En moins de sept mois, huit habitants de trois communes de la province de Bujumbura accusés de pratiquer la sorcellerie ont été lynchés ou massacrés dans des conditions atroces. Derrière ces violences se cachent aussi des querelles liées à la terre et à l’appât du gain. Les familles des victimes, endeuillées et révoltées, dénoncent l’inaction des autorités et réclament justice.
Une double tragédie à Bukinanyana. La nuit du 4 au 5 août 2025 a viré au cauchemar sur la sous-colline Bwiza II, zone Ndava. Vers 20 h, alors qu’ils prenaient leur repas, un homme de 60 ans et son fils de 10 ans ont été attaqués à la machette par un groupe d’individus. Les deux sont morts sur-le-champ. L’épouse, âgée de 50 ans, grièvement blessée, a été hospitalisée d’urgence pour des soins intensifs. Grâce à l’intervention conjointe des forces de l’ordre et de la population locale, un assaillant a été arrêté sur place. Les autres ont pris la fuite et restent introuvables.
Une série noire depuis février
Ce double meurtre s’ajoute à une macabre liste qui endeuille la région depuis le début de l’année 2025. Fin juillet, une femme de 59 ans a été tuée par une grenade sur la colline Rusiga, commune Cibitoke. Son époux et leurs deux enfants ont survécu, mais grièvement blessés. Aucun suspect n’a été arrêté. En février, deux hommes de 65 ans ont été massacrés à la machette sur les collines Ngoma et Buhayira, toujours à Bukinanyana. Les auteurs n’ont jamais été identifiés. En mars, une femme a été tuée à la grenade à la colline et zone Butahana et un autre homme abattu en avril à la machette à la colline Muhungu en commune Mugina. Là encore, les enquêtes sont au point mort.
Officiellement, toutes ces victimes étaient accusées de sorcellerie. Mais plusieurs témoignages recueillis sur place évoquent d’autres motifs : des querelles foncières liées à l’héritage ou encore des rivalités alimentées par la jalousie et la convoitise. Dans certains cas, les victimes avaient reçu des lettres anonymes ou des tracts les menaçant de mort quelques jours avant leur assassinat. Les séances de sensibilisation organisées sur les collines n’ont pas réussi à stopper l’escalade des violences.
Colère et sentiment d’abandon
Les familles endeuillées accusent les autorités administratives et sécuritaires de fermer les yeux sur ces crimes. Elles dénoncent la non arrestation des criminels et l’absence de véritables enquêtes. Des organisations locales de défense des droits humains condamnent fermement ces meurtres et exigent l’ouverture des dossiers judiciaires pour identifier et traduire en justice les auteurs, y compris ceux déjà appréhendés. Elles mettent en garde contre une impunité qui « nourrit la spirale de la violence sous prétexte de sorcellerie ».
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