Jeudi 28 mars 2024

Editorial

Qu’il semble déjà loin le temps de « ’’Never’’ sans les médias », …

03/09/2021 Commentaires fermés sur Qu’il semble déjà loin le temps de « ’’Never’’ sans les médias », …

Tous les professionnels des médias burundais et étrangers qui suivent de près la situation prévalant au Burundi ont longuement applaudi des deux mains le président de la République Evariste Ndayishimiye quand il a enjoint au Conseil national de la Communication, organe de régulation des médias, de « régler la question des médias sous sanctions depuis la crise de 2015 ».

C’était le 28 janvier de cette année. ’’Alba notanda lapillo !’’ Une journée à marquer d’une pierre blanche. Le message fort livré ce jour est allé droit au cœur de la plupart des professionnels des médias présents.
Personne n’a applaudi du bout des doigts, il y avait cette volonté de tourner la page de 2015, avec une main tendue aux médias nationaux et internationaux.

Tout le monde était d’accord avec le slogan du jour, le hashtag : ’’Jamais sans les médias’’ ou encore mieux en anglais, ’’Never without medias’’. Un joli jeu de mots. Bravo à l’équipe de la présidence chargée de la ’’Com’’.

Le chef de l’Etat a été ovationné par les directeurs et autres rédacteurs en chef des médias burundais, les journalistes et les porte-paroles des institutions. Tous, nous croyions (enfin) qu’une nouvelle ère s’ouvrait entre les médias et les autorités burundaises.

Mais la dernière sortie médiatique où le président Evariste Ndayishimiye s’en est pris aux journalistes burundais en exil et, surtout, au journaliste de RFI, a douché ces espoirs.

Certains pensent et vont jusqu’à dire que « c’était de la poudre aux yeux, une opération de séduction pour que les sanctions de l’UE soient levées ».

’’Neva’’, comme, il se laisse affectueusement appeler, semblait pourtant sincère, convaincant, dans son envie de voir la page de 2015 tournée, de voir renaître une confiance entre les professionnels des médias et les autorités. Confiants dans sa parole, beaucoup de journalistes rêvaient de voir des radios renaître littéralement de leur cendre, …et il y en a eu.

Malgré tout, je continue à croire en ce slogan, ’’Jamais sans les médias’’, cette graine d’espoir semée.

Mais les dernières attaques en public à deux éminents confrères font semer le doute parmi professionnels des médias.

Ils risquent de se recroqueviller sur eux-mêmes, transis de peur, n’osant pas dire, encore moins commenter, critiquer ou dénoncer les abus, les violations qu’ils voient, qu’ils vivent au quotidien.

Le risque de l’autocensure est réel avec son corollaire : le développement d’une presse complaisante avec des ’’journalistes griots’’ pour qui ’’tout va bien au Burundi’’.

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