Vendredi 26 décembre 2025

Editorial

Les larmes d’une colombe

26/12/2025 0

Lors d’une grande croisade de prières organisée il y a quelques années, l’ancienne Première Dame, Révérende Pasteur Denise Bucumi, représentante de l’Église du Rocher, tout de blanc vêtue, a lancé un cri du cœur. Submergée d’émotions, les larmes dans la voix et sur les joues, elle a dénoncé ces « hauts dignitaires qui ne font qu’amasser de l’argent et des biens », cette pratique qu’elle a qualifié de « kurundarunda ». Une façon de leur rappeler, en bonne chrétienne, que tout n’est que « vanité des vanités », que « biens mal acquis ne profitent jamais », qu’ils vont tout laisser ici-bas.

Cela rappelle le réquisitoire contre cet ancien Premier ministre condamné pour atteinte à la sécurité intérieure de l’État, complot en vue de changer l’ordre constitutionnel, outrage au chef de l’État et atteinte à l’économie nationale. Selon l’accusation, certaines peines ont été prononcées en raison des fortunes colossales accumulées. Il n’est pas le seul.

Cet ancien haut dignitaire a vu tous ses biens non déclarés – multiples villas, véhicules hors de prix – confisqués pour avoir été considérés comme mal acquis, puis mis en vente aux enchères.

Lors de ce sermon de « Mme Buntu », bon nombre de fidèles présents ce jour-là, dont les hauts dignitaires qui se sentaient sans doute visés, ont fait semblant de n’avoir pas bien entendu ou saisi son message, détournant les regards. Mais l’expression de leurs visages les trahissait.

D’autres ont baissé les yeux. La prédicatrice semblait avoir touché les cœurs, une corde sensible : la corruption qui gangrène les hautes sphères de la République. Non pas la petite corruption aux montants dérisoires pour de menus services, mais les grands détournements, les exonérations massives, les taxes non payées, les tricheries sur les facturations des produits importés ou exportés, …

Et dernièrement, le chef de l’Exécutif burundais a repris le flambeau pour mettre à genoux les « corrupteurs et les corrompus qui sont devenus plus forts que l’État », comme le dit Gabriel Rufyiri, le champion de la lutte anticorruption.

N’est-ce pas réinventer la roue ? Il existe même une « Stratégie nationale de lutte contre la corruption », dûment arrêtée. C’est bien, tout cela est louable. Il y a quelques années, toute une batterie de lois et de stratégies avaient été mises en place pour éradiquer ce fléau : des instruments, des décrets, des lois, une brigade et même une cour spéciales, des primes pour les dénonciateurs de cas de corruption, des opérations « Mois Témoins » initiées par l’OBR, pour la collecte des taxes avec une synergie faite de policiers et d’agents de cet Office burundais des recettes.

L’engagement assorti de recommandations était là, mais la volonté politique ferme, avec – des textes d’application, des moyens nécessaires pour frapper fort – et n’importe qui, sans exception, car nul n’est au-dessus des lois –, n’a pas suivi. Cette fois, est-ce la bonne ?

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