de sa famille et non de par la loi ; nos sœurs continuent de quitter l’école pour aider leur famille et laisser leurs frères, eux, progresser. Les travaux ménagers sont réservés d’office aux femmes, sauf quand ils sont payés (un homme ne cuisine/nettoie jamais chez lui, alors que son boy lui est un homme, et souvent même ce boy ne cuisinera jamais pour sa femme… Pourquoi ?

Il y a des textes qui punissent la femme qui avorte, mais qui restent muets sur l’homme qui aide une femme à avorter, Je ne parle même pas de la difficulté qu’éprouve une fille/femme violée à obtenir justice, c’est carrément un fléau mondial qui n’est malheureusement pas propre au Burundi. Le féminisme pour moi n’est pas une mode, mais un appel au secours, une conquête de droits de la personne tout simplement, le combattre revient à normaliser l’oppression de la femme et même l’encourager. Celui qui fait cela peut me considérer comme son ennemi.

Croyez-vous à la bonté humaine ?

Je suis persuadée que l’homme naît bon, mais que c’est la société qui le corrompt. Je pense aussi que l’on a tous également des côtés sombres, c’est à la société de tenter d’instaurer des balises qui permettent l’harmonisation de la vie ensemble.

Pensez-vous à la mort ?

Je pense à la mort comme je pense à la naissance, avec du recul et de l’espoir. Dans un monde idéal, on mourrait en ayant accompli notre mission et on aurait des gens qui penseront en bien à nous, tout comme chaque enfant naîtrait en bonne santé, dans un foyer aimant avec ce qu’il faut pour lui permettre de grandir et de s’épanouir. Mais comme disait une de mes anciennes profs de français, l’idéal n’est pas toujours de ce monde, on fait de notre mieux avec la situation qui se présente. Je visualise et planifie ma vie jusqu’à plus de 80 ans, si j’y arrive tant mieux, si je devais pourrir avant tant pis.

Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?

Mais bordel, tu existes pour de vrai en fait ? Tu as intérêt à t’expliquer sur toute la misère que j’ai vue dans le monde, et me prouver que tes pauvres enfants qui ont tant souffert sous les mains de sadiques sont désormais bien en paix chez toi. Je veux également des explications sur ton plan avec ces maladies. Enfin, j’aimerais comprendre la mission que tu avais pour certaines de tes créatures comme les puces, les poux et les moustiques, j’avoue n’avoir jamais compris leur utilité. Mais d’abord et avant tout, si tu existes et que je suis là, ça veut dire que ma mère est ici, alors appelle-là et qu’enfin je la serre dans mes bras et prépare bien tes réponses surtout.

Propos recueillis par Alain Majesté Barenga

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Bio express

Pamela Kazekare, 38 ans, est une Burundo-belge qui vit à Saskatchewan (Canada). Elle a une expérience de 18 ans dans la communication dont elle a exploré beaucoup de secteurs : journaliste au Burundi, en Belgique et au Canada (Radio Canada), la Radio Publique Africaine au Burundi, responsable de communication, consultante, documentariste, publiciste... Elle a coécrit le livre, Le Burundi Haut en couleur (Weyrich Edition), fait une tournée nationale comme actrice au théâtre au Burundi avec la pièce “Les Hutsi” de Patrice Faye, co-produit le court métrage “Bad Life” et composé et enregistré les chansons originales de ce film. Elle a fondé un centre culturel entièrement burundais, Meet’Wé, et a été membre fondatrice d'associations et siégé à plusieurs conseils d'administration. A 38 ans, elle est mère de deux enfants Shikiro (5 ans et demi) et de Murika (presque 2 ans), elle vit avec son partenaire de vie Cory Johnston. Actuellement en reconversion totale, elle poursuit sa nouvelle mission d’inspirer et accompagner les personnes en quête de bien-être grâce au sport et la bonne nutrition.

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