Samedi 20 septembre 2025

Société

Région Centre/Gitega : A la place d’un pont, un gouffre sépare Nyamugari et Karera II

Région Centre/Gitega : A la place d’un pont, un gouffre sépare Nyamugari et Karera II
La partie de l’endroit qui est aujourd’hui presqu’infranchissable.

Depuis longtemps un pont reliait les deux quartiers et facilitait la circulation. Aujourd’hui, il a été emporté par la pluie il y’a plus de deux ans. Après son effondrement, une petite coupure s’est agrandie et s’est transformée en un ravin infranchissable des deux côtés. Les habitants vivent désormais dans l’isolement obligés de faire de longs et pénibles détours pour passer d’un quartier à l’autre.

Il y a deux ans, un pont qui faisait la jonction entre les quartiers Nyamugari et Karera II s’est effondré laissant place à une frustration grandissante et à des difficultés quotidiennes qui pèsent lourdement sur la vie de la population.

Pour traverser, il faut être grand et vigoureux afin de descendre et de remonter dans un énorme ravin. Pendant cette période de pluies qui s’annonce, malheur aux femmes et aux enfants qui risquent d’être emportés par les crues de Nyabugogo. Ce qui ne sera pas pour la première fois car, une fille de 16 ans s’est noyée en tendant de rentrer chez elle, il y’a une année.

D’après les habitants, le silence qui entoure la destruction de ce pont est assourdissant. Là où se dressait une structure solide, il n’y a plus que des ravins profonds et escarpés. Du jour au jour, les habitants ont vu leur quotidien basculer.

Les trajets qui prenaient quelques minutes se sont transformés en de longues et dangereuses expéditions. Caroline Butoyi, une jeune femme de Karera II, se souvient avec nostalgie de l’ancienne époque révolue. « Quand nous avons déménagé vers Karera II, c’était simple. On traversait le pont et on était de l’autre côté. Pour aller au marché ou rendre visite à des amis ‘était une affaire de quelques minutes à pied. Maintenant, il faut marcher pendant des heures pour contourner ce trou » Elle indique en outre que le soir, on ne rentre plus à pied et qu’il vaut mieux payer une mototaxi de 4 000 FBu alors que sa maison est à quelques dizaines de mètres du quartier Nyamugari.

Plusieurs désagréments

Les conséquences de l’effondrement du pont ne sont pas seulement logistiques. Elles sont aussi économiques et sociales. Les propriétaires de maisons de location situées dans le quartier Karera II sont les premiers à en souffrir. « Les locataires préfèrent payer chers dans les quartiers Nyamugari, Magarama et Bwoga, là où même la nuit on rentre facilement », se lamente Léonidas Nibizi. Il croyait que sa maison allait l’aider à rembourser le crédit contracté.

La situation touche aussi les écoles. Les parents des autres quartiers sont moins enclins à chercher une place pour leurs enfants là-bas.

L’isolement est aussi un facteur qui pèse sur la vie des habitants. Les amis se voient moins souvent et les liens sociaux se distendent. « Mon ami habite à Karera II. Avant, on se voyait tous les jours. C’était notre rituel de prendre un verre ensemble après le travail. Maintenant, on ne se voit plus », confie Gérard Bigirimana, un habitant de Nyamugari.

L’insécurité est devenue un problème majeur aussi. La nuit, les ravins et les sentiers détournés sont propices aux agressions et aux vols. Les habitants se retrouvent contraints de rentrer tôt ou de débourser des sommes importantes pour un taxi-moto. Ce qui met à rude épreuve des budgets déjà serrés.

Aucune solution concrète

Malgré les appels répétés des habitants, aucune solution concrète n’a été proposée par les autorités. Les promesses de reconstruction du pont sont restées vaines. Selon le chef de la zone urbaine, ce travail dépasse les seules mains de la population. Il faut l’intervention des services habilités. « Nous avons des promesses. On attend toujours », a souligné Hussein Butoyi.

En attendant, les habitants de Nyamugari et de Karera II continuent de vivre avec le gouffre qui les sépare et qui est le symbole d’une promesse non tenue.

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