Vendredi 26 avril 2024

Archives

Mécanismes de la justice transitionnelle : le débat entre politiques

01/08/2011 Commentaires fermés sur Mécanismes de la justice transitionnelle : le débat entre politiques

Tel était le contenu des débats organisés par Initiatives et Changements Burundi (IC-Burundi) à l’intention des leaders politiques et de la société civile, alors qu’à Kayanza, le Président de la République lançait ce jeudi 28 juillet les mécanismes de justice transitionnelle.

« La justice transitionnelle s’entend dans le sens de la gestion des séquelles en rapport avec les violations massives des Droits de l’Homme, lors d’un passage d’un conflit à la paix ou d’une dictature à la démocratie. » L’assertion est d’Augustin Nzojibwami, président d’IC-Burundi dans son mot introductif.

Après avoir évoqué les 4 mécanismes (la vérité, la justice, les réparations et la réforme des institutions), M. Nzojibwami estime que beaucoup de choses ont été faites « depuis l’Accord d’Arusha du 28 août 2000 au décret du 13 juin 2011 mettant en place le comité technique chargé de mettre en place la Commission Vérité et Réconciliation (CVR). »

Et d’évoquer entre autres : les consultations nationales sur le processus de justice transitionnelle dont le rapport a été déposé à la Présidence le 20 avril 2010, et la mise en place du comité technique pour la préparation de la CVR.

Vient alors le temps des débats, visiblement animés. Juvénal Muvunyi, conseiller à la Présidence de la République, pense que malgré le scepticisme de beaucoup de gens, « la démocratie au Burundi avance à grands pas. Une des preuves c’est qu’il y a eu des élections libres et transparentes », estime-t-il.

Quant à la volonté politique du gouvernement dans la mise en place des mécanismes de justice de transition, M. Muvunyi reconnaît qu’il y a bel et bien cette volonté malgré que certains n’y croient pas. Il fustige par ailleurs ceux qui n’ont pas confiance au comité technique pré-CVR, rappelant que ce comité n’est pas la CVR en elle-même.

Le professeur Juvénal Ngorwanubusa n’y croit pas tellement. Selon lui, le comité technique dont on parle n’en est pas un, parce qu’il est politique. Il pense qu’ « on évoque la forme pour cacher des questions de fond. »
Si on avait voulu un comité technique, poursuit-il, on aurait eu recours à des experts en la matière. Le professeur pense qu’il y a mauvaise compréhension et traduction des concepts.

Pour lui, « réconciliation » n’est pas traduit en kirundi par « ukurekuriranira », parce que ce dernier concept donne en français « se pardonner ». La question qui reste alors posée est de savoir s’il s’agit de « se réconcilier ou de se pardonner », se demande-t-il.

Un participant demande au conférencier d’apprécier la volonté politique du gouvernement dans ce processus, mais M. Nzojibwami préfère dire « qu’elle concerne aussi bien le gouvernement et que ses opposants. »

A la question de savoir si l’atelier n’est pas un de plus parce que des recommandations ont été toujours fournies sans aucun suivi, M. Augustin soutient qu’il faut toujours répéter « cent fois, mille fois, il en restera toujours quelque chose ».

Il pense en outre que ces débats viennent compléter les consultations sur la justice transitionnelle dont l’échantillon pourrait être biaisé : « Même si le rapport sur les consultations est sorti, celles-ci ne sont pas terminées d’autant plus que le gouvernement et les Nations Unies ne s’entendent pas encore sur certains points », dit-il. Parmi ceux-ci, « L’indépendance du procureur du Tribunal Spécial pour le Burundi, et l’immunité provisoire ou définitive des présumés auteurs de crimes. »

_________________________

Le président burundais Pierre Nkurunziza a annoncé mercredi 27 juillet 2011 dans un message à la Nation que les travaux de la Commission Nationale pour la Vérité et la Réconciliation (CNVR) commenceront début 2012.

CVR

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Le Burundi confronté à une question de survie

Quatre enfants sont morts dans l’ effondrement d’une maison dans la zone Ntamba, commune Musigati, un enfant de trois ans est mort, plus de 300 maisons détruites  après un éboulement sur la colline Gabaniro, commune Muhuta, plus de cinq cents (…)

Online Users

Total 3 406 users online