Le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage, à travers son Département de la Protection des Végétaux (DPV), en partenariat avec CAB-International (CABI) et avec l’appui de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas au Burundi, a organisé le mercredi 26 novembre 2025, un atelier de présentation de « la liste des organismes nuisibles réglementés », un outil clé pour protéger les récoltes, renforcer la sécurité alimentaire et soutenir les exportations de produits végétaux.
Le Burundi s’apprête à franchir une étape importante pour protéger son agriculture et faciliter ses échanges commerciaux internationaux grâce à la mise à jour de sa liste des organismes nuisibles réglementés.
Dans son mot d’ouverture, le directeur général d’ISABU, Dr Samson Musonerimana, a rappelé le rôle central de l’agriculture dans l’économie nationale. Selon lui, « l’agriculture est l’épine dorsale de notre économie », représentant plus de 80 % des emplois et contribuant à plus de 30 % du PIB. Le secteur constitue également la principale source de recettes d’exportation grâce à des cultures comme le café et le thé.
Dr. Musonerimana a souligné que le gouvernement, sous la direction du Président de la République, Évariste Ndayishimiye, a mis en place plusieurs initiatives pour soutenir le secteur agricole et renforcer la compétitivité des producteurs burundais, notamment l’accès facilité aux intrants agricoles, la subvention des semences et des engrais, la distribution de matériels agricoles modernes et le soutien aux coopératives pour l’accès au financement et à la formation technique.

Il a également alerté sur les menaces croissantes pour l’agriculture, rappelant que « les organismes nuisibles, qu’ils soient exotiques ou endémiques, représentent un danger direct pour nos récoltes ». Ces ravageurs, a-t-il précisé, sont parfois introduits par les échanges commerciaux ou exacerbés par le changement climatique, compromettant la qualité et la quantité des productions agricoles.
Pour y remédier, le directeur général a présenté le Registre des Organismes de Quarantaine (OQ) et des Organismes Réglementés Non de Quarantaine (ORNQ), un outil stratégique qui, selon lui, permettra d’identifier, classifier et prioriser les ravageurs et maladies à risque, tout en améliorant les inspections phytosanitaires aux frontières et dans les champs, et en assurant une gestion efficace et harmonisée des risques phytosanitaires à l’échelle nationale. Il a salué l’expertise de CABI et le soutien financier constant de l’Ambassade des Pays-Bas pour la modernisation du secteur agricole et la sécurité alimentaire.
M.Musonerimana a conclu son intervention par un appel à la vigilance et à l’engagement collectif, insistant sur la nécessité de « maintenir une vigilance accrue lors des inspections phytosanitaires » et de « respecter rigoureusement les exigences pour l’importation et l’exportation des végétaux et produits végétaux ».
Disposer d’une liste actualisée des organismes nuisibles est essentiel
De son côté, Ida Rademaker, Secrétaire à l’Ambassade des Pays-Bas chargée de la sécurité alimentaire, a exprimé sa fierté d’assister au lancement de la liste actualisée des organismes nuisibles des végétaux réglementées au Burundi qui est le résultat exceptionnel et significatif du projet Plantwise Plus Burundi qui vise a contribuer à la sécurité alimentaire en aidant les petits agriculteurs à mieux se prémunir contre les menaces croissantes qui pèsent sur la santé des végétaux. Elle a expliqué que la protection des cultures permet aux agriculteurs d’augmenter leurs revenus tout en limitant la perte de biodiversité et souhaite que la liste reste un outil vivant : évoluant avec les nouvelles menaces, les données du terrain et le travail conjoint des inspecteurs, scientifiques et décideurs qui rendent cette protection possible”.
Pour le Dr Morris Akiri, Directeur régional senior de CAB-International, l’importance de la liste nationale des organismes nuisibles réglementés ne se limite pas à un aspect technique, mais constitue un engagement national en faveur d’une gouvernance phytosanitaire moderne. Selon lui, elle permettra de renforcer la protection des cultures, des frontières et des agriculteurs, tout en consolidant la position du Burundi dans le commerce régional et international.
Les experts dressent l’état des lieux des ravageurs
L’atelier a également permis aux experts de présenter des données concrètes. Le Dr Privat Ndayihanzamaso a rappelé que la précédente liste des organismes nuisibles réglementés remontait à 2006 et ne comprenait que 123 organismes. Depuis, souligne-t-il, 27 de ces organismes ont été signalés dans le pays.

Le chercheur indique que l’outil CABI a recensé 8 541 espèces présentes dans d’autres pays mais absentes au Burundi. « L’équipe a sélectionné 1 924 ravageurs pour une analyse approfondie ». Parmi eux, 477 organismes nuisibles dont la présence est confirmée dans le pays ont été classés en priorité pour la mise en quarantaine, tandis que 17 autres ont été identifiés comme prioritaires pour la réglementation en tant qu’organismes nuisibles non soumis à quarantaine.
De son côté, Le Dr Benoit Gnonlonfin, responsable du programme mondial SPS (Sanitary and Phytosanitary) chez CABI, a insisté sur les conséquences de ces organismes sur l’agriculture burundaise :
Selon lui, les pertes de production atteignent 38 % pour les pommes de terre et 37 % pour le manioc, affectant directement les revenus des petits exploitants agricoles et contribuant à l’insécurité alimentaire qui touche environ 41 % de la population. Il a averti que la présence de ravageurs et de maladies menace également les exportations et la compétitivité des produits agricoles burundais.
Pour la directrice de la Protection des Végétaux, Goreth Itangishaka, leur vision est de garantir une agriculture productive, compétitive et durable grâce à un système phytosanitaire national capable de prévenir, détecter et contrôler efficacement les organismes nuisibles.
Cependant, Mme Itangishaka évoque plusieurs défis, notamment des capacités limitées de diagnostic, un manque de moyens financiers et matériels, des lacunes dans la loi phytosanitaire, la prolifération de maladies et ravageurs exotiques, l’absence de protocoles pour les mesures d’urgence, une digitalisation insuffisante et l’absence d’infrastructures de quarantaine.
Pour y remédier, elle estime qu’il est nécessaire de renforcer les capacités du personnel technique, d’actualiser la loi phytosanitaire et ses textes d’application, de mobiliser davantage de financements pour l’ONPV, d’adopter des systèmes de traitement phytosanitaires moins risqués, de promouvoir la digitalisation des services, de renforcer les connaissances des acteurs sur les réglementations phytosanitaires et d’intensifier la coopération avec l’ensemble des parties prenantes.
Cet atelier s’est achevé par une cérémonie officielle de remise du livret de la liste des organismes nuisibles réglementés a des inspecteurs qui vont renforcer la surveillance phytosanitaire dont notamment aux frontières du pays.







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