Samedi 11 octobre 2025

Société

Région Ouest/Cibitoke : Les producteurs de coton inquiets

11/10/2025 0
Région Ouest/Cibitoke : Les producteurs de coton inquiets
Les agriculteurs disent qu’aujourd’hui, le coton apporte plus de dette que d’argent

Depuis le 22 septembre 2025, la Cogerco a lancé la campagne d’achat du coton longtemps attendue par les producteurs. Mais ces derniers expriment leurs inquiétudes face à l’opacité du processus d’achat. Beaucoup redoutent une nouvelle année ratée. La Cogerco tente de rassurer.

Depuis la fin du mois de septembre, la Compagnie de gérance du coton (Cogerco) a entamé l’achat du coton produit au cours de la dernière saison. Alors que les cultivateurs devaient s’en réjouir, l’opération suscite au contraire une grande inquiétude.

Les paysans affirment ne pas connaître le prix officiel d’achat par kilo ni la date à laquelle ils seront effectivement payés. Certains redoutent même que la société ne les rembourse pas du tout, comme cela s’est produit l’année précédente. « Nous avons déjà beaucoup perdu. La pluie a endommagé notre coton. Une partie a brûlé et une autre a été dévorée par les rats », déplore un producteur rencontré sur la transversale 4 de la colline Kagazi, occupé à faire peser sa récolte au bord de la Route nationale n°5.

Pour nombre de familles de la plaine de l’Imbo, la vente du coton représente une bouffée d’oxygène financière. Cet argent devait servir à payer les frais de scolarité des enfants et à acheter le matériel scolaire.

Mais, au début de l’année scolaire en cours, beaucoup de parents n’ont pas pu envoyer leurs enfants à l’école faute de moyens.
« J’ai dû emprunter de l’argent auprès d’une microfinance en attendant le paiement de mon coton. Mais, jusqu’à présent, je ne sais pas comment je rembourserai. Je crains de tout perdre », témoigne un autre cultivateur dans le marais de Mbaza-Miduha, sur la colline et zone Rukana de la commune Cibitoke province de Bujumbura.

Certains rapportent même avoir été poursuivis en justice pour non-remboursement de crédits contractés dans l’attente de paiements qui ne sont jamais venus.

Un système injuste

Les producteurs affirment que la Cogerco leur avait déjà acheté du coton l’an dernier sans jamais leur verser le moindre franc. Pour eux, cette entreprise publique semble au bord de la faillite.

Ils dénoncent un système injuste : travailler sur les terres de la Cogerco, cultiver le coton à perte sans encadrement suffisant ni garantie de paiement. « Si rien ne change, nous allons abandonner la culture du coton. Elle était jadis une culture de rente qui faisait vivre le paysan et rapportait à l’État. Mais, aujourd’hui, elle nous apporte plus de dettes que d’argent », s’indigne un paysan.

La direction de la Cogerco tente de rassurer

Interrogé à ce sujet, Ir Mathieu Butahana, responsable régional de la Cogerco au niveau de la plaine de l’Imbo, appelle les producteurs au calme.

Il affirme que les fonds destinés à payer les paysans existent et que les retards sont dus à l’attente du prix officiel que doit fixer le gouvernement.
« Les producteurs ne doivent pas craindre la perte de leur coton. L’argent est disponible. Nous attendons seulement que l’État fixe le prix. Personne ne sera oublié ».

M. Butahana a également indiqué que la Cogerco s’apprête à distribuer des semences de meilleure qualité afin d’aider les cultivateurs à préparer la prochaine saison.

Malgré ces assurances, les producteurs restent sceptiques. L’absence de transparence, les retards chroniques dans les paiements et la baisse de la rentabilité risquent d’entraîner un désengagement massif des paysans.

Si rien n’est fait, préviennent-ils, la filière coton, autrefois l’un des piliers de l’économie burundaise, pourrait bientôt n’être qu’un souvenir.

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