A Kibumbu, le lancement de la campagne nationale digitalisée de distribution des MILDA sous l’égide de la Première Dame marque une révolution logistique et un appel solennel à la responsabilité citoyenne face à une épidémie qui ne cesse de s’aggraver.
Mercredi 26novembre 2025, l’air était chargé d’espoir et de solennité dans la petite localité de Kibumbu. Ce n’était pas un événement ordinaire, mais le coup d’envoi officiel de la campagne nationale de distribution massive et systématique de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA).

Sous l’œil attentif des autorités nationales et des partenaires internationaux, et rehaussée par la présence de la Première Dame du Burundi, S.E Angeline Ngayishimiye, cette cérémonie a marqué le début d’une opération logistique d’une ampleur inédite, avec un objectif clair : couvrir l’intégralité des ménages burundais.
Le défi est colossal, les moustiquaires sont le fruit d’un don substantiel de plus de 7,9 millions d’unités, un investissement chiffré à 28450772 dollars américains, entièrement financé par le Fonds Mondial de lutte contre le Sida, le Paludisme et la Tuberculose (FMLMT). Cette initiative est le pilier d’une stratégie de riposte coordonnée par le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA (MSPLS) et mise en œuvre avec l’appui technique et logistique crucial du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
L’ombre du moustique : une menace qui exige des réponses innovantes

La cérémonie de Kibumbu fut l’occasion d’un douloureux rappel des statistiques qui placent le paludisme en tête des préoccupations sanitaires du Burundi. Le pays est confronté à une épidémie dévastatrice qui met en péril les efforts de développement. La Ministre de la Santé Publique, Docteur Lydwine Baradahana,a dressé un tableau sombre de la situation épidémiologique. Le paludisme, qui touche de manière disproportionnée les enfants et les femmes enceintes continue d’engorger les structures de santé et d’épuiser les maigres ressources.
« L’année 2024 a vu plus de 6millions de cas du paludisme signalés à travers le pays. Et, de manière plus alarmante encore, nous enregistrons déjà 3 millions de cas pour le seul premier semestre de 2025, » a déclaré Dr Lydwine Baradahana. Et d’ajouter :
« Ces chiffres, sont bien plus que des statistiques ; ils représentent des vies perdues, des jours d’école manqués et une productivité économique entravée. Ils témoignent d’une menace qui persiste et qui exige des réponses innovantes et des systèmes de gestion robustes. » La distribution des MILDA, bien que vitale, est une réponse. L’innovation, elle, réside dans la manière dont cette distribution sera gérée.
Le Burundi, laboratoire de la transparence en Afrique
L’aspect le plus révolutionnaire de cette campagne 2025 et celui qui a retenu toute l’attention des partenaires, est l’intégration d’un système de digitalisation complet de la chaîne logistique, de l’entrepôt jusqu’au ménage final. Selon la Représentante-Résidente du PNUD au Burundi, Mme Emma Ngouan – Anoh, il s’agit d’une première à cette échelle sur le continent africain. Traditionnellement, les campagnes de cette envergure sont souvent confrontées à des défis majeurs liés à la traçabilité, aux pertes et, dans certains cas, au détournement des produits. Le PNUD, en tant que partenaire technologique et gestionnaire des ressources du Fonds Mondial, a introduit une solution de rupture : transparence de l’usine au lit.

Le système digitalisé offre une transparence sans précédent. Il est conçu pour éliminer les zones d’ombre de la logistique . « Chaque moustiquaire, chaque ballot, chaque mouvement logistique sera tracé, » a expliqué Mme Emma Ngouan-Anoh. L’utilisation de technologies de code-barres ou de QR codes permet d’attribuer une identité unique à chaque article, assurant un suivi en temps réel de son parcours. Comme elle l’indique, l’objectif est de garantir l’équité de la distribution en s’assurant que chaque ménage reçoit ses moustiquaires qui lui sont destinés, loin de toute ingérence manuelle. Dans sa déclaration, la Représentante-Résidente du PNUD a réaffirmé l’engagement de son organisation :
« Le PNUD reste pleinement mobilisé à accompagner le gouvernement de la République du Burundi dans un appui technologique, une expertise innovante, une gestion transparente des ressources et un renforcement des capacités des structures nationales et des systèmes pour un Burundi libéré du paludisme ! » Comme elle l’a fait savoir, cette approche, si elle s’avère efficace, pourrait servir de modèle pour toutes les futures campagnes de santé publique à grande échelle en Afrique, marquant le Burundi comme un pionnier en matière d’intégration technologique au service du bien-être citoyen.
L’appel solennel de la 1ère Dame

Le moment le plus poignant de la cérémonie fut sans doute l’allocution de la Première Dame. En s’adressant directement aux bénéficiaires de la commune de Mwaro, elle a rappelé que l’efficacité d’un tel investissement dépendait finalement de l’action citoyenne.
L’État et ses partenaires ont apporté le bouclier ; il revient désormais aux ménages de l’utiliser correctement. Son message était d’une clarté percutante : « J’appelle les bénéficiaires des moustiquaires imprégnées de les utiliser rigoureusement pour la lutte contre le paludisme !» Elle a ensuite dénoncé avec force les pratiques déviantes, observées par le passé, où les moustiquaires, conçues pour sauver des vies, sont détournées de leur usage sanitaire.
« Détourner ces moustiquaires pour la construction des poulaillers ou l’aménagement de jardins, c’est gaspiller les fonds alloués à cette tâche sacrée et c’est, plus grave encore, contribuer à la montée des cas du paludisme au lieu de la diminuer, » a-t-elle insisté. Cette mise en garde rappelle que l’effort de lutte contre le paludisme est une responsabilité partagée entre le gouvernement, les partenaires techniques et financiers, et la population elle-même. Sans l’adhésion et l’engagement des ménages à dormir sous la moustiquaire toutes les nuits, l’impact des 7,9 millions de MILDA sera largement compromis.









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