Malgré ses richesses naturelles et culturelles uniques, la région de Buhumuza reste marginalisée dans les politiques touristiques du pays. Entre colère et espoir, habitants et experts plaident pour sa mise en valeur urgente.
Avec son climat de type tropical tempéré et influencé par l’altitude qui a des températures moyennes plus fraîches que dans les régions de basse altitude, la région de Buhumuza a une biodiversité impressionnante : ses sources thermales aux vertus légendaires et un riche patrimoine culturel. Selon les habitants, la région possède tous les atouts pour devenir une destination touristique majeure au Burundi et en Afrique de l’Est. Pourtant, elle reste dans l’ombre.
« Quand je dis aux Européens que ma région est un milieu touristique riche, ils ne me croient pas. Pour eux, le tourisme au Burundi, c’est uniquement Rutana, Rusizi ou la ville de Bujumbura », explique Annick Narahuvye qui rêve d’ouvrir la région aux touristes étrangers et visiteurs nationaux lors de la sensibilisation sur l’écotourisme dans la région. Pour avoir vécu longtemps en Europe, elle ne cautionne pas la manière dont la région de Buhumuza est traitée au niveau touristique par rapport à d’autres régions du Burundi.
Quant à Antoine Ndabihaze, ancien habitant du Parc de la Ruvubu, la région a un potentiel important pour le développement de l’écotourisme. Mais, des efforts sont nécessaires pour améliorer les infrastructures, former les acteurs locaux et sensibiliser les populations sur l’importance de la conservation de la biodiversité.
« Parfois, ça me fait mal au cœur quand je constate que nous ne profitons pas assez de ce lieu naturel alors qu’il devait faire entrer des devises au pays en général et à la région en particulier ». Il fait savoir que Buhumuza n’a pas seulement le Parc national de la Ruvubu.
Elle a aussi des eaux thermales encore méconnues du grand public. Issues des profondeurs de la terre, elles sont chaudes et sulfureuses. Leur odeur particulière rappelle les légendes locales.
Sensibilisation et amélioration des infrastructures
Quant aux responsables du Parc national de la Ruvubu, ils soulignent que les savanes ouvertes alternent avec des galeries forestières où chantent des oiseaux tropicaux et vivent des singes, des phacochères, des buffles et des crocodiles. Ce parc abrite également des espèces rares, certaines endémiques et d’autres menacées. L’avifaune aquatique y est relativement riche et diversifiée avec plus de 200 espèces différentes. Du point de vue faunistique, le parc contient 44 espèces de mammifères. Une liste de 421 espèces d’oiseaux du parc est dressée. Les ophidiens y sont aussi nombreux et plus de 9 espèces ont été inventoriées. Un inventaire de 14 espèces de poissons a été également fait. La végétation reste peu étudiée et seulement 300 espèces sont signalées sans être exhaustives.
« Pourtant, rares sont les visiteurs à y poser le pied. Aucune agence nationale n’y propose de circuits réguliers. Les rares touristes y accèdent par hasard, ou grâce à des recommandations privées », déplore Roger Niyonkuru directeur adjoint du parc.
Pour la population de Buhumuza, bien que le secteur montre des signes de reprise, il reste confronté à des lacunes en termes d’infrastructures, de qualité des services et de personnel qualifié. En plus des infrastructures de base à mettre en place, il est important de former des guides touristiques locaux pour qu’ils puissent offrir des services de qualité aux visiteurs.
« Nos jeunes ne connaissent plus notre histoire. Pourtant, les touristes raffolent de ce genre d’authenticité », explique Guy Adronis Nimfasha du Centre Urundi Space Arts et communication. Il trouve que la région possède également des grottes sacrées, des lieux de mémoire de la résistance contre la colonisation ainsi que des objets artisanaux uniques, à savoir ceux issus de la poterie, des tissus à base d’écorce, des sculptures en bois souvent vendus sans aucune protection juridique ni reconnaissance formelle.
A Buhumuza, les propositions des acteurs locaux convergent souvent sur la construction des hôtels de référence pour attirer les visiteurs ainsi que la formation du personnel. Il faut aussi inclure Buhumuza dans les circuits nationaux des agences de voyage en lien avec les parcs voisins (Tanzanie, Rwanda). Il faut également encourager les investissements privés par des exonérations fiscales et des garanties gouvernementales.
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