Lundi 07 octobre 2024

Économie

Des étangs pour ne pas sombrer

10/04/2017 5

Après plusieurs années sans emploi, sept jeunes de Bubanza se sont lancés dans la pisciculture. Aujourd’hui, leur production oscille autour de 5 tonnes par semestre.

Les jeunes de la COPIMUCOPO en train de récupérer les alevins
Les jeunes de la COPIMUCOPO en train de récupérer les alevins

C’est une belle histoire qui devrait inspirer d’autres jeunes. Celle de sept lauréats des Humanités générales promis au chômage qui refusent la fatalité.

Ils avaient vu faire un certain Déo Karega, créateur du Centre burundais pour le développement de l’aquaculture (CBDA). « C’est lui qui nous a conseillé de nous lancer dans la pisciculture ».

Ils sont partis de zéro, mais le « capital le plus important, c’est une tête bien faite », raconte en riant Cyriaque Ndayiragije, président de la coopérative piscicole de multiplication et de commercialisation du poisson (COPIMUCOPO).

Mai 2014, ensemble, ils vont creuser à plus ou moins 100 m de la rivière Mpanda leur tout premier étang de 20 m sur 40 m. « Pour commencer, Déo Karega nous a avancé pour les alvins de tilapia, remboursable avec la première récolte », se souvient Paul Kwizera, membre de cette coopérative.

Pour les clarias (Isomvyi), les premières semences ont été attrapées dans les rivières comme Mpanda, les ruisseaux, les champs de riz, etc.

Ces jeunes maîtrisent les caractéristiques des poissons et les distinguent facilement les uns des autres. « Les mâles sont d’une grande taille et sont très mobiles. Et les femelles ont une couleur jaunâtre au niveau de la tête », décrit-il. Actuellement, pour avoir des alvins, des femelles sont gardées dans des épuisettes installées à l’aide des moustiquaires.

Un vrai spectacle s’offre au moment de les ravitailler. Ces jeunes savent interpréter chaque signe à la surface de l’eau pour localiser les poissons. Tout en faisant des petits cris, ils y jettent des restes du riz et des morceaux de choux, etc. Comme par magie, des milliers de petits et gros poissons affluent à la surface.
Tous les six mois, les étangs produisent entre trois et cinq tonnes. Les clients viennent de Bubanza, de Cibitoke voire de la RDC. Et le prix d’1kg de poisson est fixé à 2500 Fbu.

La baisse de la production du poisson du lac Tanganyika a « boosté » le projet. « Ici à Bubanza, on pouvait passer trois ou quatre mois sans goûter aux poissons ».

Avec les ventes, la coopérative peut engranger autour de trois millions de Fbu. Les dépenses sont limitées à l’achat d’aliments pour ces poissons et au payement du personnel (trois veilleurs, deux balayeurs, et deux autres chargés du suivi de la qualité d’eau).

Une initiative à encourager

En deux ans, la COPIMUCOPO compte 50 membres, répartis en dix petits groupements. M. Ndayiragije et ses amis vont installer une poissonnerie à Musenyi, commune Mpanda, province Bubanza. « Aujourd’hui, nous avons 50 étangs avec des dimensions variées. D’autres chômeurs ont intégré notre coopérative. »

Mais des défis persistent comme l’indisponibilité d’aliments industriels des poissons localement, la conservation de la production, des pesticides en provenance des champs rizicoles à proximité, etc.

Au ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, l’initiative est saluée.« Que les jeunes diplômés cessent de penser à être embauchés par l’Etat. Ils peuvent créer leurs propres emplois et être des employeurs », lance Déo Karega, directeur de la pisciculture au ministère.

D’après lui, ce secteur peut occuper beaucoup de jeunes chômeurs. Il conseille de l’associer avec l’élevage des poules, des porcs, des lapins, … Certains dérivés de l’élevage peuvent en effet fertiliser l’eau et favoriser l’existence des phytoplanctons, des microorganismes consommés surtout par les petits poissons.

Il leur promet un soutien avec des formations et se réjouit que d’autres stations piscicoles se développent dans différents coins du pays : Karusi, Gitega, Kirundo et Bujumbura.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. Audace Nkeshimana

    Je suis à karusi ;je voudrais le numero telephonique de ces jeunes associés pour échanger . je fais la pisciculture

  2. Katembo

    Que le ministère prêche par des exemples et non par des mots simples

  3. Murundi

    Bravo chers fils du Burundi!

  4. MIRISHO

    Bravo à ces jeunes. En effet, la ville est trompeuse par ses soi-disantes facilités matérielles : eau au robinet, électricité,…Si des projets équipaient petit à petit le monde rural d’infrastructures modernes, on ne reconnaîtrait pas le développement du pays d’ici 10 ans. Mais il n’est jamais trop tard.

    • James

      Mes compliments à ces jeunes.Si une fois l’argent dilapidé pour la consrtuction du stade de foot à Ngozi était investit dans la pisciculture,le peuple Burundais allait oublier Tanganyika et ses caprices!

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