Samedi 31 mai 2025

Editorial

Université du Burundi. En finir avec le déni

30/05/2025 0

Des informations préoccupantes faisant état d’insécurité et de violence à l’Université du Burundi (UB), notamment au campus Mutanga, ont récemment enflammé les réseaux sociaux.

Selon plusieurs publications, un groupe d’étudiants affiliés à la ligue des jeunes du parti au pouvoir, ’’Imbonerakure’’ exercerait une emprise indue sur les homes universitaires.
Parmi les accusations les plus graves : il arrive que des étudiants soient réveillés en pleine nuit, passés à tabac, et contraints de verser de l’argent sous la menace.

En date du 21 mai 2025, le rectorat de l’UB a publié un communiqué réfutant catégoriquement ces allégations, les qualifiant de « mensonges éhontés » et de « diffamations ».

L’administration s’interroge sur l’opportunité de ces publications à l’approche des échéances électorales, et met en garde toute personne cherchant à ’’spéculer dans le but de perturber la sécurité et la cohésion sociale à l’université qu’elle sera poursuivie avec toute la rigueur de la loi’’.

Pour certains observateurs, cette posture de déni n’est pas judicieuse, d’autant que les témoignages de victimes et de témoins oculaires semblent accréditer les faits dénoncés.
Une approche plus responsable aurait été de diligenter immédiatement une commission indépendante pour faire toute la lumière sur ces accusations.

Les investigations menées par Iwacu révèlent que, bien au-delà des rumeurs amplifiées sur les réseaux sociaux, l’Université du Burundi fait face à une multitude de défis.

Des rondes nocturnes ponctuées de violence, une corruption rampante dans l’attribution des chambres, avec des loyers passant de 7 000 par mois à 100 000 FBu , l’occupation illégale prolongée des logements par d’anciens étudiants au détriment des nouveaux, des cas fréquents de vol : tels sont les quelques dysfonctionnements qui minent le quotidien des étudiants.

D’autres problématiques structurelles, déjà documentées dans nos précédentes enquêtes, freinent l’épanouissement de cette institution autrefois surnommée Rumuri, le flambeau du savoir au Burundi.

Le départ massif des enseignants, les retards dans le décaissement des prêts-bourses, le manque criant d’infrastructures et de ressources pédagogiques, des laboratoires et bibliothèques vétustes ou insuffisants, ainsi qu’un système de formation peu innovant et déconnecté des besoins du marché du travail, font partie d’une liste non exhaustive de défis majeurs.

L’Université du Burundi doit redevenir ce qu’elle a toujours aspiré à être : un lieu d’excellence académique, d’intégrité morale et intellectuelle, un creuset de la pensée critique et de l’innovation.

Les campus universitaires ne devraient en aucun cas se transformer en foyers de violence, mais plutôt offrir un environnement propice à l’apprentissage, à la coexistence pacifique et à l’épanouissement personnel.

Il devient urgent de mettre en place une commission indépendante et crédible, chargée d’enquêter sur les abus et dysfonctionnements au sein des campus de cette grande institution, véritable grenier du savoir national.

Plutôt que de rejeter en bloc les accusations, les autorités universitaires gagneraient à ouvrir un cadre d’échange sincère et constructif. Le dialogue demeure le moyen le plus efficace pour restaurer un climat apaisé et garantir une coexistence harmonieuse au sein de la communauté universitaire.

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