Jeudi 27 novembre 2025

Société

Violence numérique : une autre forme de VBG qui prend de l’ampleur

Violence numérique : une autre forme de VBG qui prend de l’ampleur
Tous contre les violences numériques faites aux filles et femmes

Le 25 novembre de chaque année, le Burundi se joint au monde entier pour célébrer la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes. Cependant, des cas de violences numériques s’intensifient actuellement. Les activistes dans le domaine des VBG en appellent à l’application de la loi pour protéger les victimes.

Du harcèlement, du chantage, de la vulgarisation des vidéos et photos de de femmes nues ou dans des tenues très légères sans leur consentement, s’observent sur différents réseaux sociaux et les experts sont formels : tous ces exemples font partie des violences numériques. À Bujumbura, des cas de femmes victimes de cette sorte de VBG, se multiplient.

A. N. est une jeune fille de 21 ans qui habite dans la commune Ntahangwa de la province de Bujumbura. Elle témoigne qu’elle a été victime du chantage pour ses photos dénudée qu’elle avait prises avec son téléphone malheureusement dérobé. « En octobre 2024, mon téléphone a été volé. J’avais pris des photos personnelles et je ne les avais pas effacées. Celui qui a volé mon téléphone m’a harcelé en me demandant de l’argent afin qu’il supprime ces photos ».

Elle ajoute également qu’elle a envoyé une somme de 400 mille BIF à la personne qui la harcelait pour supprimer les photos, mais en vain. « Mes photos sont devenues virales sur la toile alors que je lui avais donné tout l’argent qu’elle m’a demandé. C’était une mauvaise période pour moi. J’ai passé des nuits blanches. J’ai pensé même à me suicider. Heureusement que mes sœurs m’ont consolé et j’ai aussi changé de résidence parce que j’étais le sujet moqueries et de débats dans mon quartier ».

A. N. appelle les jeunes filles de son âge à être très prudentes avec les smartphones ainsi que les réseaux sociaux. « Il y a des jeunes burundaises qui veulent se comporter comme certaines filles aux mœurs douteuses en s’exposant sur les réseaux sociaux. Il faut qu’elles fassent très attention. Qu’elles préservent leurs vies privées, cela les protégera contre les violences numériques ».

Elle lance également un appel aux parents afin qu’ils suivent de près l’éducation de leurs enfants. « Les parents doivent tirer plus d’attention, plus particulièrement leurs filles. Des fois, ils voient leurs filles avec des iPhones et ne leur demandent pas là où elles ont trouvé l’argent pour s’en procurer. Des fois ces téléphones chers viennent de leurs photos prises étant en costume d’Adam envoyées à leurs soi-disant copains vivant à l’étranger, la ’’diaspora’’ ».

Un autre cas de violence numérique a été faite, elle concernait une jeune fille du quartier Nyakabiga. Elle a tenté de se suicider lorsque ses vidéos intimes sont devenues virales sur les réseaux sociaux.

Selon des sources proches de la victime, cette dernière avait envoyé ses vidéos, il y a quelques années, à son copain habitant en Europe. Après la rupture de cette relation, comme pour se venger, le garçon a mis ces vidéos sur la toile. « Notre amie n’a pas supporté la douleur et elle a fini par avoir des idées noires. Heureusement, Dieu l’a protégée, sa tentative de suicide a échoué, elle n’est pas morte ».

Signalons qu’une campagne de 16 jours d’activisme pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles a été lancée. Cette campagne a commencé le 25 novembre et se terminera le 10 décembre 2025. « Unis pour mettre fin à la violence numérique contre toutes les femmes et filles », tel est le thème choisi cette année.


Réactions

Godelieve Manirakiza : « Il faut qu’il y ait des sanctions envers les mauvais utilisateurs d’internet »


La directrice de l’Association des femmes rapatriées du Burundi, Afrabu, fait également savoir que les violences faites aux femmes et aux filles se multiplient et deviennent multiformes actuellement.
« Avec le développement des TIC, une opportunité pour le développement du pays en matière de communication, ce moyen peut aussi être utilisé pour nuire, par la diffusion de fausses informations sur une personne quelconque. Ces informations peuvent causer l’instabilité en milieu de travail, dans les foyers, et au sein de la communauté ».

Pour elle, les conséquences sont multiples également. « Il peut y avoir des divorces, des emprisonnements, des ruptures de contrats, des effets psychologiques, de faibles rendements au travail, de l’insécurités familiales, etc. »

Pour éradiquer les violences faites aux femmes et aux filles, Mme Manirakiza suggère qu’il y ait une régulation des réseaux sociaux et des médias. Qu’il y ait des sanctions envers les mauvais utilisateurs de l’internet. « Il faut également mettre en place une cybercriminalité pour juguler ces mauvaises pratiques et faire des sensibilisations à la population burundaise sur l’importance et le bon usage des TIC et des réseaux sociaux ».

Elle termine ses propos en conseillant aux jeunes filles et femmes qui se prennent des vidéos et photos d’utiliser les smartphones avec prudence. « Je tiens à rappeler que les TIC sont des outils à double tranchant : une menace et une opportunité ».

Médiatrice Kwizigira : « Il faut une prise en charge des survivantes des VBG et un accès à la justice »

Pour la représentante légale de l’Association pour la promotion de la fille burundaise, APFB, la situation reste préoccupante malgré les efforts consentis dans la sensibilisation et les textes de loi existants. « Les violences faites aux femmes et aux filles continuent de se multiplier sous différentes formes : violences domestiques, violences sexuelles, mariages forcés, harcèlement, cyberharcèlement, etc. »

Elle indique que ces actes brisent des vies, freinent l’émancipation des femmes et sapent les fondements mêmes du développement durable. « Il est donc urgent de renforcer non seulement la prévention, mais aussi la prise en charge des survivantes sans oublier l’accès à la justice ».

Elle appelle le gouvernement à intensifier ses efforts en matière de protection des femmes, notamment à travers l’application stricte des lois contre les auteurs de violences, le renforcement des mécanismes d’écoute et de prise en charge dans toutes les communes, l’intégration systématique de l’éducation sur les droits humains et l’égalité des genres dans les écoles, et le soutien accru aux organisations locales qui œuvrent sur le terrain.

VBG

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