Lundi 16 juin 2025

Politique

Au coeur du pays/Commune Gitega-Nouvelle législature : la longue liste des attentes des jeunes et des femmes

Au coeur du pays/Commune Gitega-Nouvelle législature : la longue liste des attentes des jeunes et des femmes
Le souhait des habitants de la ville de Gitega est que les nouveaux élus se soucient du bien-être de la population

Se soucier du bien-être de la population, former les femmes en gestion financière, réhabiliter les routes, multiplier les écoles et les adductions d’eau potable, fournir de l’électricité suffisante, … Telles sont les préoccupations qui devaient être à l’agenda des nouveaux élus selon les jeunes et les femmes de la commune et province actuelle de Gitega.

« Nous demandons aux dirigeants nouvellement élus d’encourager particulièrement les femmes à se former au développement durable », lance Jacqueline Ndayishimiye, cheffe de la colline Nyabiharage, en commune et province de Gitega.

D’après elle, les formations doivent se focaliser sur l’entrepreneuriat, l’élaboration des plans d’affaires et des microprojets, etc.

Marceline Mawazo du quartier Magarama, représentante du Forum des femmes en commune Gitega abonde dans le même sens. « Les personnes nouvellement élues devraient nous trouver des voies et moyens afin que les femmes aient accès aux prêts remboursables. Les crédits bancaires ne sont pas accessibles à toutes les femmes qui le désirent. »

En effet, explique-t-elle, une banque des femmes existe déjà, mais toutes les demandeuses ne reçoivent pas les fonds voulus pour entreprendre. « Ainsi, les nouveaux élus devaient plaider afin que d’autres organisations se manifestent pour soutenir les projets de développement des femmes. »

Cette représentante provinciale de la ligue des femmes affiliées au parti au pouvoir évoque une autre question qui devait attirer l’attention des nouveaux élus. Il s’agit du manque d’hypothèque pour les femmes qui veulent contracter des crédits bancaires. « C’est vrai. Elles peuvent obtenir un prêt auprès des banques, mais cela a plusieurs conditions. Les femmes que nous avons interrogées nous ont confié que les démarches administratives leur prennent du temps et qu’obtenir un prêt hypothécaire n’est pas facile. »

Elle fait observer que dans sa localité, des femmes sont membres des coopératives. Mais, quand vient le moment de contracter des crédits consistants, les femmes sont bloquées. Car, explique-t-elle, une femme ne peut pas donner comme hypothèque une portion de terre ou une maison qu’elle n’a pas héritée ou dont elle n’est pas propriétaire. « Nous avons donc besoin des gens qui viennent soutenir et apporter des prêts aux coopératives et aux associations de femmes sans hypothèques. »

Après la réception des crédits, elle trouve que les élus, les conseillers communaux ou les députés, devaient faire un suivi afin d’aider ces femmes à fructifier ces fonds pour pouvoir rembourser. « Sinon, par manque de connaissances et de compétences en gestion financière ou en élaboration des microprojets, ces femmes peuvent gaspiller cet argent et se retrouver dans l’incapacité de rembourser. »

Une idée appuyée par Juvénal Bavugempore, l’adjoint du chef de la colline Jimbi, zone Mungwa, commune et province de Gitega. « Les femmes devaient avoir des crédits sans hypothèque. Toutefois, il faudrait mettre en place des stratégies de suivi afin d’éviter que les crédits accordés ne tombent en faillite. Elles ont besoin de formation sur la gestion des crédits, les investissements, etc. »

Il estime que les conseillers communaux devaient aider en la matière. « Normalement, ces gens devaient être tout près de la population. Et comme ils ont un certain niveau de formation, ils devaient former leurs concitoyens, voir si les coopératives collinaires évoluent positivement par exemple. Les députés devaient faire de même. »

Pour ce faire et pour réussir à booster le développement de la femme, nos sources plaident pour le soutien des actions des femmes déjà en cours.

Soutenir les efforts déjà en place

Jacqueline Ndayishimiye : « La femme est le pilier du développement de la famille. Elle doit avoir une activité génératrice de revenu.»

« Grâce aux coopératives, je peux même confirmer que les femmes que nous considérions démunies sont aujourd’hui en train de se développer grâce aux subventions reçues du projet Merankabandi. Nombreuses d’entre elles ont désormais de petites sources de revenus à la hauteur des modestes subventions octroyées. Les autres font l’élevage des bovins par exemple et ont des champs agricoles, etc. », confie Jacqueline Ndayishimiye.

Cette administrative à la base indique qu’elle effectue souvent des descentes sur le terrain pour s’enquérir de la situation de ces associations et coopératives féminines.

Elle trouve que, une fois appuyée, les femmes peuvent s’auto-développer. Elle appelle d’ailleurs les nouveaux élus et les députés à soutenir les actions féminines déjà en cours. « La femme est le pilier du développement familial. Une famille qui maltraite ou sous-estime la femme ne connaîtra pas de progrès. Je ne dis pas que les hommes ne contribuent pas au développement de la famille, mais il faut savoir que si une femme ne se sent pas bien à la maison, c’est tout le monde qui en souffre. Et lorsque les familles se développent, le pays le devient aussi. »

D’ailleurs, certaines femmes ont déjà goûté aux fruits d’appartenir à une coopérative. Emmanuela Nkurunziza, la trentaine, est une femme commerçante de la colline Jimbi. « Adhérer à une coopérative est essentiel. Cela permet en effet d’acquérir des connaissances sur les enjeux sociaux et économiques. J’ai une boutique grâce à la participation dans différentes associations et coopératives. Il y a plusieurs opportunités qui se présentent lorsque vous êtes en équipe. Il y a de petits crédits remboursables avec intérêt que nous nous donnons entre nous. Ils m’ont aidée à me lancer dans le commerce. »

Elle appelle ainsi les femmes qui s’isolent à mettre fin à cette habitude et à s’associer à d’autres dans des coopératives ou des associations d’épargne et de crédit.

Emmanuela Nkurunziza : « Le développement ou bien l’appui financier ne tombe pas du ciel ou bien ne rencontre pas une personne à son domicile, on le cherche. »

« Si on économise 4 000 BIF par mois, au bout d’un an, cela représentera une somme importante. On partage une grande partie de l’argent avec les membres de l’association, car les intérêts font augmenter le montant total à la fin de l’année avec les prêts que vous remboursez. » Elle fait observer qu’en faisant l’épargne, on protège aussi l’argent.

Sur la même colline Jimbi, la coopérative « Komeza ibikwora Mungwa » s’est déjà enraciné et enregistre des succès. Créée en 2021, elle est composée de 53 personnes, dont 51 femmes et 2 hommes. « Notre coopérative nous a beaucoup aidés. Car avant de la rejoindre, je cultivais. Mais je ne récoltais pas beaucoup faute de formation agricole. Aujourd’hui, on nous a appris à planter peu de haricots, mais récolter beaucoup. On nous a aussi appris à subvenir aux besoins de la famille. Cela nous a valorisées en tant que femmes », se réjouit Espérance Nizigiyimana, membre de cette coopérative.

Cette mère de cinq enfants demande aux nouveaux élus de soutenir les femmes en leur rendant visite dans les différentes associations et coopératives dans lesquelles elles sont impliquées, en les soutenant financièrement et en les appuyant dans des projets de développement.
« Nous parcourons de nombreux kilomètres pour arriver à un hôpital. Ce dernier est sur d’autres collines. Lorsqu’un enfant tombe malade pendant la nuit, il nous est très difficile d’y accéder. C’est pourquoi nous demandons aux élus de construire un hôpital pour nous. »

Pour résoudre ce problème, elle fait savoir qu’il y a une clinique que la population de Jimbi a commencé à construire dans cette localité. « Je demanderais aux personnes élues de nous aider financièrement afin de terminer sa construction et ainsi d’obtenir une clinique. Car il n’y a aucune autre infrastructure sanitaire sur notre colline. »

Elle leur demande en outre de poursuivre des plans de développement communautaires qui n’excluent pas la femme. Aujourd’hui, elle indique que leur coopérative possède désormais dix-huit chèvres et qu’elle souhaite également acheter des vaches. « C’est pourquoi nous continuons à solliciter le soutien des nouveaux dirigeants. »
Elle appelle d’ailleurs les femmes encore récalcitrantes à adhérer dans des coopératives.
De son côté, Edissa Irakoze, habitante de la colline Jimbi, âgée de 28 ans, apprécie l’étape franchie dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Ce qui permet, selon elle, aux femmes d’intégrer les associations pour leur auto-développement sans entrave.

Sensibiliser les hommes

Marceline Mawazo : « Les personnes nouvellement élues devraient nous trouver des voies et moyens afin que les femmes aient accès aux prêts remboursables. »

Marceline Mawazo du quartier Magarama reconnaît, elle aussi, qu’à Gitega, les efforts dans le développement féminin sont déjà remarquables. Ce qui passe surtout par leur adhésion massive dans les coopératives et associations. « Elles effectuent des travaux communs dans les coopératives. Ce qui leur permet de gagner honorablement leur vie. Elles élèvent des porcs, des chèvres et des vaches. Ainsi, elles ont de l’engrais organique pour la fertilisation de terres arables et une bonne production agricole. »

Pour elle, c’est là où les nouveaux élus devaient mettre beaucoup de force afin de permettre à la femme d’avoir une autonomie financière.

En ce qui est de la participation des femmes dans la politique, Mme Mawazo affirme qu’à Gitega, elles ont franchi une étape très avancée. « Lorsqu’elles seront appelées à se faire élire dans les prochaines élections du mois d’août, elles répondront présent. Ce qui accroîtra considérablement le nombre de femmes dirigeantes. Les collines déjà dirigées par des femmes sont les plus prospères et les mieux gérées. La paix et l’harmonie y règnent. » C’est ce qui ressort selon elle du classement des collines récemment faites dans cette commune.

Elle fait savoir que même les hommes qui empêchaient jadis les femmes à participer dans la politique ont changé d’avis. « Ils ont déjà compris qu’elles sont aussi capables. Nous continuons d’inciter ces femmes à en prendre conscience. Nous exhortons les époux qui résistent encore à céder. Car il n’y en a toujours qui empêchent leurs épouses d’adhérer dans des coopératives et des associations en leur faisant comprendre que leur place est à la maison et auprès de leurs enfants. »

Sur la colline Jimbi par exemple, ces hommes existent encore. Goreth Itangishaka est une femme de cette localité. Elle estime que le développement de la femme dépend d’une famille à une autre et selon le tempérament de l’époux. Son époux ne lui laisse pas le choix par exemple. « Je ne peux pas dire que nous sommes toutes développées. Là, je serais en train de mentir. Par exemple, moi, je ne suis pas développée. Car je ne suis pas libre de faire partie d’une association ou d’une coopérative. Mon mari me l’a empêché. Il me dit toujours que ma place est à la cuisine. »

Ainsi, elle appelle les nouveaux élus locaux à sensibiliser les hommes qui n’ont pas encore compris qu’une femme peut participer dans la vie politique et à faire respecter les droits des femmes dans la localité de Jimbi. « Nous sommes privées de parole ici. Nous avons besoin d’une administration qui écoute les femmes. On dirait qu’à Jimbi, seuls les hommes ont droit à la parole, ont des idées. Je ne veux pas dire que c’est toute la localité, mais il y a des hommes qui ne tolèrent pas que la femme s’exprime, s’épanouisse. Il faut que les droits des femmes soient respectés comme dans les autres localités. »

Elle demande en outre aux membres de la nouvelle prochaine Assemblée nationale de penser aux lois permettant aux femmes d’agir librement.
Des efforts devaient être aussi orientés dans la conscientisation des hommes qui gaspillent la production agricole familiale. « Ils ne sont pas encore nombreux, mais il s’agit d’un comportement à décourager. Car il porte préjudice au développement et à la cohésion familiale. »


Et le développement des jeunes ?

Electrification, appui aux jeunes entrepreneurs, réduction des taxes communales, réhabilitation des voies de communication des zones rurales, …, des dossiers qui doivent préoccuper les nouveaux élus selon les jeunes de Gitega.
De G à D, Ghyslaine Irangabiye et Nice Shurweryimana : « Nous demandons aux nouveaux élus de sensibiliser les hommes sur les conséquences des bières en plastique communément appelés “Udusarabwayi” »

La colline Jimbi offre un paysage verdoyant. Des maisonnettes en tuiles ou en tôles sont entourées de bananeraies très touffues. Elles bordent de part et d’autre une route très étroite et pleine de nids de poule. L’odeur de la viande de porc se fait sentir. C’est d’ailleurs cette sorte de viandes qui est servie dans les petits bars de la localité. Devant les maisons, des haricots y sont séchés. C’est le moment de la récolte. Tout semble aller normalement.

Néanmoins, les habitants, surtout les jeunes, ont des doléances à adresser aux nouveaux élus. Nice Shurweryimana est une jeune fille de 15 ans, native de cette colline. Elle indique que les jeunes filles abandonnent souvent l’école pour diverses raisons. Après le décès de son père, elle a été obligée par exemple d’abandonner l’école à cause du manque de moyens pour le matériel scolaire. « Aujourd’hui, je dois transporter des briques pour aider ma mère à nourrir mes petits frères et sœurs. Je peux gagner 2 000 ou 3 000 BIF par jour. Nous sommes sept enfants et l’école a refusé de me laisser continuer par manque de ressources. »

Elle appelle les nouveaux élus à voir comment réduire les prix des denrées alimentaires. « Car une personne qui gagne 5 000 BIF par jour ne peut même pas garantir le repas de midi. »
Elle fait observer que les prix des denrées alimentaires ont grimpé. « Les nouveaux élus devaient revoir la question des prix de tous les produits sur le marché. Je demanderais également aux nouveaux dirigeants de plaider en notre faveur afin d’obtenir des capitaux pour monter de petites entreprises. »

Une autre jeune fille de la même localité plaide pour leur scolarisation. « J’ai arrêté mes études à l’âge de 13 ans. J’étais en 4e année. Mon père ne satisfaisait pas les besoins familiaux. Il ne tenait pas compte de nous. Son argent était dédié aux différents types d’alcool se trouvant dans de petites bouteilles en plastique. Ivre, il frappait ma mère sans nous épargner. Ce qui m’a poussée à abandonner mes études. Les nouveaux élus devaient en tenir compte », témoigne Ghyslaine Irangabiye, de la colline Jimbi, aujourd’hui la vingtaine.

Elle demande en outre l’interdiction des boissons en plastique communément appelées « udusarabwayi » qui ruinent les familles. C’est d’ailleurs à cause de ces boissons qu’elle a abandonné l’école. « Mon père en consommait beaucoup gaspillant ainsi la richesse familiale. »

Pour sa part, Moïse Ntagahoraho, 35 ans, a été contraint lui aussi de fuir l’école suite à la pauvreté des parents. Aujourd’hui, il est boucher et fait des brochettes de porc à Jimbi. Un métier qu’il exerce il y a bientôt 12 ans et les affaires semblent bien marcher. « J’ai commencé avec un capital de 105 mille BIF, maintenant, j’en suis à 540 mille BIF.»
Pour lui, le défi reste l’accès au crédit. « S’il advenait que mon capital soit revu à la hausse, je pourrais même approvisionner la ville de Gitega en viande de porc.»

Ainsi, il demande aux élus de se pencher sur les défis réels qui hantent les habitants de sa colline. Il évoque ici les difficultés de se faire soigner par exemple. « Les seuls hôpitaux qui sont proches se trouvent à une dizaine de km dans la ville de Gitega. »

Suite à l’impraticabilité des routes surtout pendant la saison pluvieuse, il souligne qu’il est difficile de faire arriver les malades dans les hôpitaux concentrés dans la ville de Gitega. « Les malades sont soit transportés sur vélo, soit sur moto. Des fois, on est obligé d’appeler une moto en provenance de la ville de Gitega et on paie le double du trajet. »

Pour lui, il faut que ces élus plaident pour une décentralisation des services sanitaires jusqu’au niveau rural. « Nous voulons que la zone Mungwa soit dotée d’au moins un hôpital pour alléger les souffrances de la population. »
Par ailleurs, se désole M. Ntagahoraho, l’électricité et l’eau potable manquent cruellement sur cette colline. « Il y a eu une adduction d’eau captée à partir de la colline Songa, mais, malheureusement, les robinets restent à sec. L’on ne sait pas ce qui s’est passé. »
Il s’insurge également contre la pénurie des produits Brarudi sur cette colline. « Etancher notre soif reste un casse-tête. Les produits Brarudi manquent cruellement. L’on peut passer plus de deux semaines sans voir une seule bouteille dans les bars ou dans les boutiques. Et si on parvient à avoir une bouteille de Primus, on l’achète à 4 500 BIF alors que le prix officiel reste fixé à 2 500 BIF ».

Des doléances qui sont d’ailleurs soutenues par les administratifs à la base. Juvénal Bavugempore, l’adjoint du chef de la colline Jimbi, déplore l’état des routes sur cette colline. « Nous avons tellement besoin d’une route en bon état. Notre colline est faite de six sous-collines. Il y a des voies de communication en piteux état. Nous avons besoin des ponts bien construits. Je ne doute pas qu’avec une bonne route, la colline va se développer. »

Les habitants de Jimbi demandent aux élus de faire tout pour que leur colline soit éclairée et ait une route en bon état

Il trouve que quand il y a une route praticable, même les bienfaiteurs arrivent sur le terrain. Le commerce se développe. Il en est de même pour les visiteurs. « Nous pouvons même écouler facilement notre production agricole. »
Il évoque lui aussi la question de l’eau potable. « La quantité n’est pas suffisante. Nous aimerions que toutes les sous-collines soient alimentées en eau potable. »

Il plaide également pour la construction de nouvelles écoles. « Nous avons des écoles, des classes terminales, mais il faut que ceux qui veulent faire l’université le fassent dans une université proche d’ici. Et il faut prioriser les écoles des métiers. Dans toute la zone, il n’y a qu’une seule école des métiers. Or, il y a beaucoup de jeunes qui arrivent en 9e et qui ne parviennent pas à continuer l’école fondamentale. Ils peuvent apprendre différents métiers et gagner leurs vies honorablement. Nous espérons que ces projets feront partie des priorités de nos élus. »

La question de l’électricité le préoccupe aussi. Il fait savoir qu’avec le courant électrique des métiers comme les salons de coiffure, la soudure, les moulins naissent et s’installent. Or, déplore-t-il, la colline Jimbi n’est pas alimentée en électricité alors que toutes les autres collines environnantes le sont.

Cap sur la localité dite Masaganzira

Depuis août 2025, Vianney Itangishaka, 20 ans, exerce le métier de taxi-vélo sur le parking appelé Masanganzira, à la périphérie de la ville de Gitega. Il déplace les passagers vers ou en provenance du centre-ville de Gitega et vers les collines de la zone dite rurale de Gitega.
Avant, il était un aide-maçon. Il donne un versement de 12 000 BIF par semaine à son patron. Il témoigne qu’« en tant que célibataire, je parviens, tant bien que mal, à subvenir à mes besoins élémentaires. » Le grand défi reste la taxe communale qu’il estime exorbitante compte tenu des recettes journalières. Il indique qu’actuellement, cette dernière est fixée à 7 000 BIF par an. « Il faut que les élus nous aident à plaider pour qu’elle soit revue à la baisse. »

Ce conducteur de taxi-vélo déplore lui aussi l’état piteux des pistes surtout dans la zone dite rurale de Gitega. Cela complique en effet le transport des biens et des personnes. « Suite aux nids de poule, nous sommes obligés de payer quelqu’un qui nous aide à pousser le vélo. Nous travaillons à perte suite à ces frais supplémentaires ».
Confiant, M. Itangishaka espère que les nouveaux élus vont canaliser les préoccupations auprès des décideurs pour que ces derniers prennent des décisions de nature à permettre aux jeunes d’évoluer dans leurs métiers.

Ce sont les mêmes préoccupations de la part de Shalom Izakoze, un mécanicien de motos depuis bientôt deux ans. Il dit avoir appris le métier sur le tas. « Il m’arrive souvent de travailler jusqu’à la tombée de la nuit. Quand je rentre tard, il m’est difficile de trouver un moyen de déplacement. Les conducteurs de taxis-motos refusent de me déplacer évoquant l’état piteux des pistes et le manque de carburant ».
D’après lui, les promesses des représentants du peuple restent souvent lettre morte. Il demande aux nouveaux élus de faire la différence. « Les défis restent immenses. Que les nouveaux conseillers communaux s’attellent à mettre en avant dans le Plan communal de développement communautaire le traçage des routes praticables qui relient les collines et les zones. »

Valoriser et soutenir les petits métiers

Désiré Nsengiyumva : « Nos clients n’arrivent pas à aborder ces prix qu’ils jugent exorbitants ».

« Au début, quand je me suis lancé dans ce métier, une planche de 4 m coûtait 4 000 BIF, mais à l’heure où je te parle, la même planche revient à 20 000BIF », décrit Désiré Nsengiyumva, 30 ans. Il est menuisier depuis 15 ans et évolue dans un atelier dénommé « Best Furniture Work Shop » sis à une centaine de mètres du rond-point de Masanganzira. Il évoque la cherté de la matière première telle que les planches.

Il souligne que le prix de ces dernières monte d’une façon vertigineuse. Il en est de même du prix de la colle et du vernis. « Une boîte de vernis qui coûtait 12 000 BIF est actuellement à 20 000 BIF. Celle de la colle qui s’achetait à 8 000 BIF coûte maintenant 17 000BIF. »

Il avoue qu’il travaille à perte suite au manque de clients. « Nous recevons peu de commandes. Nos clients n’arrivent pas à aborder ces prix qu’ils jugent exorbitants. Ils viennent à compte-gouttes. Nous avons des portes et des lits qui totalisent plus de cinq mois dans le stock sans trouver d’acheteur. Ils risquent de se détériorer. »

Interrogé sur les attentes, Désiré Nsengiyumva ne mâche pas ses mots. « Que les décideurs stabilisent les prix de certains produits qui montent du jour au lendemain alors que le pouvoir d’achat de la population ne suit pas la courbe ! »

De son côté, Jean-Bosco Ndayizeye, initiateur d’un atelier de fabrication des différentes machines comme des broyeurs d’argile et des éplucheuses adresse un message clair aux nouveaux élus. « Nous leur demandons de plaider pour nous dans tous les secteurs. Jusqu’à maintenant, nous apprécions la collaboration avec le conseil communal en fin de mandat. Ils nous suivent de près. Ils sont au courant de notre travail. Mais nous n’avons pas encore vu des députés venir nous rendre visite pour apprécier notre travail et nous soutenir. »

Jean Bosco Ndayizeye : « Nous demandons aux nouveaux élus de plaider pour nous dans tous les secteurs. »

D’après lui, ils ne viennent que ceux qui vont passer des commandes. « Mais qu’ils sachent que leur visite nous donnerait du courage, de la force. Dans les questions qu’ils doivent soumettre ou traiter, figure la question des jeunes entrepreneurs, créateurs d’emplois. Il faut qu’ils arrivent sur le terrain pour recueillir nos doléances. »

Pour M.Ndayizeye, les jeunes entrepreneurs n’ont pas beaucoup de moyens. « Même pour le peu que nous avons, on essaie de se rabattre ici et là. Les jeunes bénéficient rarement des exonérations pour importer du matériel, de la matière première. »

Ce technicien de formation en électromécanique donne un exemple d’un ami entrepreneur qui a importé du matériel et qui a passé trois mois en train de chercher de l’exonération. « Par jour, il payait 68 mille BIF comme frais de stockage pour chaque machine, matériel. Allez-y calculer pour trois mois. Or, il a plus de dix emplois. Si ce matériel était exonéré et reçu, cela pouvait lui permettre d’embaucher d’autres personnes. Ce qui contribuerait au développement du pays. Nous ne sommes pas de grands investisseurs, on se cherche encore. »

Il demande aux nouveaux députés de proposer, lors des sessions parlementaires, des lois qui protègent et encouragent les jeunes entrepreneurs. Selon lui, pour aider les jeunes, il ne faut pas leur imposer des projets à faire mais leur laisser le choix. « En fait, quand tu imposes un projet, par exemple l’élevage aux jeunes, ils vont accepter pour recevoir cet argent. Mais comme ils ne sont pas forts en la matière, les résultats ne sont pas toujours bons. La meilleure façon serait de les laisser élaborer des projets et de les soutenir dans la mise en exécution. Il faut plutôt donc identifier là où ils sont passionnés. »

Pour ce jeune entrepreneur, augmenter le taux d’électrification doit être aussi une priorité pour les élus. En effet, explique M. Ndayizeye, les usines et les unités de transformation demandent beaucoup d’énergie. « Il faut que les députés fassent tout pour que l’électricité soit vraiment disponible. Ce qui passerait par exemple par le suivi rigoureux des travaux de construction des barrages afin que ces ouvrages soient bien construits pour que la question de l’énergie soit résolue dans le pays. »


Pavage des quartiers de la ville de Gitega : plus de 15 ans d’attente

Selon les habitants de la ville de Gitega, la capitale politique devrait être une priorité. Ils ont payé pour avoir des rues pavées et en bon état, mais en vain. Ils demandent aux nouveaux élus de plaider en leur faveur.
Les habitants du quartier Rango attendent toujours le pavage des rues

Une dizaine d’années après les contributions presque forcées pour le pavage des rues des quartiers de la ville de Gitega, aucune réalisation notable ne s’observe. Le projet a été annoncé en 2004.

La colère gronde à chaque saison de pluie. « La boue et des flaques d’eau obstruent les routes. C’est en évitant de tomber dans les flaques d’eau ou quand un chauffard les éclabousse que les passants se souviennent des frais de contribution qu’ils ont payés manu militari il y’ a des années. »

Une mère de famille vivant dans le quartier Karera souligne que « quand mon fils de 16 ans est tombé gravement malade l’année dernière, aucune voiture n’a voulu accéder à notre rue. J’ai dû le porter sur mon dos jusqu’à la route principale. Heureusement qu’il a survécu, mais combien d’autres ne survivent pas ? »

Où sont passées nos contributions ?

Pendant cette collecte de fonds, les ménages ne payaient pas la même somme. Dans les quartiers populaires, la contribution était autour de 30 mille BIF tandis qu’à Shatanya et au centre-ville, la facture était de 50 mille BIF. Quant aux propriétaires d’une boutique, d’un bistrot, d’un salon de coiffure ou des motels, la facture variait entre 50 mille et 300 mille BIF, témoigne le prénommé Nestor, un habitant de Nyamugari.

Le quartier Rango est l’un des quartiers de la ville de Gitega, situé sur une colline escarpée. Le quartier n’a pas de canalisation. « Pendant la saison pluvieuse, les eaux de pluie détruisent les clôtures des maisons », se lamente un habitant de Rango. Outre ce problème de canalisation, l’état des routes laisse à désirer. Sur l’avenue de la Mutualité, un spectacle de nombreux trous s’offre au regard des passants. La circulation est pénible, la route est quasi impraticable. « Nous avions espéré qu’avec les rues pavées, on allait construire des caniveaux et que partant nos maisons allaient être protégées », se lamente un autre habitant du quartier.

Le projet de pavage des rues et des avenues de la ville de Gitega concernait les quartiers Shatanya (I, II, III, et IV), Ntobwe, Karera (I, II), CNAR, Yoba, Magarama, Rango et Nyabututsi. Il devait être exécuté par le Projet de Travaux publics et de Création d’emplois (PTPCE). Un compte bancaire est ouvert au nom du PTPCE pour y verser les contributions de la population. Ces dernières varient en fonction de la longueur des routes, des rues et du nombre d’habitants du quartier.
« J’ai commencé la collecte de l’argent pour le projet de pavage des rues du quartier Rango en 2010. Nous avons organisé plusieurs réunions de sensibilisation pour expliquer aux habitants les avantages du projet. Le quartier Rango est en hauteur. Les eaux de la pluie causent des dégâts. Les clôtures des parcelles ou même des maisons sont emportées. Les rues sont endommagées et deviennent impraticables », confie Edouard Ndayishimiye, un ancien chef de quartier.

D’après lui, les habitants ont été enthousiasmés par le projet et ont commencé à payer cette contribution. « Les acheteurs des parcelles dans le quartier devaient payer les frais de pavage. La Banque africaine pour le développement, à travers le PTPCE, avait promis de donner 98% des fonds nécessaires et la population devait contribuer à hauteur de 2 %. Nous avons collecté 12 millions de BIF et nous avons déposé cette somme sur le compte de PTPCE. Plusieurs quartiers de la ville de Gitega ont collecté cet argent. On pensait que les travaux allaient commencer. Plus de 15 ans après, nous attendons encore. J’ai fait deux mandats (de 2010 à 2020) sans que rien ne pointe à l’horizon. »

La balle dans le camp des nouveaux élus

« Les nouveaux élus doivent demander l’ouverture des enquêtes sur cet argent collecté. C’est incompréhensible que cet argent se volatilise de la sorte. Dans notre quartier, des voitures ne peuvent plus passer dans certaines routes », s’insurge le prénommé Jean-Pierre, un habitant du quartier Rango. « Une route est la base du développement. Ces nouveaux députés doivent demander au ministre des Travaux publics d’approcher encore une fois la BAD pour qu’elle rouvre ce projet. Avant tout cela, il faut d’abord nous dire le sort de nos contributions au projet », renchérit un habitant du quartier Mushasha. « Les routes que nous avons sont une honte pour la capitale politique du pays. C’est regrettable. Il n’y a pas d’autres projets prioritaires que le pavage de ces rues et avenues de la ville de Gitega », ajoute un habitant du quartier Shatanya.

L’ancien chef du quartier Rango fait savoir que cette localité a aussi besoin de l’électricité. « Si tu passes sur la route goudronnée, tu peux penser que tout le quartier est éclairé. Ce qui n’est pas le cas. Il y a plusieurs cellules qui manquent d’électricité. »


A Nyabututsi, deux préoccupations

Nyabututsi, dans la ville de Gitega, deux questions préoccupent les habitants. Il s’agit principalement de l’état des routes et de l’indemnisation des propriétaires des terres sur la colline Mwumba où seront érigés les bâtiments qui abriteront le Parlement. Pour eux, les nouveaux élus doivent se pencher sur ces deux dossiers.

« Vraiment, dans notre quartier Nyabututsi, nous avons des routes, mais elles sont tellement en très mauvais état. Il faut que ces élus fassent tout pour que nos routes soient enfin pavées et réhabilitées », lance Jean-Bosco Ndayizeye, un jeune dudit quartier. Il indique d’ailleurs que le projet avait été annoncé, mais qu’il tarde à être réalisé. « Ils sont venus mettre des signes sur les murs des maisons à démolir pour l’agrandissement de ces avenues, mais nous attendons encore. » Il trouve que ces élus, ces conseillers communaux et ces administratifs à la base peuvent mobiliser la population afin de boucher au moins les nids de poules pour faciliter la circulation. « Je dois avouer qu’il y a des gens qui aimeraient nous rendre visite, mais quand ils entendent qu’ils doivent entrer à l’intérieur du quartier avec leurs véhicules, ils préfèrent ne pas venir. »

Pour sa part, Richard Nibitanga, un habitant de cette localité de 34 ans trouve que le quartier mérite un soutien particulier de la part des nouveaux élus. « Dans notre sous quartier, il n’y a pas d’eau ni d’électricité. Regardez même l’état des routes. Elles sont délabrées. Nous demandons aux élus, aux députés et aux conseillers communaux de porter notre voix loin afin que notre localité soit aussi développée. »

En ce qui est des écoles, il y a aussi un problème. « Notre école n’a pas de fenêtres ni de portes en bon état. Quand la pluie tombe, nos enfants se retrouvent inondés et frappés par le vent et le froid. C’est aussi une question à résoudre. »

Il informe aussi que la gratuité des soins des enfants et des femmes enceintes reste quelques fois théorique. « Il faut que ces députés examinent comment ces mesures sont en train d’être mises en application. Parce qu’il arrive des cas où des parents sont obligés d’acheter eux-mêmes des médicaments pour leurs enfants de moins de 5 ans alors qu’on nous dit que c’est gratuit. »

Une autre grande préoccupation est l’indemnisation des propriétaires des terres se trouvant dans le périmètre où seront construits les bâtiments du Parlement. « Nous sommes à environ 9 km du centre-ville de la capitale politique. Ce sont les habitants de la sous-colline Mwumba qui sont concernés. Ils ont cédé une superficie d’environ 70 hectares. Et les calculs sont déjà terminés, mais les indemnisations tardent à être octroyées. » Les concernés demandent aux nouveaux élus, aux députés et aux conseillers communaux de plaider à ce que cette question soit vidée. « Il faut que le dossier des indemnisations pour nos terres tombées dans la superficie destinée à la construction des bâtiments du Parlement soit prioritaire pour les nouveaux députés de Gitega. Ça a beaucoup traîné », insiste M. Nibitanga.

Ce père de cinq enfants trouve qu’il est urgent que le montant promis soit donné. « Nous sommes en train de perdre. En effet, si on tombe malade, on peut vendre une petite portion de terre pour se faire soigner. Mais, aujourd’hui, nous n’avons pas ce droit. Or, nous n’avons pas d’autres sources de revenus. »

Il estime que si l’indemnisation était octroyée, ils pourront aller chercher des terres ailleurs. « Et si ça continue à traîner, l’argent se dévalue et les terres deviennent très coûteuses alors que pour nos terres, ils ne vont pas refaire les calculs d’indemnisation en l’adaptant à la valeur réelle du franc burundais. »

Il indique que les calculs ont été faits et que même les concernés sont déjà allés signer à la commune. « Malheureusement, nous attendons encore », s’indigne-t-il. « Pour le moment, nous pouvons seulement cultiver nos terres, mais nous ne pouvons pas les vendre. C’est comme si nous sommes devenus des locataires de nos propres terres. »


Les Batwa de Zege veulent plus de soutiens

Installée à Zege depuis plus de 20 ans, la communauté des Batwa veut plus d’autonomie. Les titres de propriété d’abord.
La communauté des Batwa de Zege a besoin des coopératives d’épargne et de crédits

Sifa Minani, adjointe du chef de quartier Zege de la commune Gitega, fait savoir que les anciens dirigeants ont essayé de satisfaire certaines de leurs préoccupations majeures notamment l’eau potable. « Mais une aide dans l’auto-développement surtout dans l’élevage est plus que nécessaire. Le peu de bétail ne suffit pas à la population de cette localité. » Eleveuse en même agricultrice, elle fait savoir qu’une aide dans le domaine agricole leur serait utile aussi.

Elle fait remarquer que les semences sélectionnées ne leur parviennent pas convenablement.
Selon Sifa, son autre souci est une maison d’habitation. « Les maisons que les humanitaires nous ont données commencent à s’écrouler une à une. Les nouveaux élus devraient se pencher sur le cas de ces maisons avant qu’il ne soit trop tard. »

Les enfants de la localité, selon Ezéchiel Bacamurwanko de la zone Zege, ont besoin de formations professionnelles. Pour lui, les écoles de métiers notamment la mécanique-auto, la couture ou autre pourraient favoriser leur auto-développement.

Un autre problème qu’il soulève est le chômage. « Moi par exemple, j’ai été à l’école et je ne suis pas le seul ici. Toutefois, des formations sur l’entrepreneuriat nous font défaut. »
Il lance un appel vibrant aux nouveaux élus de tout faire pour que la grande majorité de la communauté Batwa, surtout les jeunes, ait facilement accès à l’éducation. « Nous avons manqué de moyens pour continuer les études supérieures. »

Placée dans un site appartenant à l’Etat, la communauté Batwa ne se sent pas stable. « Nous ne pouvons pas réclamer le courant électrique parce que nous ne sommes pas chez nous. Nous pouvons être délocalisés d’un moment à l’autre. Le jour où ils nous diront que désormais, c’est chez nous, et bien, nous réclamerons tout ce qui manque à ce site. »

Les Batwa étiquetés comme des mendiants par les habitants de la ville de Gitega, Mme Sifa fait savoir que le problème de mendicité commence à disparaître petit à petit. « Le seul mendiant qu’on peut trouver maintenant est ce petit vieillard qui n’a plus rien, mais les autres ont appris à travailler. »

Elle fait savoir qu’il y a des âmes charitables qui viennent souvent en aide aux pauvres. « Les Batwa pratiquent l’agriculture, mais nos récoltes sont souvent maigres. Ce qui fait que nous ne pouvons pas subvenir aux besoins des plus pauvres. »

Sifa Minani fait remarquer qu’avant, le bétail était destiné à l’abattoir. Mais, aujourd’hui, il a une importance primordiale. « Chaque animal qu’on nous donnait, on le mangeait, mais comme on a maintenant des terres cultivables, son fumier nous aide dans les champs. »

Les jeunes Batwa font entendre leurs voix aussi

Ezéchiel Bacamurwanko (à droite) : « Nous avons manqué de moyens pour continuer les études supérieures. »

Jérôme Baningwaninzigo est un jeune Mutwa rencontré dans le site des Batwa sur la sous-colline Zege, en commune Gitega. Il abandonne ses études secondaires au moment où il était en 2e année dans la section d’agriculture. Il entend mettre en pratique les connaissances acquises en se lançant dans l’agri-élevage.

Cependant, fait observer ce jeune, son projet se heurte à l’exiguïté des propriétés, qui pour lui, est et reste le problème majeur pour la communauté Batwa. Face à ce défi, il propose une solution. « Nous, en tant que jeunes de l’ethnie Twa, avons besoin des coopératives d’épargne et de crédits qui nous accorderaient des crédits pour que nous puissions nous lancer dans divers métiers générateurs de revenus ».

Un défi qu’il lance auprès des Batwa qui vont bientôt siéger au Parlement et dans les conseillers communaux.

Jérôme Banigwaninzigo rêve de rassembler tous les jeunes autour des activités génératrices de revenus. « Il est vrai qu’on nous appelle ironiquement des « évolués ». Mais nous voulons que d’ici cinq ans, on n’entend plus cette appellation. Nous sommes prêts à participer au développement de notre localité et pourquoi pas de tout le pays ».

Il fait savoir que les jeunes de cette localité sont talentueux. Parmi eux figurent des artistes dans différents domaines (théâtre, musique…). Il déplore le manque d’opportunités pour que ces talents soient exhibés. Et de lancer un appel vibrant « Que nos futurs élus plaident pour que ces talents soient exploités et valorisés pour le bien-être des jeunes !».

Par ailleurs, ce jeune déplore le manque d’eau et d’électricité dans ce site qui héberge plus de 90 ménages. Il insiste sur la pénurie d’eau. Pour lui, un seul robinet public qui peut passer plus d’une semaine sans laisser passer la moindre goutte d’eau, ne suffit pas. « Il nous faut au moins 5 à 6 robinets compte tenu du nombre sans cesse croissant des habitants de ce site ».

De son côté, Lionnel Uwimana se dit choqué par l’oisiveté qui frappe les jeunes, et même les adultes qui habitent dans ledit site. Il a abandonné ses études en 4ème année primaire suite à la séparation de ses parents. Il se débrouille en extrayant les matériaux de construction sur la montagne Zege, mais pas pour longtemps.

« L’extraction des matériaux de construction sur cette montagne sera interdite. Il nous a été annoncé que l’Etat va y ériger des buildings administratifs », se décourage-t-il.
Il déplore un nombre sans cesse croissant d’abandons scolaires des enfants Batwa suite à diverses causes.

Comme son collègue, il réclame un fonds de soutien à ces jeunes qui sont désœuvrés. Il estime que l’électrification de la localité serait une aubaine pour cette jeunesse. « Les jeunes peuvent se lancer dans divers métiers tels que la soudure et faire le petit commerce en ouvrant des cafétérias et en menant d’autres activités qui rapportent un peu d’argent ».
Il demande aux Batwa cooptés de tout faire pour que les enfants Batwa qui ont abandonné l’école ou qui n’ont jamais été à l’école faute des moyens reprennent le chemin de l’école.

Charte des utilisateurs des forums d'Iwacu

Merci de prendre connaissances de nos règles d'usage avant de publier un commentaire.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, appelant à des divisions ethniques ou régionalistes, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans mentionner la source.

Iwacu se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.