Lundi 06 mai 2024

Économie

Olucome : des policiers suspendent momentanément un atelier sur le ’’recouvrement des fonds détournés’’

Olucome : des policiers suspendent momentanément un atelier sur le ’’recouvrement des fonds détournés’’
Gabriel Rufyiri : « Les policiers venus perturber notre atelier agissaient sous les ordres des corrompus »

L’incident a duré toute une demie heure : un groupe de cinq policiers a interrompu un atelier organisé ce jeudi 23 mars par l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversation économiques).

Plusieurs invités, dont un représentant du ministère de l’Intérieur et du maire de la ville de Bujumbura, avaient  pris part à ce cadre d’échange avec les organisations de la société civile sur le ’’recouvrement des fonds publics détournés’’.

C’est après le mot liminaire, un petit discours de bienvenue, une pause-café et la reprise des activités essentiellement axées sur la ’’prévention des détournements des biens publics et leur recouvrement’’ ,qu’un groupe de policiers s’est présenté à l’entrée de la salle.

Le chargé du protocole est venu avertir le président de l’Olucome que des policiers cherchent à « voir et à parler à l’organisateur de cet atelier pour lui demander s’il a eu toutes les autorisations pour cette activité. »

Gabriel Rufyiri s’est emparé du micro, comme pour prendre à témoin toute l’assistance et s’est dirigé vers ces policiers et leur a demandé le nom de l’autorité qui les envoyés.

Quand ces policiers ont posé la question de savoir si l’Olucome a eu le feu vert pour organiser cet atelier, Gabriel Rufyiri a fait savoir qu’il a informé les autorités compétentes sur la tenue de ces échanges.

Le ton est monté et la situation ne s’est calmé que quand le représentant du ministre de l’Intérieur est intervenu. Il a pris en aparté le chef de ce groupe de policiers pour échanger. Quelques minutes après Gabriel Rufyiri a rejoint ces deux hommes et comme conclusion, le président de l’Olucome a fait une annonce : « Il y a eu mauvaise communication ». Mais les journalistes présents ont été sommés de ne pas publier les images et les photos de cet incident.

C’est un deuxième incident du genre après la suspension par la police d’une conférence de presse organisée par l’Olucome et Parcem le 14 mars de l’année dernière.

« Ces policiers sont venus sur ordre des corrompus »

Interrogé sur cet incident, Gabriel Rufyiri est formel : « C’est que nous n’avons pas aimé c’est que ces policiers sont venus avec une certaine brutalité, ils avaient encerclé l’endroit et ont même empêché tout le monde de sortir ».

Selon lui, ceux qui ont essayé de sortir ont été sommés de retourner dans la salle, c’est comme si nous étions tous emprisonnés, même les autorités qui les dirigent avec qui nous étions en réunion. « C’est de la terreur, c’est un comportement à déplorer, il y a eu des excuses de la part de l’administration mais il faut que la police apprenne à respecter les citoyens, elle est là pour les protéger, pas les maltraiter.
L’administrateur de Mukaza m’a appelé pour s’excuser. Il m’a dit que cela ne se reproduira plus. Que la police comprenne qu’elle agit sous les ordres de l’administration et non le contraire ».

Souvent, note Gabriel Rufyiri, il y a des gens qui sont censés travailler pour le compte de l’Etat mais qui sont malheureusement là pour ternir son image.

Cette réunion qu’on a organisée, souligne-t-il, nous avons eu l’occasion d’en parler avec le chef de cabinet civil du président, c’est au plus haut sommet de l’Etat. « Nous en avons parlé avec le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur. Ce que nous sommes en train de faire, c’est un droit de tout citoyen ».

Pour le président de l’Olucome c’est déplorable de voir toute une armada de policiers venus interdire un atelier alors que son ouverture a été réhaussée par un représentant de mairie de Bujumbura et un délégué du ministère de l’Intérieur.

Selon Gabriel Rufyiri, la réunion était connue, annoncée. Dans la foulée, Iwacu s’est entretenu avec M. Rufyiri

Gabriel Rufyiri: « On ne sait pas d’où la police reçoit les instructions »

 

  Comment expliquez-vous ce qui s’est passé ?

Ce chef des policiers envoyés pour voir ce qu’il en est de notre atelier, a insisté pour que je lui montre l’autorisation. En fait, on voit que même ces policiers ne savent pas ce qu’il faut faire. Ceux qui étaient dans la salle ont été obligés de sortir et sont venus là où on était. Le représentant du ministre est venu également, je ne sais pas à qui il a parlé.Après cette scène, j’ai constaté qu’il y a un problème. On ne sait pas d’où la police reçoit  les instructions. En principe, si la police constate quelque chose de suspect,  au lieu d’informer et de demander la conduite à tenir aux autorités, au chef de zone, l’administrateur communal et le maire de la ville, on a l’impression que  c’est la police qui veut décider et mener l’administration.

Y a-t-il un rapport entre ce cas et vos récentes déclarations ?

Certainement que ces policiers sont venus sur ordre de ces « corrompus. » Il faudrait que la police réfléchisse deux fois avant d’agir. Sinon on pourrait dire ou conclure que ces policiers sont en train d’agir sur ordre de ces corrompus. Nous avons le droit de communiquer sur ce qui ne marche pas. Les libertés civiques supposent la liberté de réunion, d’opinion, de la presse, d’association. Ce sont des droits consacrés par la Constitution du Burundi.  Ces gens-là qui ont les vieilles habitudes d’empêcher les gens de s’exprimer doivent se ressaisir. On ne demande pas d’autorisation, on informe l’autorité compétente. La police a voulu remplacer l’administration.

La liberté d’expression avec ce genre d’attitude est donc problématique ?

En effet, la liberté d’expression et de la presse, est mise à mal. Même les journalistes ont été empêchés de diffuser ces images. C’estune honte aussi longtemps que l’administration n’est pas respectée. L’administration était là mais la police est quand même venue. Elle agit au nom de qui ? C’est cela le danger dans ce pays. Je dois remercier le représentant du ministre de l’Intérieur qui était là. Il faut qu’un message clair soit donné à la police. Ce n’est pas l’administration qui agit sur ordre de la police mais l’inverse. Malheureusement, les choses fonctionnent à l’envers chez nous. Je le répète les droits civiques sont inscrits dans la Constitution. On ne demande pas l’autorisation pour la tenue d’une réunion. Ce n’est pas une faveur. L’autorité est  simplement informée. Je ne comprends pas ce qui se passe dans notre pays.

Est-ce que vous avez pu connaître l’identité de ces policiers ?

Ces policiers était sous l’autorité d’une personne invisible qui commandait au téléphone. Elle n’a pas voulu être identifiée. Ces gens-là doivent être démasqués. Cela ternit l’image du pays. Il faut une police professionnelle, sinon le risque est quand même grand. Imaginez, cela va être écrit partout que le gouvernement est en train de bafouer les droits civiques des citoyens alors que ce n’est pas vrai. Ce sont des policiers zélés ou qui sont en train d’agir sur ordre des corrompus. Nous pensons que le maire de ville ou le ministre de l’Intérieur vont réagir car ce n’est pas normal.

Abbas Mbazumutima & Fabrice Manirakiza

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Voltaire Kaziri

    Mushingantahe Stan n’abandi
    Les problèmes du Burundi sont multiples. Mais nos dirigeants doivent mettre les fondements basiques pour s’y attaquer et tirer la nation du gouffre.
    Il n’y a pas de malédiction irréversible.
    Le 1er ministre de Singapour a résumé son programme
    1) Lutte contre la corruption: moteur 1
    2) Promotion de la méritocratie (Chez nous et d’autres pays faillis, c’est plutôt l’ineptocratie)
    3) Mettre l’éducation/Enseignement en premier lieu.
    Au Burundi il y a un problème additionnel une surpopulation à laquelle on doit trouver une solution.
    Avec une telle vision, on trouverait une solution aux malheurs du Burundi qui n’est pas une malédiction.
    Je vous le demande, kubera iki ari Rufyiri na Ndikumana Parcem aribo bavuga ibitumbereye gusa?
    J aurais l’élègance de ne pas ramener içi les interventions du Président de l’Assemblée ou du Gouvernemt.
    Le rôle du Sénat ou du Parlement est de contrôler l’exécutif.
    Muntabare mumbwire ico bakora.
    Les findements, la vision ni😭😭😭
    Nkivyo vyabaye vyoshoboka mu Rwanda?

    • Stan Siyomana

      @Voltaire Kaziri
      Quand vous voyez les images des bidonvilles de Singapour au debut des annees 1960s et si vous tenez compte que Singapour etait plus pauvre (produit interieur brut-PIB) que le Kenya ou la Jamaique au debut des annees 1960s, alors vous vous demandez comment le tres charismatique Prime minister Lee Kwan Yew (1923-2015) a pu developper son pays et faire du citoyen singapourien le troisieme plus riche du monde (GDP per capita (current international dollar) = USD 131 426).
      https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_GDP_(PPP)_per_capita

  2. Munezero Antoine

    Ce très dure est très honteux de ne pas accepter les observations des autres pour te corriger enfin d’avance de l’avant.dans les pays où on accepté les vérité,on observe la paix,la dignité,l’eppanuissement,la tendresse ,la prospérité,le respect de biens des autrui et ceux des autres,……les pouvoirs juridique,E économique et politique soont indépendant.

  3. Kanda

    Le système est miné. Tout le monde pense qu’il faut changer les choses, mais personne n’est prêt à ce changement et personne ne veut consentir le sacrifice qu’il faut. Ceux qui bénéficient de ce système corrompu pensent n’avoir pas d’autres voies de sortie. C’est des voleurs, des corrompus qui ne peuvent faire aucun autre métier que de voler. Encore 15 ou 20 ans à attendre, et malheureusement ils en auront fabriqués d’autres. Espérons qu’ils n’auront pas autant de pouvoir de nuisance.

  4. James

    Une démonstration de force, ni moins ni plus.

    Tenez-vous bien : Olucome et Pacerm ont rencontré le 1er ministre et les autorités de la présidence, un représentant du ministère de l’intérieur était présent dans cet atelier. Mais, malgré le fait que les autorités au haut niveau du gouvernement du Burundi étaient au courant, une main invisible ne s’est pas empêchée d’envoyer des policiers pour déstabiliser cet atelier.
    Comme Olucome et Pacerm le disent toujours, ces corrompus sont devenus plus forts que toutes les institutions de l’État burundais. Ils ne craignent plus personne et ils viennent de nous le démontrer.

    Questions :

    1) Ces gens-là qui sont venus déstabiliser l’atelier, étaient-ils des vrais policiers ? si oui comment expliquer qu’on ne peut pas identifier leurs commanditaires ?

    2) Où ’es le général président, est-il ok avec ce qui se passe dans son pays ? Un général-président ? Quand on est général et qu’on est président, il me semble qu’on devait avoir assez de pouvoir pour faire arrêtez des choses pareilles. C’est comme à l’époque du président Ntibantunganya, pendant laquelle l’armée faisait tout ce qu’elle voulait. Sauf que Ntibantunganya n’était pas un général et n’avait pas d’armée dernière lui.

    3) Et, les soi-disant opposants politiques où sont-ils dans tout? Ils attendent que les Burundais aillent voter pour eux dans 5 ans n’est-ce pas ?

    Merci à Gabriel Rufyikiri et Faustin Ndikumana pour votre courage et dévouement, abarundi nimwe duhanza amaso pour un avenir meilleur du Burundi. Merci 1000 fois.

  5. Kibinakanwa

    Et le $usd s’ échange aujourd’hui à bif 4125.
    Le pays est en super inflation.
    pire que Haiti .
    Les même causes produisent les même effets.
    Dans la hierarchies qui nous gouverne, personne ne veut s’attaquer à la corruption.
    Les gens pointés du doigt par Rufyiri continueront d’engranger des milliards et le pays continuera à sombrer

  6. Rukara

    Qui était le surpuissant chef de la police pendant des années au Burundi?
    Qui est l’homme le plus corrompu qui a été relevé de ses fonctions suprêmes et qui n’a jamais été inquiétée pour son enrichissement illicite et ses crimes de sang présumés?
    Quels sont ses complices?
    La justice soit disant impartiale devrait trancher ce cas et l’olucome devrait s’en saisir pour connaître la main invisible qui dirigeait ce groupe de policier qui a agit en dehors du cadre administratif comme s’il y avait un commandement parallel de la police. Aujourd’hui l’ARCT a la capacité de savoir la personne qui était en communication téléphonique avec ce groupe de policier.
    Un commandement parallèle et puissant qui a fait que toutes les enquêtes sur les disparitions commises par des gens en uniforme ont toujours été étouffées dans l’oeuf.
    Ces commandements parallèles doivent être mis hors état de nuire.

  7. Cuminika R

    Je pense que ce qui s’est passé est uniquement possible d’un pays ou il n’y a pas de separation entre ceux qui sont au pouvoir et les opérateurs économique. Les trois hommes hommes d’affaires, sont des hommes avec des pouvoirs politiques.

    Qu’il aie pas de doute, les dommages sont faits. Le but de la perturbation de la reunion par la police avait deux buts: intimider ceux qui viennent dans ces reunions. Le trauma est infligé dans l’inconscience des gens présents. Aussi longtemps que le coupable n’est pas puni pour que ceux étaient present dans la réunions se rendent compte de leur innocence, petit a petit, peu de gens viendront dans ces reunions. Comme on dit en Anglais:  » Death by one thousand micro cuts ».

    C’est qui est d’homage est que les nouveaux patrons du Burundi font exactement, si c’est pas pire, vu le standard de vie du Burundais, ce dont ils denoncaient ceux d’avant. Ceci est vraiment ironique.

    J’espere que l’Olucome comprenne leur tactiques et prendront le courage de faire une bataille psychologique.

    Bon courage car ce que vous faites est un travail noble.

  8. Voltaire Kaziri

    La reaction des policiers n’ababatuma est normale. Dans une république bananière.
    C’est plutôt les déclarations précédentes de Rufyiri qui m’avaient plutôt stupéfié.
    Hari uwubahuka gutuma urutoke abapfukamye munda igihugu?
    Au pays le plus pauvre et le plus corrompu au monde, Hari ibitavugwa

    • Stan Siyomana

      @Voltaire Kaziri
      1. Jewe nari natanguye kugira umwizero kazoza k’Uburundi gashobora kuba keza kuko umukuru w’igihugu, umushikiranganji wambere, n’uwurongoye umugambwe uri kubutegetsi bose bemera bakavuga ko ibintu bitagenda neza mugihugu = Uwuja gukira indwara arayiranga.
      2. Kandi naratangaye caaaaaane mbonye abarongoye OLUCOME na PARCEM bajana kubonana n’umushikiranganji wambere, bakaganira neza kandi bakavana bumvikanye ko raporo zabo bazoza bazirungikira Reta kugira nayo izisome.
      3. Mugabo jewe ndacafise amakenga kuri ibi bavuga ngo uburimyi niyo nkingi y’iterambere ry’Uburundi. Uburundi dukwiye gusa kuraba ko isi yacu yamaze kwaga twoyikuramwo vyinshi bishoboka (kuko la majorite de la population rurale ne peut pas aller en dehors de l’agriculture) kandi turiko turarondera ingene urwaruka rw’ubu rwoja muri secteurs industriel et de services.
      Niyo modele de developpement ya Sir Arthur Lewis (dual agriculture industrial model of development) kandi societes zose moderne niyo zaciyemwo.
      Kandi n’ubwo butare bwa nickel bizowufata nk’imyaka 5-10 kugira ngo butangure kumarira akamaro igihugu.

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