Treize coopératives regroupées au sein de l’Union Ijwi ry’Umuceri Cibitoke, réunissant des riziculteurs et de petits exploitants rizicoles des communes Cibitoke, Mugina et Bukinanyana (province de Bujumbura) dénoncent une grave pénurie d’engrais. Malgré le paiement intégral exigé par l’État, les agriculteurs affirment n’avoir jamais reçu l’urée pour la saison C ni pour la saison A en cours. Une situation qui menace les récoltes, plonge les familles dans l’endettement et fait craindre une crise alimentaire.
Au sein de l’Union, la colère est palpable. Les responsables des 13 coopératives membres affirment que, pour la saison culturale C, l’engrais de type urée n’a jamais été livré, alors que les agriculteurs avaient déjà payé la totalité des montants requis par l’État à travers les structures habilitées notamment le Fomi.
La situation ne s’est pas améliorée avec la saison A actuellement en cours. Là encore, les agriculteurs ont versé les sommes demandées. Mais, jusqu’à présent, aucun engrais ne leur a été distribué. Résultat : des champs abandonnés ou en voie de détérioration, faute d’intrants agricoles essentiels.
Les conséquences sont lourdes. Plusieurs agriculteurs confient avoir contracté des crédits auprès des banques et institutions de microfinance pour pouvoir payer l’engrais. « Nous remboursons des dettes sans savoir où trouver l’argent, puisque nous n’avons pas eu l’engrais pour produire », soupire l’un d’entre eux, visiblement exaspéré.
Un autre agriculteur explique avoir mis en gage sa parcelle familiale pour obtenir un prêt destiné à l’achat des engrais. Aujourd’hui, il craint perdre sa terre puisque les champs de plus de deux hectares qu’il avait emblavés n’ont jamais reçu de l’urée promise. « Comment l’État peut-il percevoir l’argent des agriculteurs alors qu’il n’y a pas d’engrais disponibles ? Faut-il attendre que nos enfants meurent de faim alors que nous avions les moyens de produire ? », s’indigne N.F. tout en appelant à une livraison urgente des engrais.
Un espoir brisé
Sur le terrain, les dégâts sont visibles. Dans certaines exploitations de maïs semées avec des semences améliorées fournies par les services provinciaux de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage, les plants commencent déjà à sécher faute de fertilisation. Les agriculteurs affirment avoir semé dans l’espoir de recevoir l’engrais à temps. Un espoir désormais brisé.
Tous lancent un appel pressant aux autorités compétentes afin qu’elles accélèrent la distribution de l’urée, avant que la situation ne dégénère davantage et ne provoque une insécurité alimentaire aiguë.
Une union qui risque de régresser
Le président de l’Union Ijwi ry’Umuceri Cibitoke, Augustin Havyarimana, se dit désemparé face à la détresse de ses membres. Il précise que, sur les 7 300 sacs d’urée de 25 kg chacun attendus pour la saison C, les coopératives n’ont reçu qu’environ un tiers. Quant à la saison A, aucun sac n’a été livré jusqu’à présent.
Selon lui, cette pénurie compromet gravement les performances agricoles d’une union qui figurait parmi les productrices de riz de qualité, régulièrement primée lors des compétitions agricoles. « Aujourd’hui, nous risquons de régresser à cause de l’absence d’engrais », projette-t-il.
Des démarches infructueuses
Face à la situation, l’Union a adressé une correspondance au ministre ayant l’agriculture dans ses attributions. Jusqu’à ce jour, aucune réponse officielle n’a été reçue. « Nous ne savons plus vers qui nous tourner », confie Augustin Havyarimana.
Contactés, les responsables provinciaux de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage n’ont pas voulu s’exprimer. Ils nous ont plutôt renvoyé vers la Direction du Fomi. De son côté, le responsable en charge des engrais au Fomi s’est refusé de tout commentaire tout en orientant, à son tour, vers le ministère de tutelle.



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