Dans un monde où les catastrophes naturelles exacerbées par le changement climatique frappent avec une intensité croissante, le Burundi pays enclavé de l’Afrique de l’Est subissant de plein fouet les aléas climatiques tels que les inondations, les glissements de terrain et la sécheresse, cherche à renforcer ses défenses. Un pari pour l’avenir :passer de la réaction à l’anticipation.
Pendant longtemps, l’approche face aux catastrophes a été celle de la réponse d’urgence. Des vies perdues, des maisons emportées, des récoltes détruites… et une fois la crise passée, une reconstruction souvent à l’identique, sans tenir compte de la vulnérabilité intrinsèque des zones sinistrées. Au Burundi, comme ailleurs, ce cycle de destruction et de relèvement précaire a un coût humain et économique insoutenable.
Ce modèle est non seulement inefficient, mais il perpétue également la vulnérabilité des communautés les plus marginalisées. C’est dans ce contexte que s’est tenue, ce mardi le 2 septembre à Gitega, un atelier de formation cruciale sur 4jours, marquant une étape significative vers une gouvernance des risques plus efficace et un relèvement plus rapide.
L’objectif : intégrer la Réduction des Risques de Catastrophe (RRC) et l’Adaptation au Changement Climatique (ACC) au cœur du processus de développement national. La formation vient briser ce cercle vicieux, elle s’inscrit dans une dynamique nationale et internationale visant à passer d’une posture réactive à une stratégie proactive. En formant les cadres et les acteurs clés du développement, l’initiative vise à ancrer la gestion des risques non plus comme une intervention ponctuelle, mais comme une composante permanente de toute politique de développement, de l’aménagement du territoire à la planification agricole.
Selon Ioana Creitaru, spécialiste de programme Alerte précoce et préparation au Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ce projet cofinancé avec l’Union européenne vise à améliorer la gouvernance des risques de catastrophes, à renforcer les capacités de redressement et à renforcer la résilience des communautés vulnérables.
« Il intensifie la réduction des risques de catastrophe au niveau communautaire et à renforcer les capacités de répondre aux besoins post-catastrophes », a expliqué Ioana Creitaru. D’après cette spécialiste, le PNUD a déjà réalisé beaucoup d’activités dans le cadre de ce projet sous la coordination technique du ministère de l’Intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique. On citerait, entre autres, les séances de sensibilisation sur la gouvernance des risques de catastrophes dans les communes du pays, l’appui à l’élaboration de la politique nationale en réduction des risques de catastrophes au Burundi et l’évaluation des besoins post-catastrophes après les inondations liées au phénomène el niño au pays.
Cet atelier vient aussi renforcer les acquis cités en insistant sur la planification du développement qui prend en compte les risques de catastrophes et l’adaptation au changement climatique.
Un tournant pour le développement burundais : l’appropriation des outils de la résilience
L’atelier de formation de Gitega a un double intérêt. D’un côté, c’est l’harmonisation de la compréhension du risque dans le développement du pays. De l’autre côté, le lancement de la conduite de cet exercice qui devra se faire jusqu’au niveau décentralisé à travers des activités planifiées au niveau du projet.

Et pour la délégation de l’Union Européenne au Burundi, M. Didier Carton, le Burundi est classé parmi les 20 pays au monde les plus touchés par le changement climatique. Celui-ci non seulement provoque des déplacements de populations mais impacte aussi les moyens de subsistance aggravant la fragilité économique du pays.
« La fréquence et la gravité de ces aléas climatiques devraient encore augmenter en influençant notamment sur le niveau du lac Tanganyika », a alerté Didier Carton. Comme il l’a fait savoir, entre septembre 2023 et mai 2024, le phénomène El Niño a affecté plus de 300 000 personnes dont 100 000 ont dû être déplacées.
« Dans ce contexte, les états ont bien pris conscience de la nécessité de passer d’une gestion réactive des catastrophes à une gestion proactive. Mieux vaut prévenir que guérir », a-t-il ajouté. Selon lui, un franc burundais d’investissement dans la gouvernance du risque, c’est 16 francs burundais économisés.
Il a en outre souligné qu’au Burundi rien que pour les inondations, l’estimation qui a été faite par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) sur les pertes annuelles se chiffre à 60 millions d’euros (plus de 206 milliards de francs burundais). Et l’exercice d’évaluation de l’impact d’El Nino en 2024 a lui été estimé pour des pertes et dommages de l’ordre de 628 milliards de Fbu.
« Sur la dernière période programmatique 2021-2027, un montant total de 145 millions d’euros a déjà été mobilisé sur l’enveloppe de la coopération bilatérale pour des actions dans le domaine de la réduction des risques de catastrophes et la résilience au changement climatique », a-t-il déclaré. Quant au ministère de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique, il a reconnu que l’intégration de la réduction des risques de catastrophes et l’adaptation aux changement climatiques permet de minimiser l’impact des catastrophes naturels et soutient la durabilité économique. Elle permet aussi à préserver l’écosystème et la résilience des communautés.
« Cet atelier vient à point nommé juste en pleine réforme de la planification budgétaire piloté par le ministère en charge des finances conformément au décret sur la déconcentration au niveau des prise de décision. Il aiderait à surmonter certains défis et promouvoir une bonne prise en compte des risques dans nos planifications usuelles », a déclaré le Général de Brigade de police, Richard Ndayisaba Secrétaire Permanent au ministère de l’intérieur.
Ancrer la résilience dans l’ADN des politiques publiques

Pour s’approprier de la politique d’anticipation et planification sensible aux risques et catastrophes, des cadres des différents ministères, des membres de la plateforme nationale de la prévention des risques de catastrophes, des ONG internationales et nationales, ont été formés sur le Développement résilient face aux catastrophes et au changement climatiques.
Et aussi, ils ont appris comment intégrer l’ACC et RRC dans le développement, l’information sur les risques et le climat pour la RRC et l’ACC, le financement des risques pour un développement résilient face aux catastrophes et au climat, etc. Selon le Représentant Résident-Adjoint du PNUD, cet atelier marque un processus de sensibilisation et de conscientisation aux risques qui va s’étendre jusqu’au niveau des provinces et des communes. « Ceci dit que si le niveau hiérarchique que vous représentez est conscient, les niveaux déconcentrés et décentralisés pourront suivre aisément. L’aboutissement de ce processus ne marque pas la fin de nos efforts, mais bien un nouveau commencement », a déclaré Jonas Mfouatie. Il a souligné en outre que le chemin vers le développement Informé par le risque est long et requiert la participation continue et la collaboration de tous. « Des standards y relatifs devront désormais être mis en œuvre et intégrés dans les stratégies nationales et dans les politiques publiques », a-t-il ajouté.
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