Avec le nouveau découpage administratif, l’organisation des zones et des communes a été bouleversée. Des citoyens peinent à obtenir divers documents dont ils ont besoin. Certains passent à côté de plusieurs opportunités en raison des changements qui n’ont pas été officiellement communiqués au public.
« Je devais commander mon passeport cette semaine pour ne pas rater mon voyage. Mais, avec ces changements, je ne sais plus vers qui me tourner. Ils ont dit que le bureau communal de Ntahangwa ne délivre plus l’identité complète ni l’attestation de résidence », se lamente un jeune homme rencontré au bureau de l’ancienne commune de Ntahangwa.
Dans cet office, tout est calme. Il n’y a plus d’affluence comme autrefois. Hormis quelques personnes perdues qui ignorent encore l’existence de la réforme, l’endroit est désert.
L’administrateur communal ainsi que son secrétaire permanent sont absents. Certains bureaux sont déjà fermés. Dans une ambiance morose, les rares employés encore présents orientent les quelques citoyens qui s’y rendent. « Nous allons fermer d’un moment à l’autre. Nous ignorons ce qu’il adviendra ensuite », répète inlassablement un agent avec amertume.
Il y a également d’autres personnes pour qui les dossiers fonciers ne sont pas clos. Elles n’ont pas d’idée vers où se tourner puisque plusieurs documents se trouvent encore dans les archives de l’ancien administrateur. « Je ne sais pas si je vais retrouver ces documents. Il y a mon titre foncier dedans. Je suis stressé », déplore un autre homme trouvé sur place.
Vers l’ancienne mairie de Bujumbura
« On m’a orienté vers le chef-lieu de la zone, mais celui-ci se trouve désormais très loin, à Mutimbuzi, puisqu’ils ont agrandi certaines localités. Cela me frustre, car je risque de manquer mon rendez-vous, surtout avec les difficultés de transport. Les coûts sont très élevés », ajoute le jeune garçon à la recherche d’une attestation d’identité complète. Il précise également que d’autres l’ont conseillé de tenter d’obtenir les documents ailleurs. Il ne savait plus où donner la tête.
Dans différents chefs-lieux de zones visités, à savoir Buyenzi, Rohero et Gihosha, des services à la population ont cessé. La raison évoquée reste la même : « tout n’a pas encore été réorganisé avec le nouveau découpage administratif ». À Gihosha, à part le bureau de l’État civil, la salle de règlement des conflits et le secrétariat public, les autres bureaux sont fermés. Le secrétaire est absent. Là aussi, ils attendent les directives du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.
À la mairie, le service chargé de délivrer ces attestations est bondé. C’est en effet le seul lieu officiel où ces documents sont actuellement octroyés. « Ils mettent beaucoup de temps à nous servir. Je risque de perdre une opportunité d’emploi, surtout qu’il est devenu difficile d’en trouver ces derniers temps », se désole un citoyen. Un employé reconnaît la lenteur du processus et explique qu’il faut malheureusement patienter. Ils ignorent également à quel moment ces services seront rétablis au niveau des communes et des zones. « Pour l’instant, il faut payer 1 000 FBu à la banque, déposer le bordereau de versement ainsi que votre carte d’identité. Il n’y a pas d’alternative. Il faut attendre », conseille-t-il.
Contacté à plusieurs reprises pour apporter des éclaircissements, le secrétaire permanent du ministère de tutelle n’a pas répondu à nos appels au téléphone. Il avait annoncé la tenue prochaine d’une conférence de presse afin d’expliquer le nouveau fonctionnement des différentes institutions étatiques.