Le quartier est le théâtre d’une insalubrité récurrente qui provoque l’indignation. Loin des standards d’une ville moderne, ses routes à peine praticables sont défigurées par des puits perdus d’où débordent des eaux usées nauséabondes. L’administration à la base met en garde contre les pollueurs.
Gitega, capitale politique du Burundi, rêve d’être une vitrine de la modernité. Pourtant, un simple passage au quartier Yoba suffit pour dissiper cette illusion. On y trouve en effet l’installation de puits perdus creusés par les propriétaires non pas dans leurs cours, mais directement sur les passages publics. De ces fosses débordent en permanence des eaux usées domestiques qui stagnent et s’étalent sur des voies de circulation. Les quelques routes en terre battues existantes, déjà précaires, sont ainsi systématiquement saccagées.
« Regardez l’état de la route! L’eau sale déborde souvent de ces trous et stagne au milieu du chemin. L’odeur est insupportable surtout sous le soleil. On est dans la capitale politique, mais on patauge dans la boue et les eaux usées. C’est une honte ! », s’indigne un habitant du quartier préférant l’anonymat par crainte de représailles. Beaucoup parlent d’un manque de civisme. Les propriétaires continuent d’orienter leurs effluents vers l’extérieur creusant même des tranchées légères pour faciliter le déversement sur la chaussée comme si la rue était un exutoire naturel et gratuit.
La population craint pour sa santé
Alors que le gouvernement a récemment érigé la salubrité en cheval de batail avec des amendes à la clé, certains habitants du quartier Yoba commencent à demander des mesures et des punitions pour ceux qui continuent de verser leurs saletés dans la rue. Ils prédisent même de possibles conflits entre voisins si le phénomène perdure. L’arrivée de la saison des pluies transforme l’insalubrité chronique de Yoba en une véritable bombe sanitaire.
Le quartier, construit sans aucun plan d’urbanisation coherent, est quasi dépourvu de caniveaux adéquats. L’eau des pluies qui devrait nettoyer ne fait qu’aggraver le désastre. Elle se mélange avec des déchets ménagers jetés de manière anarchique dans les parages.
Berchumas Sakubu, les pieds dans l’eau sale devant sa parcelle, est à bout. « Quand il pleut, c’est grave. Les routes deviennent des rivières d’eaux sales qui entrent jusque dans nos cours. C’est là que les enfants jouent en rentrant de l’école. Nous avons peur pour leur santé surtout avec tout ce qu’on entend sur le choléra dans d’autres provinces. »
Résistance au changement
Aujourd’hui, la situation a pris une tournure inattendue suite aux récentes annonces du gouvernement qui a érigé la salubrité en priorité nationale, instaurant des amendes sévères pour les insoumis. « On ne peut plus accepter ça. Maintenant qu’il y a des amendes, il faut que chacun prenne ses responsabilités. L’eau usée doit rester chez le propriétaire », clame la prénommée Marie, une résidente de 45 ans dont les voisins orientent les tuyaux d’évacuation des eaux usées devant sa parcelle.
Cependant, cette revendication citoyenne se heurte à une résistance farouche. Certains propriétaires incriminés adoptent une rhétorique de victimisation tentant de délégitimer les plaignants. Le chef de quartier élu tente de tranquilliser. « Il est dorénavant strictement interdit de creuser ces puits perdus en dehors des limites de la parcelle », déclare Salvator Bukuru. Mais, pour les habitants les plus anciens, cette parole arrive trop tard.
Le mal est déjà fait. Les anciennes canalisations ont déjà détruit les routes. Interdire les nouveaux creusements c’est bien mais, il faut une solution concrète pour tous les anciens puits qui continuent de déborder.






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