Mardi 09 décembre 2025

Politique

Le Président Ndayishimiye reconnaît des défis dans la lutte contre la corruption

09/12/2025 0
Le Président Ndayishimiye reconnaît des défis dans la lutte contre la corruption
Président Ndayishimiye : « Que les autorités qui retiennent l'information ou ne veulent pas communiquer ou répondre aux questions des journalistes changent de comportement. »

Corruption, exploitation des minerais, problèmes au niveau de la justice, situation des médias, … Tels sont, entre autres, les sujets qui ont été abordés le lundi 1er décembre 2025 lors d’une conférence de presse du Chef de l’Etat avec les professionnels des médias. La bonne cohabitation régionale a aussi été évoquée.

« J’ai essayé par tous les moyens de combattre la corruption. Mais, j’ai constaté que c’est une maladie difficile à guérir », a avoué le président Evariste Ndayishimiye, devant la presse répondant à la question sur la lutte contre la corruption. Selon lui, il y a une complicité entre le corrompu et le corrupteur. « L’un ne dénonce pas l’autre. Là où nous avons pu attraper les corrompus, c’est quand le corrupteur en devient victime. »

Mais, une solution a été trouvée. « Nous avons tenu dernièrement une retraite des membres des trois pouvoirs. Toutes les questions que les gens se posent sur la justice ont été mises sur table. »
En présence de toutes les institutions, le président Ndayishimiye a indiqué que la question de la justice a pris deux jours. « Le constat a été que le pouvoir judiciaire ne l’a jamais été au vrai sens du terme. »

D’après lui, normalement, pour qu’il y ait un vrai pouvoir judiciaire, il faut qu’il y ait de vrais responsables, du sommet à la base. Il a donné l’exemple d’un dossier tranché au niveau de la Cour suprême qui est réanalysé au niveau du ministère de la Justice. « N’est-ce pas que l’Exécutif se substitue au Judiciaire ? »

Face à cette lacune, une décision a été prise. « Désormais, le président de la Cour suprême est le 1er responsable de la justice. Après sa décision, le seul recourt possible c’est chez le président de la République. » Comme explication, la Constitution précise bien que le président de la République assure le fonctionnement régulier des institutions. « Quand les députés élisent une loi, c’est le président de la République qui la signe. Il peut même recommander une seconde lecture quand il constate qu’elle va à l’encontre des intérêts de la population. »

Dans le cadre de lutter contre la corruption, le président Neva a annoncé que désormais, la Cour d’appel sera au niveau de la province. « C’est son président qui doit gérer toutes les questions judiciaires. En cas d’injustice, c’est à lui qu’on va demander des comptes. »
Au niveau communal, a-t-il ajouté, il y aura aussi un responsable judiciaire tandis qu’au niveau zonal, il y aura le tribunal de Résidence.
« Vraiment, il y a des questions judiciaires que nous allons résoudre progressivement. », a-t-il promis.

Réorganiser le secteur minier

Interrogé sur la suite réservée à ceux qui ont longtemps exploité et vendu illicitement des minerais, le président Ndayishimiye a reconnu que l’opacité a caractérisé ce domaine durant un certain temps. « Il y a toujours eu des exploitants. Ils ont vendu. D’ailleurs, il y en a qui se sont moqués de moi comme quoi je suis nouveau dans ce domaine. »

D’après lui, ils disent qu’ils ont commencé l’exploitation minière depuis longtemps et que personne ne les inquiétait. Lorsqu’il leur a demandé les tonnes déjà vendues, le président Ndayishimiye affirme avoir été surpris de constater que personne ne connaît la quantité afin d’exiger le remboursement.

Seulement, il a signalé que pour Rainbow International Ressources limited, les résultats des enquêtes sont déjà là. « Je suis en train de leur demander de payer. Ils ont vendu des minerais et aucun franc n’est rentré au pays. J’ai alors suspendu la société. Aujourd’hui, je leur dis : si vous n’amenez pas cet argent, il n’y aura pas de paix avec vous. » Selon lui, pour ce cas, les données sont claires : 2 000 tonnes de terres rares vendues.

Revenant sur les anciens exploitants miniers, il trouve que ce n’est pas nécessaire de les poursuivre en justice. « La quantité des minerais déjà exploités est très insignifiante. C’est comme retirer juste les poils sur une vache. Au Burundi, les minerais sont abondants. Il ne sert à rien de perdre du temps en cherchant la quantité qu’ils ont volée. »

Il a souligné que même l’ancien Code minier était lacunaire. Pour lui, il est temps de tout réorganiser. « Aujourd’hui, nous avons tracé une ligne rouge. » Mais, a-t-il reconnu, suite au manque de données sur la quantité des minerais dont regorge le pays, la négociation et la signature des contrats miniers ne seront pas faciles. « Nous savons seulement la valeur du Nickel de Musongati qui est de 208 milliards de dollars. »

En attendant, le président Ndayishimiye a signalé que c’est l’Etat qui est en train d’exploiter les minerais. « C’est l’Etat qui exploite. Nous associons des techniciens en la matière et ils sont payés compte tenu de la production réalisée. »

« Faire le choix entre l’argent et la vie des citoyens »

A la question de savoir à quand la réouverture des frontières entre le Rwanda et le Burundi afin de permettre aux agriculteurs de Cibitoke ou de Bubanza d’avoir des marchés agricoles, le président Ndayishimiye a répondu qu’il faut faire un choix entre l’argent et la vie des citoyens.
D’après lui, même les Rwandais lui envoient souvent des messages lui demandant à quand la réouverture. Pour le chef de l’Etat, les conditions restent les mêmes. « Le jour où Kigali va nous livrer les présumés auteurs du coup d’État manqué du 13 mai 2015, les frontières seront rouvertes et ne seront plus fermées. Le Burundi ne peut pas ouvrir ses frontières sans ce préalable parce que ce serait ouvrir la porte aux perturbateurs de 2015 et partant dangereux. »

Mais, entre Rwandais et Burundais, on est des cousins, a rappelé le Chef de l’Etat, donnant l’exemple de plusieurs officiers de l’armée rwandaise qui ont étudié ici au Burundi.
« On n’empêche personne d’entrer au Burundi via la Tanzanie ou par voie aérienne. Il faut que le contrôle soit fait. Les Burundais ne vouent pas une haine viscérale aux Rwandais, il n’y a que ce petit problème de putschistes de 2015 à nous livrer qui cloche. »

D’après lui, en politique, il n’y a pas d’ennemi ou d’ami éternel. « Je garde espoir qu’une solution sera bientôt trouvée et qu’il y aura la paix entre les Burundais, les Rwandais, les Congolais et les Tanzaniens afin que nous puissions nous atteler ensemble au développement de notre région. »

En ce qui est de la paix à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), le Chef de l’Etat burundais a annoncé qu’il était invité comme observateur à Washington (Etats-Unis) pour assister à la signature des accords entre Kigali et Kinshasa, le jeudi 4 décembre.

Une avancée médiatique mais…

Revenant sur le travail des médias, le Chef de l’Etat a déclaré qu’il y a une avancée positive dans le traitement de l’information. « J’aimerais que nous ayons une vision commune sur la vie du pays afin de contribuer efficacement à la réussite de la vision Burundi 2040-2060. Les journalistes doivent être bien informés sur tous les domaines afin de bien informer la population », a-t-il souligné, notant que les médias doivent être considérés comme un pont entre les dirigeants et les dirigés.

Des journalistes présents ont dénoncé la rétention de l’information par certains officiels. La réponse a été claire. « Que les autorités qui retiennent l’information ou ne veulent pas communiquer ou répondre aux questions des journalistes changent de comportement. Il faut que leurs noms me soient communiqués et je sais ce que je vais en faire. »

Les cas des journalistes Sandra Muhoza et Kenny Claude Nduwimana, emprisonnés ont été évoqués. Certains journalistes ont même supplié le Chef de l’Etat de leur accorder une faveur de fêter les fêtes de fin d’année chez eux. La réponse a été qu’il faudrait analyser et voir si leurs dossiers sont en rapport avec l’exercice de leur métier. « Si les raisons de leur emprisonnement sont des infractions qui n’ont rien à voir avec leur profession, il se pourrait qu’ils ne soient pas éligibles à la grâce présidentielle. »

Et de souligner que « les dossiers de ceux qui ont bénéficié d’une grâce présidentielle ont été minutieusement passés à la loupe. Et les critères sont formels. Il faut suivre la loi. »

Dans cette conférence, étaient présents aussi des influenceurs, des comédiens, des cinéastes, etc.

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