Mercredi 14 mai 2025

Politique

Membres des bureaux de vote : Le parti de l’aigle se taille la part du lion

Membres des bureaux de vote : Le parti de l’aigle se taille la part du lion
Certains partis politiques dénoncent le favoritisme en faveur des militants du parti Cndd-fdd dans le recrutement des membres des bureaux de vote

Il y a quelques jours, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a lancé le recrutement des membres des bureaux de vote. Nombre de politiques dénoncent le déroulement de cette opération car, selon eux, les militants du parti CNDD-FDD ont été privilégiés partout dans le pays. Pour certains d’entre eux, le processus électoral est faussé dès le départ.

« Un bureau électoral composé d’un président et de quatre membres est désigné pour chaque bureau de vote par la Commission électorale communale indépendante parmi les électeurs inscrits au rôle dudit bureau dans le respect des équilibres politiques, ethniques et de genre. » Tel est le contenu de l’article 40, alinéa 1 du Code électoral du 5 juin 2024.

Après la désignation des membres des bureaux de vote, les lamentations fusent de partout. « La coalition Burundi Bwa Bose a remarqué beaucoup d’irrégularités sur la mise en place des bureaux de vote où nous avons constaté que seules les personnes du parti au pouvoir ont été considérées par rapport à d’autres dans toutes les neuf communes composant la nouvelle province de Gitega. Nous vous prions de rectifier ces listes en considérant également ceux des autres partis politiques concernés par ces élections de 2025 pour qu’elles soient libres, transparentes et apaisées. » Cela ressort d’une correspondance du 24 avril 2025 que le représentant de la Coalition « Burundi Bwa Bose » en province de Gitega a envoyé au président de la Cepi Gitega.

Sur les 13 145 membres des bureaux de vote que compte la province élargie de Gitega, aucun membre de la Coalition « Burundi Bwa Bose » n’a été retenu. « Au parti Uprona, seule la commune Gishubi a respecté l’article 40 du Code électoral sur les neuf communes qui composent la province élargie de Gitega. Les présidents des Ceci des huit autres communes ont refusé de considérer le parti Uprona », confie un des responsables du parti du prince Rwagasore.

Dans les autres provinces, les mêmes lamentations

« Nous avons des doutes car, parmi les dossiers que nos membres ont déposés, aucun n’a été retenu. Si les bureaux de vote sont dominés par un seul parti, nous doutons de la crédibilité du processus en cours. Nous continuons de mobiliser nos militants malgré ces irrégularités », indique un des responsables du Congrès national pour la liberté (CNL) en commune Rugombo de la province de Cibitoke. Il demande à la Ceni d’être impartiale. « Que le meilleur gagne ! »

« La mise en place des membres des bureaux de vote a été entachée d’irrégularités. Les dossiers ont été déposés mais ils n’ont pas été considérés. Le président de la Ceci avait déjà des listes préétablies. Il n’y a pas eu de consensus entre les membres de la Ceci car, certains n’ont pas apposé leurs signatures. Sur les affichages, certaines signatures manquaient », confie un des responsables du parti Uprona en commune Rugombo.

« Nous avons constaté des irrégularités. D’abord, le lancement du recrutement a été fait à la dernière minute. Les militants du parti Uprona n’ont pas été retenus. Dans la commune élargie de Bubanza qui a plus de 170 bureaux de vote, l’Uprona a deux membres dans la zone Ntamba et au chef-lieu de la commune. Le CNDD-FDD a été privilégié et cela a été fait en catimini. On s’est retrouvé en présence de listes des membres des bureaux de vote sans savoir où elles ont été confectionnées », fait savoir un responsable de l’Uprona en commune Bubanza.


Réactions

Anicet Niyonkuru : « Le processus électoral est faussé dès le départ. »

« Le recrutement des membres des Bureaux de vote, de même que le recrutement antérieur des membres des démembrements de la Ceni ont été faits sur base des appartenances politiques. L’exclusion a été totale. Un seul membre des Ceci a été retenu », réagit Anicet Niyonkuru, président du parti CDP.

Pour le cas des membres des bureaux de vote, il indique que ses membres ont aussi présenté des dossiers. Mais, pour être retenu, comme à la mafia, il faut un parrain. « Et bizarrement, les seuls parrains valables sont les militants du parti au pouvoir. La tricherie électorale commence par la mise en place des structures pareilles. »

Sur ce, poursuit-il, le parti CDP dénonce la subjectivité dans la mise en place des structures en charge d’organiser les élections et le non-dit caché derrière.

Pour cet opposant, le processus électoral est faussé dès le départ. « Non seulement la mise en place des structures en charge des élections a été faite de manière unilatérale et subjective mais aussi la conjoncture économique actuelle, volontairement orchestrée ou pas, n’est pas de nature à permettre une compétition électorale équitable. »

Il estime que le processus électoral actuel est dépourvu d’activités de pré-campagne par manque de carburant. « Nous avons crié depuis l’année dernière pour que les parties prenantes aux élections aient au moins le privilège d’avoir une station-service prévue à cet effet mais en vain. Et à quelques semaines des élections, nous sommes encore dans des difficultés énormes de joindre nos militants ainsi que d’autres Burundais pour leur faire connaître notre programme politique. »

A côté de ces problèmes, dénonce-t-il, il s’observe les harcèlements de nos membres et les perturbations de nos réunions. Il donne quelques exemples. « A Muzinda en commune Mpanda, province de Bubanza, c’est l’administration locale qui nous a empêchés de tenir notre réunion en début du mois d’avril. Et le 26 avril à Marangara, en province de Ngozi, ce sont les représentants du parti au pouvoir aux niveaux zonal et collinaire qui ont fait fermer la salle où nous devrions tenir la réunion. »

Il dénonce également un traitement déséquilibré des partis politiques. « Quand nous avons fait la réunion en plein air, le commissaire de police a envoyé les policiers pour nous chasser de là. Il a martelé qu’il est interdit de tenir une réunion en plein air avant la campagne électorale. Et pourtant, les séances de « démonstration de force » du parti au pouvoir se font dans la rue. »

Pour lui, le deux poids, deux mesures n’est pas de nature à promouvoir une démocratie participative issue des élections libres, transparentes et apaisées.

Il souligne qu’il s’agit d’une mascarade électorale qui ne remplit aucun minima pour être appelée élection. « Une élection qui musèle les compétiteurs et qui les met sciemment dans une situation de non-activité ; une élection qui bloque officiellement la compétition et qui permet à un seul parti de se faire élire dans une circonscription électorale ; une élection organisée par une seule partie des parties prenantes aux élections, perd automatiquement la valeur d’une élection crédible. »

Il souligne que plusieurs raisons expliquent le manque d’engouement de la population. « Les Burundais vivent dans un état de traumatisme moral dû à la situation d’incertitude vécue au jour le jour. Le découragement a laissé place à un pessimisme d’un lendemain pire que celui que nous vivons actuellement. Surtout que les Burundais pensent qu’ils vont encore être dirigés par les gens qui ont échoué sur tous les plans. Ils se recroquevillent sur eux-mêmes, dissimulent leur douleur et manifestent leur ras-le-bol en douceur. Au lieu d’aller voter pour le maintien du statu quo, ils préfèrent dormir car, pour eux, aller voter et ne pas y aller aboutit au même résultat. »

Et de lancer un appel aux Burundais : « Nous disons à nos compatriotes de ne pas céder à ce pessimisme qui remet le Burundi en arrière. Allez voter tous, votez pour le changement et ayez l’espoir d’un avenir meilleur ! »

Abdul Kassim : « Nous ne sommes pas de ceux qui ont peur des fraudes massives. »


« Le processus électoral va bien avec les hauts et les bas. A notre niveau, nous sommes engagés dans une compétition où un des joueurs est aussi arbitre du match. Mais, cela ne peut pas nous empêcher de livrer notre match et de le gagner. Nous ne sommes pas de ceux qui ont peur des fraudes massives. Car, notre détermination suffit à pouvoir inverser la tendance », indique Abdul Kassim, président du parti UPD- Zigamibanga.

Pour le reste, il signale que son parti saura quoi dire au sifflet final. « Nous invitons incessamment la Ceni et ses démembrements à faire franc jeu au risque de répondre devant l’histoire. »

En ce qui est des membres des bureaux de vote, il affirme qu’aucun membre de son parti n’a été sélectionné.

Sur le fait que presque la quasi-totalité des agents des bureaux de vote viennent du parti au pouvoir, il fait son commentaire. « De telles activités revêtent deux caractères, à savoir le pourvoi d’emploi et le contrôle des voix des électeurs. Ce sont ces deux aspects qui font que seuls les membres du parti au pouvoir sont recrutés bien que l’appel à candidatures ne fasse référence aux partis politiques. Il est de ce fait même impossible pour les partis politiques de formuler des recours. Car les candidatures sont données à titre individuel. »

Néanmoins, il ne soutient pas ceux qui parlent d’une mascarade électorale. « Le parti UPD-Zigamibanga n’est pas de cet avis. Nous connaissons les joueurs et l’arbitre. Mettons-les devant leurs responsabilités et nous les jugerons à leurs actes. Bien que certains actes puissent présager un match déséquilibré, seul le résultat final compte. »

Seulement, il déplore que la nomination des membres de la Ceni et leurs démembrements n’a pas respecté les diversités politiques du pays.

A ceux qui disent que les élections sont déjà terminées, que les chiffres sont déjà établis, qu’il ne reste que la proclamation, M. Kassim n’y croit pas. « Tout cela décourage les électeurs. Nous appelons les Burundais à répondre massivement à ces élections et à voter les partis de leur choix, à ne pas céder à l’intimidation et à la désinformation. »

Kefa Nibizi : « Ce qui est évident, la coalition est sous représentée dans les bureaux de vote. »

« Nous estimons que les délais de dépôt des candidatures ne posaient pas de problèmes en soi, mais c’est surtout l’exclusion des autres formations politiques qui soulève beaucoup de remous », indique le secrétaire général et porte-parole de la Coalition « Burundi Bwa Bose ». Pour le cas de la coalition il fait savoir qu’ils ont fait des recours qui ont été pris en considération dans certaines circonscriptions. « Pour le moment, je ne saurai pas vous dire le nombre exact de membres des bureaux de vote que nous avons. Mais, ce qui est évident, la coalition est sous représentée dans les bureaux de vote. »

Kefa Nibizi souligne qu’ils ont eu suffisamment de temps pour soulever les irrégularités de ce processus électoral en cours depuis la mise en place du cadre légal jusqu’aujourd’hui. « Pour le moment, il faut se mettre à l’évidence que malgré tout, les élections se passeront bel et bien le 5 juin 2025. Les institutions qui en seront issues influenceront notre vie quotidienne pendant 5 ans. L’heure est d’adopter les stratégies appropriées pour surmonter tous les défis afin de pouvoir mettre en place des institutions qui pourraient soulager le calvaire que nous sommes en train d’endurer. »

M. Nibizi trouve que l’actuel processus électoral semble ne pas susciter d’enthousiasme de la part de différentes catégories de Burundais et les réunions préparatoires sont moins nombreuses que dans le passé que ce soit pour le parti au pouvoir ou pour l’opposition.

Selon lui, les raisons de cette méfiance sont multiples. « La population perd de plus en plus de confiance dans la crédibilité des élections dans notre pays. Certains estiment que ce ne sont pas les voix exprimées qui seront proclamées. De plus, la population est de plus en plus préoccupée par son quotidien devenu insupportable et trouve peu d’intérêt dans les élections. »

Il ajoute que « la pénurie du carburant et la peur liée à l’intimidation ont poussé l’opposition à substituer les réunions publiques par la stratégie de porte-à-porte et d’autres canaux de communication. Pour le parti au pouvoir, ils sont découragés par l’échec dans les réalisations des promesses de 2020. Les gens ne trouvent pas quoi à dire pour les prochaines échéances électorales. Les membres de ce parti sont eux aussi freinés par les difficultés de déplacement. »

Tatien Sibomana : « Le processus est conduit de façon unilatérale de bout en bout. »


« Rien de surprenant pour moi. J’ai toujours entendu les mêmes gens se lamenter car, depuis les préparatifs du processus électoral, aucune concertation n’a jamais été effective. Le processus est conduit de façon unilatérale de bout en bout », estime l’opposant politique Tatien Sibomana. Il trouve que le processus en cours ne répondra à aucune forme internationale. « Je peux comparer ce processus à un match ou c’est une des deux équipes qui doivent compétir qui se fixe les règles du jeu, se choisit son équipe adverse et les arbitres. Ça sera quel genre de match ? »

D’après lui, le cadre légal et réglementaire est taillé à la mesure du seul parti au pouvoir. L’environnement politico-sécuritaire n’est pas propice aux élections. Quant au peu d’engouement de la part de la population, Tatien Sibomana évoque quelques raisons. « Des élections truquées d’avance et qui n’aboutiront pas au changement tant espéré, le fait de priver la population du droit d’élire ceux qu’ils veulent et qui pourraient leur apporter le changement au pays, le fait d’avoir empêché les organisations politiques bien implantées et qui disposent des candidats pouvant séduire l’électorat sans oublier le fait d’avoir bloqué les indépendants alors que les partis politiques sont en perte de vitesse. »

Les autres raisons sont le fait de continuer à narguer la population que les élections ont été déjà gagnées d’avance alors qu’elle aspire à un changement profond ainsi que le fait d’avoir la conscience tranquille de n’avoir pas contribué à entretenir un système d’un si mauvais bilan et dont aucun indice de changement positif ne pointe à l’horizon.

Térence Manirambona : « Cette discrimination à caractère politique constitue une violation flagrante de l’article 40, alinéa 1 du Code électoral. »

« Effectivement, l’appel à candidature a été fait au pas de gymnastique ou à la va-vite. D’après les rapports en provenance de nos représentants, seuls les dossiers des candidats membres du parti au pouvoir ont été retenus au détriment des autres formations politiques », réagit Térence Manirambona, le porte-parole du parti CNL. Il souligne que cette discrimination à caractère politique constitue une violation flagrante de l’article 40, alinéa 1 du Code électoral en vigueur qui prescrit à la Ceci de respecter la diversité politique des membres d’un bureau de vote.

« Selon les rapports à notre disposition, presque tous les dossiers des candidats-membres du parti CNL ont été rejetés pour ne retenir qu’une centaine sur 98 091 à pourvoir. Cette exclusion cache une intention d’organiser et de gérer un processus électoral aux résultats peu ou pas crédibles. » En effet, poursuit-il, la diversité politique à laquelle fait référence l’article 40, alinéa 1 du Code électoral implique l’inclusivité de tous les compétiteurs pour la gestion transparente du processus électoral.

« Par ailleurs, lors de la réunion tenue par le président de la Ceni à l’endroit des partis politiques en date du 10 avril 2025, les participants s’étaient convenus de respecter scrupuleusement les prescrits de l’article 40, alinéa 1 relatif à la diversité politique des membres du bureau de vote. Qui aurait donné une injonction d’écarter tous les autres candidats pour ne garder que ceux du parti au pouvoir seulement ? »

Le porte-parole du parti CNL trouve que le processus électoral marche en boitant ou comme une machine sans huile d’engrenage. « Le processus est marqué par le non-respect de la hiérarchie car, visiblement, les ordres donnés au plus haut sommet de la Ceni ne sont pas respectés au niveau de ses démembrements (Cepi & Ceci). Ces derniers exécutent les injonctions venues d’ailleurs, probablement du parti au pouvoir. »

M. Manirambona trouve qu’il est encore tôt de parler de mascarade électorale. « Il y a des discours des autorités qui expriment une volonté de voir la réussite du processus électoral. Malheureusement, la mise en application de tout cela n’apparaît pas en actions. Le vrai problème se présente au niveau du dysfonctionnement de la Ceni et de ses démembrements qui roulent pour le parti au pouvoir. Également, les compétiteurs semblent ne pas avoir leur place dans la prise des décisions. Ce qui constitue une lacune grave par rapport à la bonne gestion du processus électoral. »

Térence Manirambona fait savoir que plusieurs facteurs peuvent expliquer le peu d’engouement pour les prochaines élections. Il s’agit, entre autres de : les mauvais antécédents des élections antérieures non-crédibles où, selon l’opinion, ce ne sont pas les vrais résultats des urnes qui sont proclamés ; la vie est devenue très chère, dure et trop exigeante ; la déception par rapport aux promesses non tenues des autorités et enfin une élection atypique du moins par rapport aux élections antérieures où les Burundais ne sont pas habitués à une élection à mi-mandat. « En effet, la population est habituée à élire le président de la République qu’il juge être à la hauteur de résoudre tous les problèmes. Dans un régime présidentiel comme le nôtre, la population comprend que le président est tout. »


Analyse

« Les contestataires du bilan du CNDD-FDD devraient mobiliser les citoyens afin de créer un rapport de force favorable pour l’alternance politique. »

Selon Dr Elie Maniragora, politologue, les acteurs politiques burundais de l’opposition devraient éviter un alignement qui n’exprime, au final, qu’un esprit défaitiste. Se mettre en tête que tout est déjà perdu ne fait que les affaires du parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

Certains observateurs parlent d’une mascarade électorale qui ne remplit aucun minima pour être appelé « élections ». Est-ce votre avis ?

Je ne partage pas complètement cet avis sur le processus électoral en cours. Il y a certes des anomalies dans son organisation mais, on ne peut pas réduire à néant les efforts qui sont engagés par les institutions habilitées. Les observateurs, internes ou externes, doivent se rappeler qu’un processus électoral sans reproche n’a jamais existé.

On l’a vu en 2020 avec les élections présidentielles américaines aux États-Unis par exemple où le président Trump a évoqué des fraudes électorales l’ayant condamné à perdre l’élection. Pourtant, la démocratie américaine est vieille de plus de deux siècles. Par ailleurs, les acteurs politiques burundais de l’opposition devraient éviter un tel alignement qui n’exprime, au final, qu’un esprit défaitiste. Or, se mettre en tête que tout est déjà perdu ne fait que les affaires du parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

Pensez-vous que les bureaux de vote supervisés par les seuls membres du CNDD-FDD peuvent garantir des élections transparentes ?

En réalité, il n’y a rien qui empêcherait des membres du parti CNDD-FDD de superviser les élections de manière adéquate et satisfaisante. Tout est question de bon sens et de personnalité.
Je rappelle que lors des élections de 1993, la Commission électorale était présidée par Térence Sinunguruza, un uproniste qui n’a hésité, aucune seconde, à proclamer la victoire du parti Frodebu aux élections législatives et de Melchior Ndadaye à l’élection présidentielle.

Au-delà de ce qui se dit, je ne pense pas que la Ceni puisse délibérément recruter, sur des bases purement partisanes, ses collaborateurs car, ce serait contraire à l’esprit de la Constitution qui, en son article 90, stipule qu’« une Commission électorale nationale indépendante garantit la liberté, l’impartialité et l’indépendance du processus électoral ».

Et pourtant, des irrégularités sont signalées. Le CNDD-FDD sort gagnant ?

Comme toute formation politique au pouvoir, le CNDD-FDD, qui dirige le pays depuis plus de 20 ans maintenant, a forcément un grand avantage dans ce processus électoral. Il maîtrise le terrain qu’il n’a cessé de parcourir depuis le maquis et connaît mieux ses adversaires politiques.

Cependant, on doit aussi rappeler qu’aucune élection n’est jamais gagnée d’avance et que toutes les cartes sont à jouer jusqu’à la dernière seconde de la campagne électorale.

D’ailleurs, on peut dire que le parti CNDD-FDD l’a bien compris puisqu’outre les séances de prières organisées à travers le pays, il n’a cessé de rassembler ses membres depuis les dernières élections. Toutes ces actions entrent dans le processus de mobilisation et d’encadrement de l’électorat.

Au lieu de cultiver un esprit défaitiste aux élections qui n’ont pas encore eu lieu, les contestataires du bilan du parti au pouvoir devraient mobiliser et encadrer davantage les citoyens afin de créer un rapport de force favorable pour l’alternance politique.

Selon vous, pourquoi il s’observe peu d’engouement de la part de la population pour les prochaines élections ?

D’abord, il convient de souligner qu’il serait prématuré de parler de peu d’engouement. Le taux de participation réel à une élection ne se mesure pas pendant la campagne électorale, mais à travers les résultats exprimés dans les urnes à l’issue du processus électoral. Cela est valable même dans les pays développés qui disposent d’institutions de sondage expérimentées.

A supposer que cela soit vrai. Ça signifierait plusieurs choses. D’une part, ce désintéressement pourrait signifier une sorte de défaillance citoyenne. Ce qui veut dire que les citoyens ignorent la valeur de leur vote, donc que le changement en politique est le résultat d’un choix à la fois individuel et collectif.

D’autre part, se mettre en retrait du processus électoral peut s’analyser comme l’expression d’un mécontentement des citoyens soit qu’ils sont déçus par ceux qui gouvernent soit qu’ils jugent que leur vote ne pourra pas engendrer un changement auquel ils aspirent.

Enfin, le type d’élection joue aussi un rôle crucial dans la mobilisation des électeurs. En effet, les citoyens attachent une grande importance à l’élection présidentielle qu’aux autres élections. Les élections prochaines peuvent donc être perçues par les citoyens burundais comme moins pertinentes que l’élection présidentielle prévue en 2027.

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